Etienne, inéligible au vaccin
«Je devrais me tester toutes les 24 heures pour vivre normalement»

Alors qu'il est dans l'impossibilité de se faire vacciner, Etienne* doit faire des tests antigéniques rapides réguliers pour avoir un pass valide de 24 heures. Il pourrait effectuer des tests PCR et recevoir un pass de 72 heures, mais la mission s'avère compliquée.
Publié: 25.01.2022 à 17:13 heures
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Dernière mise à jour: 29.01.2022 à 11:41 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Etienne* est un jeune homme comme les autres. Ou presque. À 17 ans, il aime sortir, boire des verres avec ses potes, aller au cinéma et se rendre à la bibliothèque pour réviser. Oui, sauf que contrairement à beaucoup d’ados de son âge, Etienne n’est pas libre d’aller où il veut, quand il veut. «J’ai une maladie, ainsi que des allergies, qui m’empêchent de bénéficier du vaccin contre le Covid-19», confie-t-il à Blick. Résultat: il doit se faire tester très régulièrement pour obtenir un certificat Covid et vaquer à ses occupations.

Combien de Suisses concernés?

Contactée par Blick, la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) note qu'il n'y a que très peu de personnes réellement allergiques aux vaccins contre le Covid-19. S'il est possible qu’une personne soit allergique à la fois aux vaccins ARNm et au vaccin Janssen, dans les faits le Canton de Vaud n’a encore jamais été confronté à un tel cas.

Il existe au CHUV la possibilité de confirmer ses allergies aux vaccins: à ce jour, 2000 personnes déclarées allergiques se sont présentées et seules 7 n’ont finalement pas pu être vaccinées en primovaccination. Au total, dans le canton de Vaud, on estime qu’il y a entre 10 et 20 personnes qui ne pourraient pas être vaccinées.

Contactée par Blick, la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) note qu'il n'y a que très peu de personnes réellement allergiques aux vaccins contre le Covid-19. S'il est possible qu’une personne soit allergique à la fois aux vaccins ARNm et au vaccin Janssen, dans les faits le Canton de Vaud n’a encore jamais été confronté à un tel cas.

Il existe au CHUV la possibilité de confirmer ses allergies aux vaccins: à ce jour, 2000 personnes déclarées allergiques se sont présentées et seules 7 n’ont finalement pas pu être vaccinées en primovaccination. Au total, dans le canton de Vaud, on estime qu’il y a entre 10 et 20 personnes qui ne pourraient pas être vaccinées.

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Validité écourtée

Jusqu’à la fin de l’année dernière, Etienne faisait des tests antigéniques rapides au centre médical de Vidy, à Lausanne. Une fois le résultat négatif obtenu, il pouvait bénéficier d’un certificat Covid valide 48 heures. «Cela me demandait d’être organisé, entre mes cours au gymnase et mon temps libre. Mais c’était faisable et je pouvais ensuite sortir dans des lieux qui exigent le pass».

Déjà compliquée, la gymnastique à laquelle doit se plier Etienne est devenue infernale. Depuis fin décembre, de nouvelles mesures ont été mises en place et la validité d’un pass à la suite d’un test antigénique rapide est passée de 48 à 24 heures. Encore davantage contraint dans ses mouvements désormais, le Lausannois regrette que les autorités ne pensent pas à une solution pour les personnes qui, comme lui, n’ont pas eu le choix de renoncer au vaccin.

En plus de son diabète, Etienne a des allergies qui l'empêchent de bénéficier d'un vaccin contre le Covid-19.
Photo: Shutterstock/DR

«Heureusement, mes amis comprennent ma situation et lorsqu’il m’est impossible de faire un test pour avoir un certificat, nous restons en terrasse, par exemple», précise le gymnasien. En effet, entre les cours, les plages horaires souvent surbookées des centres de tests et l’attente, il lui est parfois difficile d’obtenir un pass à temps afin de fréquenter certains lieux publics. Aujourd’hui, Etienne doit donc planifier ses sorties bien à l’avance. Une organisation méticuleuse à laquelle il n’aurait jamais pensé devoir s'astreindre du haut de ses 17 ans… «Je sélectionne donc mes sorties et me débrouille pour me faire tester une fois par semaine. C’est déjà ça. De toute façon, je n’ai pas le choix».

Tests PCR moins fréquents

Mais alors, pourquoi Etienne ne fait-il pas simplement des tests PCR qui lui donneraient accès à un pass d’une validité de 72 heures? «Aujourd’hui, c’est beaucoup plus compliqué d’avoir accès à ce genre de tests. Ce sont les personnes sur place qui décident quel test ils font. Pour un PCR, il faut une ordonnance médicale ou avoir des symptômes. Et dans ce cas, on n’obtient pas forcément un pass». En effet, un test PCR négatif, n’exclut pas la possibilité d’une infection au Covid-19. La personne devra donc rester chez elle afin d’éviter de contaminer potentiellement d’autres individus.

Comment expliquer que l’accès à certains tests soit actuellement restreint? Selon la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS), lorsque la demande correspond aux capacités d’analyse des laboratoires, comme cela a été le cas le plus souvent dans les 12 derniers mois, chacun, qu’il soit ou non symptomatique, a un accès égal aux tests. Mais depuis quelques semaines, les contaminations sont si nombreuses que les laboratoires peinent à rendre les résultats dans des délais utiles, faute de capacités et de personnel, absent lui aussi en raison de contaminations. Dès lors, la priorité a été donnée aux personnes symptomatiques.

Une solution: les PCR poolés

«Je me suis renseigné auprès de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) afin de trouver une solution et ils m’ont expliqué que je pouvais faire des tests groupés», explique Etienne. Oui, sauf que dans le canton de Vaud, les tests groupés sont réservés aux personnes travaillant en entreprises ou aux institutions comme les EMS. D’après la plateforme tests groupés pour tous, le canton le plus proche qui accepte de faire des tests groupés sur des personnes lambda est celui de Berne. «Je pourrais me faire tester à Bienne, mais c’est à 50 minutes de chez moi… Cela n’a pas de sens d’aller aussi loin».

Les tests groupés: c'est quoi?

Les tests groupés ou tests poolés ont été mis en place afin de détecter le virus à large échelle. Diverses personnes d’un même groupe effectuent chacun un test salivaire qui sera ensuite mélangé aux autres échantillons pour former un échantillon groupé. Ce dernier sera ensuite analysé en laboratoire. Si le résultat – obtenu après 24 heures – est positif, les personnes testées devront procéder à un test PCR individuel. S’il est négatif, les individus testés peuvent obtenir un certificat Covid avec QR code valable 72 heures après le prélèvement.

Dans le canton de Vaud, les tests groupés sont réservés aux entreprises ou aux institutions comme les écoles, les EMS et les associations. De plus, l’obtention d’un certificat Covid à la suite d’un test poolé n’est possible que sous certaines conditions listées sur le site du canton:

  • Le programme de dépistage doit se faire avec des tests PCR salivaires poolés.
  • Le laboratoire partenaire doivent être à même de délivrer des certificats.
  • L’employé doit faire partie d’un pool négatif.
  • Le prélèvement de l’échantillon salivaire doit se faire sous la supervision d’un professionnel qui peut attester de l’identité de la personne testée.
  • L’entreprise doit rédiger une demande écrite auprès de la cellule Tests en entreprises du canton afin qu’elle soit validée.

Début 2022, le projet «Tests groupés pour tous» a vu le jour. Le but: permette à des personnes de toute la Suisse de participer à des tests salivaires PCR groupés. Mais ce sont surtout les régions alémaniques qui proposent des tests poolés à tout un chacun.

Les tests groupés ou tests poolés ont été mis en place afin de détecter le virus à large échelle. Diverses personnes d’un même groupe effectuent chacun un test salivaire qui sera ensuite mélangé aux autres échantillons pour former un échantillon groupé. Ce dernier sera ensuite analysé en laboratoire. Si le résultat – obtenu après 24 heures – est positif, les personnes testées devront procéder à un test PCR individuel. S’il est négatif, les individus testés peuvent obtenir un certificat Covid avec QR code valable 72 heures après le prélèvement.

Dans le canton de Vaud, les tests groupés sont réservés aux entreprises ou aux institutions comme les écoles, les EMS et les associations. De plus, l’obtention d’un certificat Covid à la suite d’un test poolé n’est possible que sous certaines conditions listées sur le site du canton:

  • Le programme de dépistage doit se faire avec des tests PCR salivaires poolés.
  • Le laboratoire partenaire doivent être à même de délivrer des certificats.
  • L’employé doit faire partie d’un pool négatif.
  • Le prélèvement de l’échantillon salivaire doit se faire sous la supervision d’un professionnel qui peut attester de l’identité de la personne testée.
  • L’entreprise doit rédiger une demande écrite auprès de la cellule Tests en entreprises du canton afin qu’elle soit validée.

Début 2022, le projet «Tests groupés pour tous» a vu le jour. Le but: permette à des personnes de toute la Suisse de participer à des tests salivaires PCR groupés. Mais ce sont surtout les régions alémaniques qui proposent des tests poolés à tout un chacun.

plus

Diverses raisons expliquent pourquoi le canton de Vaud ne pratique pas les tests poolés dans ses propres infrastructures. La première: le nombre de tests positifs au variant Omicron. «Environ un test individuel sur deux s’avère positif. Réaliser des tests poolés dans ce contexte n’a pas de sens: la probabilité que le pool soit positif et que chaque individu qui le compose doive revenir faire un PCR individuel est extrêmement élevée. Cela coûterait donc au final plus cher à tout le monde», note la DSAS qui signale que les laboratoires peinent déjà à suivre au vu de la quantité de tests à analyser.

Le département ajoute que les délais de rendu des résultats sont déjà longs. «La personne asymptomatique qui souhaite obtenir un certificat de personne négative verrait le délai entre le moment où elle va au Centre faire un premier test poolé et le moment où elle reçoit le résultat du second test, individuel, devenir tellement long qu’elle n’en n’aurait plus l’usage. D’autres cantons ont d’ailleurs arrêté de proposer le pooling, notamment dans le cadre des écoles, pour ces raisons».

*Prénom connu de la rédaction

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