Idées reçues
7 obstacles au véganisme moins insurmontables qu'il n'y paraît

Les arguments opposés au régime végan ne manquent pas. Sauf qu'à bien y regarder, les plus couramment avancés ne sont pas très convaincants. Nous les avons passés à la casserole (avec de l'huile végétale).
Publié: 19.02.2023 à 16:39 heures
Elodie Maître-Arnaud

En Suisse, 5% des plus de 14 ans se disent végétariens et 0,6% consommeraient exclusivement des produits d’origine végétale. Même si ces chiffres – en hausse – demeurent discrets, la question de continuer (ou pas) à manger de la viande s’invite régulièrement dans nos discussions… plus ou moins animées. Il faut dire que les a priori sont nombreux dans le clan des viandards. Et les interventions musclées de quelques extrémistes de la cause animale n’arrangent pas les choses. Hors de question ici de convaincre qui que soit de renoncer à la côte de bœuf (l’autrice de ce papier l’aime bleue): on a juste voulu passer en revue sept allégations régulièrement avancées pour ne même pas se donner la peine d’y penser.

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«Le véganisme, c’est un truc de militants»

«Tous les végans ne cherchent pas forcément à convaincre les autres de faire comme eux!» répond Amandine Chatellard. Elle est la porte-parole de Swissveg, une association à vocation informative représentant les intérêts des personnes végétariennes et véganes en Suisse depuis 1993. Elle explique que la plupart de ces personnes cherchent surtout à intégrer dans leur quotidien un mode de vie aligné avec leurs valeurs et leurs convictions, à savoir moins d’exploitation animale et un impact écologique moindre que celui de l’alimentation carnée. «Certains militent en effet, mais on peut tout à fait décider de devenir végétarien ou végane uniquement pour soi, pour ne pas cautionner une pratique à laquelle on n’adhère pas ou plus.»

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es…
  • Tu manges de tout (ou presque)? Tu es omnivore.
  • Tu manges surtout des plats à base de produits végétaux, parfois aussi de la viande ou du poisson? Tu es fléxitarien.
  • Tu ne manges ni viande ni poisson mais tu consommes des œufs et des laitages? Tu es végétarien.
  • Tu as exclu la viande, le poisson, mais aussi les œufs, les produits laitiers et même le miel de ton alimentation? Tu es végan.
  • Tu manges de tout (ou presque)? Tu es omnivore.
  • Tu manges surtout des plats à base de produits végétaux, parfois aussi de la viande ou du poisson? Tu es fléxitarien.
  • Tu ne manges ni viande ni poisson mais tu consommes des œufs et des laitages? Tu es végétarien.
  • Tu as exclu la viande, le poisson, mais aussi les œufs, les produits laitiers et même le miel de ton alimentation? Tu es végan.
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«J’aime trop la viande pour y renoncer»

«Il existe aujourd’hui une ribambelle d’alternatives végétales à la viande ou au poisson, qui permettent de retrouver le goût et la texture des produits carnés», rétorque-t-elle. Même si elle admet qu’il ne s’agit pas de copies conformes: «si l’on est vraiment un viandard, on ne retrouvera évidemment pas le même plaisir».

Décisions, décisions…
Photo: Shutterstock

Elle explique toutefois que ces succédanés végétaux peuvent aider à faire la transition. «Le palais s’habitue peu à peu à d’autres saveurs, et le goût de la viande finit par ne plus manquer.» Et de souligner que les personnes qui décident de devenir végétariennes ou véganes le font de toutes façons pour des raisons qui dépassent le simple plaisir gustatif: «En arrière-plan, ce sont de fortes convictions éthiques et écologiques qui conduisent à renoncer à la viande.»

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«La nourriture végane est ultra-transformée»

«L’industrie s’est en effet engouffrée dans ce créneau et fabrique toutes sortes de produits pour répliquer la plupart des aliments à base de produits animaux que nous avons l’habitude de consommer», admet Amandine Chatellard. La raison est, selon elle, essentiellement culturelle: «On est content de pouvoir continuer de manger une fondue (végétale) ou de se faire griller un (faux) cervelas, car on n’a pas forcément envie de se passer de tous ces plaisirs en devenant végane!»

Elle recommande cependant de consommer ces ersatz avec modération: «Ils ne doivent pas constituer la base de l’alimentation végane. Cette alimentation est au contraire basée sur des produits sains non transformés: céréales, légumineuses, noix, légumes et fruits.»

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«Les plats végétaux, c’est long à cuisiner»

Pour la porte-parole de Swissveg, la cuisine végane n’est pas forcément plus chronophage que la cuisine traditionnelle. Ce sont surtout de nouvelles habitudes à prendre. «On doit apprendre à composer son assiette différemment pour avoir un apport nutritionnel équilibré.»

Si elle admet que l’on risque effectivement de passer un petit peu plus de temps en cuisine pendant la période d’adaptation, elle rappelle qu’il existe aujourd’hui des tas de ressources en ligne pour trouver l’inspiration. «Comme dans la cuisine traditionnelle, rien n’empêche non plus d’utiliser parfois un aliment tout prêt pour gagner du temps», glisse-t-elle.

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«Je crains d’avoir des carences»

S’il est assez facile de passer à une alimentation végétarienne, Amandine Chatellard reconnait qu’il est en revanche plus compliqué de supprimer tous les produits d’origine animale pour adopter un mode de vie végane. «Il est important dans ce cas de bien s’informer sur les questions de nutrition afin de conserver un bon équilibre alimentaire et éviter d’éventuelles carences.»

En ce sens, Swissveg et la Société suisse de nutrition ont mis au point plusieurs recettes véganes optimales sur le plan nutritionnel. Inutile donc de prendre des compléments alimentaires? «Il y a une seule exception, c’est la vitamine B12 que l’on ne trouve que dans la viande, le lait et les œufs. Les personnes véganes doivent donc impérativement prendre des suppléments pour y remédier.» Cette vitamine est en effet indispensable au bon fonctionnement de l’organisme.

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«Je fais beaucoup de sport, il me faut des prot’»

«De nombreux exploits sportifs ont été réalisés par des athlètes véganes ou végétariens, à commencer par Nora Jäggi, l’ancienne championne suisse d’haltérophilie!» rétorque-t-elle, affirmant qu’il faut en finir avec l’image du végane chétif et maigrichon. «Les protéines végétales peuvent apporter ce qu’il faut pour développer sa musculature», ajoute-t-elle. Elle rappelle aussi qu’une bonne récupération entre les entrainements est fondamentale chez les sportifs: «Pour cela, il faut fournir au corps l’énergie, les vitamines, les antioxydants et les sels minéraux dont il a besoin. Or on trouve tout cela dans les aliments non transformés d’origine végétale, et ils sont bien plus digestes.»

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«Être végane, ce n’est vraiment pas convivial»

Amandine Chatellard regrette en effet que l’offre de restauration soit encore assez limitée pour les personnes véganes, d’autant plus lorsque l’on s’éloigne des villes. Même si le menu proposé semble a priori peu vegan friendly, elle suggère toutefois de demander s’il y a moyen d’adapter certains plats. «On peut aussi se tourner vers des restaurants indiens ou asiatiques; ce sont des cuisines qui se basent depuis toujours sur les produits végétaux.» Et si l’on est invité chez quelqu’un? «Il est possible de mettre le sujet sur la table sans vexer son hôte ni en faire un débat politique.»

Mais parce que ça n’est pas toujours simple, elle ajoute que certaines personnes sont véganes à la maison et végétariennes lorsqu’elles sortent. «On préférerait qu’il y ait 100 véganes imparfaits plutôt que 10 véganes purs et durs et 90 personnes qui continuent à consommer autant de viande qu’auparavant», conclut-elle.


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