Combien nos footballeuses gagnent-elles?
La grande enquête sur l’Axa Women’s Super League

Le football, un sport professionnel? Pas encore pour les femmes suisses. Blick a notamment demandé aux joueuses de l’Axa Women’s Super League: combien gagnez-vous? Les chiffres sont (encore) bas. Mais les perspectives sont favorables.
Publié: 09.09.2022 à 00:01 heures
|
Dernière mise à jour: 08.09.2022 à 11:41 heures
Article rémunéré, présenté par Axa
Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Les joueuses de GC.
Photo: justpictures.ch


Dix équipes jouent dans l’Axa Women’s Super League. Cela signifie qu’un peu plus de 200 femmes y vivent le rêve de nombreuses personnes des deux sexes. Elles jouent dans la plus haute ligue suisse du sport le plus populaire au monde. Mais vivent-elles vraiment un rêve? Combien gagnent-elles de leur métier? Est-ce un métier ou plutôt un hobby, puisqu’elles doivent travailler à côté?

C’est ce que Blick a souhaité découvrir. Nous avons envoyé des questionnaires à toutes les joueuses via leurs clubs. Elles nous ont donné un aperçu de ce qu’est réellement la vie d’une footballeuse en Suisse. Les réponses ont été anonymisées. Nous ne savons donc pas, par exemple, dans quel club joue la personne qui gagne le plus d’argent ni son nom. Mais nous avons ainsi une vue d’ensemble de l’Axa Women’s Super League.

Un grand nombre d’entre elles ne gagnent rien

67 joueuses ont répondu à la question la plus intéressante: «Quels sont vos revenus bruts avec le football?» Le montant le plus souvent indiqué: rien. 38 joueuses – soit 58% des personnes ayant répondu – jouent au niveau amateur. Ce chiffre doit être pris avec précaution car toutes les joueuses n’ont pas souhaité répondre à la question. On peut donc supposer que ce sont plutôt les joueuses les moins bien payées qui ont accepté de dévoiler leur salaire. Quoi qu’il en soit, il ressort clairement qu’un grand nombre d’entre elles ne gagnent pas un franc.

Le salaire le plus courant est de 500 francs, montant indiqué à neuf reprises. Le plus gros salaire mentionné s’élevait à 3 500 francs. Un chiffre qui paraît élevé en comparaison avec les joueuses amateures en football féminin. Mais comparé à un emploi dans le secteur privé, il reste toujours assez faible. Le revenu moyen s’élève à 375 francs.

Le graphique le montre: une large majorité des joueuses gagnent peu (moins de 700 francs) ou rien.

Les chiffres sont plausibles. Sont-ils donc uniquement mauvais? L’été dernier, Lia Wälti, capitaine de la Nati et joueuse dans l’équipe londonienne Arsenal, déclarait aux journaux de CH Media au sujet de ses revenus: «Je gagnerais davantage avec un bon job commercial.» Conclusion: elle gagne autant qu’avec un emploi commercial moyennement rémunéré. Donc, elle peut vivre du football. Il devrait en être de même pour Ana Maria Crnogorcevic à Barcelone et Ramona Bachmann à Paris. La footballeuse la mieux payée en Europe serait d’ailleurs l’Australienne Sam Kerr, qui évolue à Chelsea: elle gagnerait 500 000 euros par an, ce qui correspond à un salaire mensuel avoisinant 40 000 euros. Définitivement un bon salaire!

Un rêve pour les joueuses d’hier

Dans les années 1980 et 1990, Sonja Stettler Spinner était considérée comme la meilleure footballeuse suisse. Elle est aujourd’hui encore la septième meilleure buteuse de l’équipe nationale, bien qu’à l’époque, les matchs internationaux aient été moins nombreux. Elle a joué dans les équipes du SC Veltheim, des Blue Stars de Zurich, au FC Schwerzenbach et au SV Seebach (et une saison en Allemagne). Elle est même devenue championne de Suisse avec Seebach – avant que de grands noms tels que le FC Zurich, le FC Bâle, YB ou Servette s’engagent dans le football féminin. Pouvoir vivre du football? Irréaliste à l’époque de Sonja Stettler Spinner. Ce rêve est déjà devenu réalité pour quelques Suissesses grâce aux évolutions de ces vingt dernières années.

Si Sonja Stettler est l’attaquante du passé, Svenja Fölmli est celle du futur. Elle a fêté son 20e anniversaire il y a quelques semaines et quitté l’Axa Women’s Super League à l’été de l’année dernière. Juste après avoir permis au FC Luzern de remporter la coupe. Elle joue depuis lors au SC Freiburg dans la Bundesliga. Quand on voit à quelle vitesse le football féminin gagne en visibilité auprès des spectateurs, des téléspectateurs et des sponsors, combien gagnera-t-elle dans sept ou huit ans, au sommet de sa carrière? Des exemples tels que le sien le montrent: il est aujourd’hui tout à fait possible d’évoluer dans l’Axa Women’s Super League et de vivre du sport demain ou après-demain.

Avec son salaire comparable à celui d’un job commercial, une Lia Wälti ne sera pas à l’abri du besoin une fois sa carrière finie – contrairement aux meilleurs hommes. Nous avons donc demandé aux footballeuses quel salaire elles gagneraient si elles étaient des hommes en Super League. La moyenne ici: 8 660 francs, soit 23 fois plus. Il faut bien sûr tenir compte du fait que le football masculin génère davantage d’argent par le biais des spectateurs, des sponsors et de l’argent de la télévision. Ce chiffre est donc une estimation et non une valeur indicative.

Deux tiers d’entre elles doivent travailler

La plupart des joueuses doivent travailler à côté du sport. C’est le cas pour 67% d’entre elles et donc exactement deux tiers des joueuses. Les exceptions devraient surtout concerner les jeunes joueuses encore en apprentissage ou étudiantes et vivant chez leurs parents.

Un tiers (22% au total) de ces joueuses qui travaillent indiquent un taux d’occupation de 100%, ce qui signifie qu’elles pratiquent un sport de haut niveau comme nous un sport de loisir. Un hobby complet en plus d’une journée de travail à temps plein. La moitié des joueuses actives (33% au total) travaillent entre 60 et 90%.

Trois joueuses ont indiqué être salariées de leur club de football. Près de la moitié des joueuses étudient ou suivent un apprentissage. Le commerce ou des filières liées au sport (les sciences du sport, par exemple) sont souvent cités, de même que les formations en physiothérapie. Les études en travail social sont également appréciées des footballeuses suisses.

Lia Wälti, un modèle à suivre

Lorsqu’il s’agit de questions d’égalité, on entend souvent dire que les femmes ont besoin de femmes comme modèles. C’est pourquoi nous avons demandé aux joueuses de nous parler de leurs idoles. Ce que nous souhaitions avant tout découvrir: allaient-elles citer plutôt ses stars masculines, bien plus connues du grand public? Ou des femmes?

Le résultat est presque ex aequo. Les femmes sont citées dans 51% des cas, contre 49% pour les hommes, sachant que de nombreuses joueuses n’ont pas donné de nom ou indiqué ne pas avoir de modèles. Le résultat est étonnant et montre que l’attention des médias est aujourd’hui si importante que les femmes sont devenues des modèles de football pour les femmes.

Les réponses étaient très variées. Tous sexes confondus, le numéro 1 est la capitaine de l’équipe nationale féminine de Suisse: Lia Wälti a été citée quatre fois comme modèle.

Que souhaiteraient-elles changer?

Pour finir, nous avons demandé aux joueuses de formuler en trois phrases maximum ce qu’il serait impératif de changer dans le football féminin en Suisse. Les réponses se ressemblent. Un grand nombre d’entre elles souhaiteraient des structures professionnelles. Elles aimeraient avoir plus de sponsors, plus d’argent, plus d’attention de la part des médias – et un meilleur salaire, notamment pour avoir moins besoin de travailler et pouvoir s’entraîner plus. En d’autres termes, le niveau augmente et avec lui, l’intérêt pour le sport. Autre point mis en avant: une meilleure répartition des ressources au sein des clubs. La plupart des équipes féminines de l’Axa Women’s Super League ont également une équipe dans la plus haute ligue masculine et plusieurs équipes dans les championnats juniors.

Un message pertinent ressort: «Pour diminuer la charge multiple, un salaire minimum est nécessaire. Il faut aux postes de direction davantage de personnes qui sortent des sentiers battus, fassent preuve d’innovation et connaissent les besoins des joueuses.»

Une autre joueuse critique principalement la hiérarchie au sein du club: «Définir des priorités telles que l’attribution des terrains ou des vestiaires par niveau. Autrement dit, les équipes de l’Axa Women’s Super League devraient bénéficier de meilleures conditions que les équipes juniors et que celles des ligues inférieures, indépendamment de leur sexe.»

Une première: plus de 10% des licenciés sont des femmes

Le chemin est encore long pour le football féminin, il reste encore beaucoup à faire. De nombreuses joueuses d’aujourd’hui peuvent trouver les conditions insuffisantes. Elles savent pourtant qu’elles se sont sensiblement améliorées. L’Axa Women’s Super League propose une structure de ligue moderne depuis 2020. Au cours des dernières décennies, l’arrivée de nombreux grands clubs (masculins) dans le football féminin a ouvert de nouvelles opportunités en termes d’infrastructures. Il en va de même pour les sponsors: de plus en plus de grandes entreprises s’affichent sur les maillots et autour du terrain. Le football féminin est régulièrement diffusé à la télévision. La décision prise lors du championnat avec playoffs et tirs au but entre le FCZ et le Servette Chênois a certes été contestée et a fait l’objet de discussions animées. Mais elle illustre précisément une évolution: on parle de plus en plus de football féminin.

L’Association Suisse de Football fournit des chiffres plutôt réjouissants sur la situation du football féminin. À l’heure actuelle, 10,7% des licenciés sont des femmes. Ce nombre d’environ 32 000 footballeuses actives dans tout le pays correspond à la population d’une ville comme Neuchâtel ou Zoug, par exemple. Avant la fin de l’année, ce chiffre s’élevait encore à 9,2% et il a franchi pour la première fois la barre des 10%. À titre de comparaison, c’est en 1987/1988 qu’il a dépassé 1%, il y a «seulement» 35 ans.

Le football féminin ayant une meilleure visibilité, il touche de plus en plus le sport de masse ainsi que les juniors et donc les talents qui, espérons-le, pourront un jour vivre du sport. Les mesures prises aujourd’hui dans le football féminin constituent donc avant tout un investissement dans l’avenir.

Présenté par un partenaire

Cet article a été rédigé pour le compte d’un client. Les contenus sont de style journalistique et répondent aux critères de qualité de Ringier.

Cet article a été rédigé pour le compte d’un client. Les contenus sont de style journalistique et répondent aux critères de qualité de Ringier.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la