Madame Frigo vise le partage

Des réfrigérateurs publics réduisent le gaspillage alimentaire

C’est clairement un sujet de préoccupation : le gaspillage alimentaire a atteint des proportions telles que les Nations Unies ont jugé nécessaire de lui consacrer une journée d’action. Partout dans le monde, le 29 septembre a été déclaré Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture. Une initiative en faveur de l’environnement.

En Suisse aussi, le gaspillage alimentaire est un sujet important que nous avons volontiers tendance à occulter. Chaque année, 2,8 millions de tonnes de denrées alimentaires sont gaspillées dans notre pays. C’est comme si chaque individu jetait 330 kg à la poubelle et chaque foyer 600 francs par les fenêtres.

L’association à but non lucratif Madame Frigo lutte dans toute la Suisse contre ces abus grâce à des réfrigérateurs publics qui deviennent des plateformes d’échange: on apporte des aliments frais dont on ne trouve plus l’usage et on les dépose pour les personnes intéressées. Les réfrigérateurs sont tous mis à disposition gratuitement par Electrolux.

Marilen Zosso, directrice de Madame Frigo, et Birthe Hillert, responsable de la durabilité chez Electrolux Suisse, nous parlent du travail efficace de l’organisation, de leur collaboration durable et des objectifs et solutions envisagés pour l’avenir.

En toute honnêteté: quand avez-vous jeté de la nourriture pour la dernière fois et pourquoi?

Birthe Hillert: J’ai deux enfants en bas âge et j’ai constaté que nous jetions clairement plus qu’avant. J’essaie de réutiliser les restes et je finis régulièrement l’assiette des petits, mais quand tous les aliments sont déjà passés par leur bouche ou entre leurs mains, je suis bien obligée de jeter de temps en temps.

Marilen Zosso: Il n’y a pas si longtemps, après un anniversaire. Nous avions servi de la salade verte en accompagnement et n’avons pas réussi à la finir. Et comme la sauce était déjà dessus, nous n’avons pas pu la conserver pour la manger plus tard.

Pourquoi jetons-nous en définitive autant de nourriture?

Birthe Hillert: Une mauvaise planification est l’une des causes essentielles du gaspillage alimentaire. On achète trop, on décide au dernier moment d’aller manger au restaurant, et il arrive aussi que l’on oublie certains produits dans le réfrigérateur. Un pot de pesto ouvert par exemple, qui se cache dans un coin tout au fond du frigo et finit par moisir. Une bonne organisation et un peu d’anticipation permettent d’éviter de gaspiller de la nourriture. Les conditions de conservation des aliments jouent aussi un rôle préopondérant: si elles sont bonnes, les produits se gardent nettement plus longtemps.

Marilen Zosso: Chez Madame Frigo, on se concentre sur les ménages privés. En Suisse, ils sont à l’origine de 28% du gaspillage alimentaire et la date limite de consommation en est en partie responsable. De nombreuses personnes jettent des produits simplement parce que leur date limite de consommation est dépassée. Pourtant, la mention «À consommer de préférence avant...» signifie simplement que la qualité optimale de l’aliment n’est garantie que jusqu’à cette date. On peut souvent le consommer bien au-delà de cette limite. Il faut juste faire confiance à nos papilles.

Pourquoi le gaspillage alimentaire est-il si grave?

Marilen Zosso: Jeter de la nourriture, c’est grave parce que les denrées alimentaires concentrent énormément de ressources naturelles, à commencer par l’eau et la terre nécessaires à leur production. Mais aussi l’énergie destinée à leur réfrigération et à leur transport. Nous autres consommateurs arrivons tout au bout de la chaîne alimentaire, dont l’impact environnemental en Suisse (38%) est démesurément élevé.

Birthe Hillert: Nous avons l’habitude que tout soit disponible tout le temps. Alors on a vite fait de se dire que jeter un yogourt ou une banane un peu noire, ce n’est pas si grave. Mais ce qui peut ne paraître qu’une broutille à l’échelle individuelle devient un véritable fléau à l’échelle de tout un pays. C’est pourquoi nous nous engageons en faveur d’une solution pertinente.

Le «foodsharing» est un bon moyen de réduire le gaspillage alimentaire. Comment la coopération entre Madame Frigo et Electrolux est-elle née?

Marilen Zosso: Ce sont quatre étudiantes de Berne qui ont eu l’idée, en 2014, des réfrigérateurs publics. Electrolux en a mis un à disposition pour l’un des premiers emplacements inaugurés. À l’époque, le projet fonctionnait encore exclusivement sur la base du bénévolat. Puis en 2018, Madame Frigo a obtenu le soutien du Fonds pionnier Migros, ce qui lui a permis de professionnaliser l’association et d’entreprendre le développement national du réseau de réfrigérateurs. Depuis trois ans, nous pouvons compter sur Electrolux comme partenaire à long terme. C’est une vraie aubaine pour nous car les réfrigérateurs sont la pièce maîtresse de notre travail.

Birthe Hillert: Chez Electrolux, l’idée de Madame Frigo a immédiatement remporté un grand succès car elle s’inscrit parfaitement dans notre philosophie «Shape living for the better». Nous souhaitons «façonner une vie meilleure» en développant des solutions qui facilitent le quotidien et contribuent au bien-être de la communauté. Avec nos technologies, nous participons activement à la réduction du gaspillage alimentaire. La coopération avec Madame Frigo nous permet par ailleurs d’élargir notre champ d’action et d’offrir aux consommateurs une valeur ajoutée supplémentaire.

Dans quelle mesure les nouveautés techniques aident-elles à réduire le gaspillage alimentaire?

Birthe Hillert: Les technologies innovantes des réfrigérateurs modernes garantissent des températures stables et une réfrigération constante, ce qui réduit le gaspillage alimentaire. Pour conserver les produits frais, nous avons conçu des tiroirs spécifiques qui créent un environnement hermétique avec un climat stable. Le taux d’humidité peut également être réglé individuellement en fonction des aliments. Les produits peuvent ainsi se conserver jusqu’à trois fois plus longtemps, ce qui diminue considérablement le gaspillage alimentaire.

Quelles difficultés a-t-il fallu surmonter pour concrétiser le projet?

Marilen Zosso: Une idée aussi révolutionnaire que celle de Madame Frigo s’accompagne immanquablement de nombreux défis. Comme le travail repose en grande partie sur un engagement bénévole, nous n’étions pas sûrs de pouvoir assurer le professionnalisme requis, ni de pouvoir répondre à certaines normes. Mais les choses ont très bien tourné heureusement. Chaque réfrigérateur est pris en charge par trois à cinq opérateurs bénévoles. Le concept fonctionne si bien que nous recevons en permanence des demandes pour de nouveaux emplacements. Le financement reste cependant l’enjeu le plus délicat. Les aliments sont tous gratuits. C’est le principe de l’initiative et il est hors de question que cela change. Mais nous avons nous aussi des frais à couvrir.

Birthe Hillert: La durabilité fait depuis toujours partie intégrante de la stratégie d’entreprise d’Electrolux. Et nous ne nous contentons pas d’en parler: nous recherchons des moyens concrets d’agir durablement. La coopération avec Madame Frigo nous a convaincus dès le départ car les réfrigérateurs en accès libre sont réellement d’utilité publique. Nous n’avons donc rencontré aucune difficulté à réaliser ce projet.

La barre des 100 réfrigérateurs en service a été franchie cette année. On en compte actuellement 106 dans toute la Suisse. Combien de nourriture a ainsi pu être sauvée?

Marilen Zosso: L’année dernière, nous estimons avoir évité le gaspillage de 150 tonnes. Ce qui correspond à peu près à 1,6 tonnes par réfrigérateur, un chiffre très élevé pour nous. La marge de progression est cependant encore très grande. Le gaspillage alimentaire représente 2,8 millions de tonnes par an en Suisse, et 1,3 milliard dans le monde.

Qu’est-ce qui doit changer en Suisse en ce qui concerne le gaspillage alimentaire?

Birthe Hillert: Pour que les choses s’améliorent significativement, nous devons réfléchir à notre comportement de consommation et nous poser des questions importantes: comment est-ce que je veux me nourrir? Qu’est-ce que j’achète? Comment planifier mes courses? Mis bout à bout, de petits changements de comportement isolés pourront avoir un impact très positif. Et tout cela sans avoir à renoncer à rien. Au contraire, on pourrait même faire des économies, à raison de 600 francs en moyenne par an et par foyer. Car jeter de la nourriture, c’est aussi jeter de l’argent.

Marilen Zosso: On a trop souvent tendance à sous-estimer la valeur des aliments. Nous disposons en Suisse d’une offre gigantesque. Tout est disponible en permanence. Nous n’avons souvent pas conscience du travail qui se cache derrière certains produits. Dans l’absolu, il faut savoir que près d’un tiers des surfaces cultivables servent à produire de la nourriture qui au final n’atterrira jamais dans nos assiettes. La sensibilisation à cette problématique est donc fondamentale. Et des moyens d’action pratiques et simples comme Madame Frigo sont indispensables.

Comment conserver ses aliments plus longtemps

Des conditions adéquates de réfrigération et de conservation sont un facteur décisif pour réduire le gaspillage alimentaire. Plus précisément, trois éléments clés font toute la différence: des températures stables, un taux d’humidité idéal et un environnement adapté.

Les réfrigérateurs innovants d’Electrolux réunissent toutes ces propriétés et permettent de préserver la fraîcheur des aliments jusqu’à trois fois plus longtemps.

Des conditions adéquates de réfrigération et de conservation sont un facteur décisif pour réduire le gaspillage alimentaire. Plus précisément, trois éléments clés font toute la différence: des températures stables, un taux d’humidité idéal et un environnement adapté.

Les réfrigérateurs innovants d’Electrolux réunissent toutes ces propriétés et permettent de préserver la fraîcheur des aliments jusqu’à trois fois plus longtemps.

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Quels sont les perspectives à venir?

Marilen Zosso: Nous prévoyons d’étendre encore le réseau de réfrigérateurs afin de donner à toujours plus de gens la possibilité de réduire leur gaspillage alimentaire personnel. Mais nous souhaitons aussi nous engager davantage dans le domaine de la sensibilisation, en fournissant plus d’informations sur notre site web et en organisant des événements.

Birthe Hillert: L’enjeu pour Electrolux est de développer en permanence des technologies qui permettent de vivre sainement et agréablement, tout en respectant l’environnement. La sensibilisation est également au centre de nos préoccupations. Nous souhaitons promouvoir le changement en incitant les gens à remettre en question les vieilles habitudes et à explorer de nouvelles voies. Et bien entendu, nous comptons poursuivre notre coopération avec Madame Frigo car elle nous tient vraiment à cœur.