Des escrocs l'aident à rentrer du Mexique
«Je suis revenue en Suisse avec un faux certificat Covid»

Sandra est en vacances au Mexique. Le test PCR dont elle a besoin pour le vol de retour se révèle positif, mais un inconnu lui propose un faux certificat. Elle saute sur l'occasion. Plusieurs de ses compagnons de voyage ont ensuite été mis en quarantaine à cause d'elle.
Publié: 10.01.2022 à 14:38 heures
Tobias Ochsenbein

Espérant échapper à la grisaille de l’hiver, Sandra K.* est partie en vacances au Mexique avec son compagnon en fin d’année. Pour rentrer en Suisse, elle doit effectuer un test PCR. Les deux vacanciers souhaitent le faire dans un hôpital, car c’est là que le test était le moins cher. La jeune Suissesse raconte: «A l’hôpital, ils nous ont informés qu’il faudrait attendre 72 heures avant d’obtenir le résultat». Cela pose problème. De plus, le certificat ne sera pas valable pour toute la durée du vol puisqu'ils devront effectuer un changement au Portugal. «Quand j’ai appris cela, j’étais plutôt en colère!», s'insurge Sandra K.

C'est alors qu'un collaborateur de la sécurité de l’hôpital leur propose un certificat valable, sans avoir à faire le test. Sandra K. et son ami refusent...mais gardent tout de même le contact de l'intermédiaire au besoin.

Ils se feront finalement tester ailleurs. Et là, c'est la douche froide: le test de Sandra est positif. «J’ai eu une crise de larmes. Je ne pouvais pas prolonger encore mes vacances de dix jours et je voulais simplement rentrer en Suisse, se désole-t-elle. Je ne savais pas s'ils se fichaient de moi ou si j'étais réellement positive. Car je n’avais presque pas de symptômes». Elle sait en effet qu’au Mexique, des tests positifs sont parfois utilisés pour arnaquer les touristes, qui se voient dans l'obligation de prolonger leur séjour de dix jours, en quarantaine dans un hôtel. Elle finit par utiliser le numéro que l’agent de sécurité lui avait donné devant l’hôpital. Pour commander un faux certificat.

Grâce à ce faux certificat Covid, Sandra K. a pu rentrer en Suisse.
Photo: Philippe Rossier
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«Nerveuse à cause du faux certificat»

«Je ne savais absolument rien de ces gens. J'ai dû leur verser l’argent sur une carte bancaire anonyme», raconte Sandra K. Coût du faux certificat: 1200 pesos mexicains, soit environ 55 francs. «J'ai reçu le certificat sur mon smartphone. Cela n’a pas pris plus de cinq minutes», raconte-t-elle.

«Avant le départ, j'étais très nerveuse », poursuit-elle. Elle doute. Sa supercherie va-t-elle être découverte? «A l’aéroport de Mexico, je suis passée sans problème. Il en a été de même lors de l’escale au Portugal. A l’arrivée en Suisse, je n’ai même pas été contrôlée». En Suisse, Sandra se fait tester une nouvelle fois. Mais le résultat s'avère à nouveau positif: «Je me suis immédiatement mis en quarantaine», assure-t-elle.

Prendre l’avion avec (très) mauvaise conscience

Rétrospectivement, elle regrette. «J’ai pris l’avion avec très mauvaise conscience. Je n’ai presque jamais retiré mon masque pendant le vol...sauf pour manger et boire. Je ne suis jamais allée aux toilettes, je me suis régulièrement désinfecté les mains et j’ai changé de masque toutes les quatre heures».

Ces mesures de sécurité n’ont pas suffi. Plusieurs personnes présente dans le même vol du Portugal vers la Suisse ont ensuite dû être mises en quarantaine à cause de Sandra K.

Interrogé par Blick au sujet des certificats falsifiés, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) indique: «Ni la compagnie aérienne, ni le Corps des gardes-frontière ne sont en mesure de déterminer si un certificat est falsifié ou non, explique son porte-parole. Nous n’avons pas connaissance de cas concrets. Si un tel cas était connu, il serait immédiatement signalé aux autorités cantonales de poursuite pénale compétentes», assure-t-il. Il existe en outre la possibilité de «bloquer les certificats étrangers» pour leur utilisation en Suisse.

Le contrôle d’authenticité n’incombe pas à la compagnie aérienne

Chez Swiss, on hausse les épaules lorsque l'on évoque les certificats falsifiés. «Il n’est pas de la responsabilité de la compagnie aérienne ou de nos partenaires au sol de vérifier l’authenticité des documents d’entrée. C’est l’affaire des autorités», fustige un porte-parole auprès de Blick. De manière générale et indépendamment de la pandémie, Swiss n’est pas autorisé à transporter des personnes qui ne remplissent pas les conditions d’entrée dans le pays concerné.

Même son de cloche du côté de la compagnie aérienne Helvetic: «Le contrôle des certificats est effectué par les «Ground Handling Agents» des aéroports de départ respectifs. Ceux-ci prennent les contrôles très au sérieux et Helvetic Airways vérifie régulièrement les processus dans les aéroports. Nous n’avons pas connaissance d’un cas où un passager se serait présenté à bord d’un avion Helvetic avec un certificat falsifié».

Seul Edelweiss affirme qu’il est déjà arrivé que des passagers tentent de voyager avec de faux certificats: «Oui, il est déjà arrivé que nous refusions des passagers parce que le résultat du test ou le certificat de vaccination semblait manipulé ou falsifié. Dans un tel cas, l’embarquement est refusé». La compagnie aérienne refuse toutefois de fournir des chiffres à ce sujet.

*Nom d'emprunt.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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