Un «exercice subversif» artistique
L'UDC tient parole et porte plainte pour des mots-croisés jugés «diffamatoires»

Qualifié de «parti politique suisse raciste, xénophobe, homophobe» dans des mots croisés du «Nouvelliste», le premier parti de Suisse a porté plainte contre l'association faîtière des artistes du Valais, Visarte, à l'origine de cette initiative artistique.
Publié: 11.01.2024 à 17:07 heures

Dans le cadre d'un partenariat artistique avec l'association faîtière des artistes du Valais, Visarte, Le «Nouvelliste» a publié mi-novembre une grille de mots-croisés aux définitions revendiquées subversives. L'oeuvre est jugée diffamatoire par l'UDC qui annonce jeudi sur Rhône FM porter plainte et attaquer la faîtière au Grand Conseil. L'affaire remonte au 18 novembre. Dans son édition du jour, Le Nouvelliste publie une grille de mots-croisés créée par un artiste membre de Visarte dans le cadre d'un partenariat artistique entre les deux entités.

Pour remplir cette grille, présentée comme un «exercice subversif», les cruciverbistes devaient par exemple retrouver le nom d'«une multinationale genevoise de la joaillerie de luxe qui alimente le régime militaire au Myanmar avec l'importation de rubis et de pierres précieuses» ou encore celui d'«une entreprise chimique et pharmaceutique bâloise qui contamine les sites du Valais avec des déchets toxiques tels que mercure, aniline, benzidine et benzène».

C'est la définition, en trois lettres, d'un «parti politique suisse raciste, xénophobe, homophobe, anti-féministe, anti-écologiste, anti-pauvre, nationaliste» ayant pour réponse «UDC» qui a fait réagir le parti politique. Celui-ci exige dans la foulée des excuses du Nouvelliste, qui s'exécutera à deux reprises, et prévient qu'il n'en restera pas là.

Visarte Valais, à l'origine de l'initiative, est visée par une plainte pour diffamation.

«Appeler un chat un chat»

C'est désormais chose faite. «L'art peut avoir une dimension politique, mais il doit de rester dans la limite du raisonnable», estime le député UDC Alexandre Cipolla au micro de Rhône FM. «On se doit de défendre une partie de la population qui a pu se sentir attaquée, voire diffamée, calomniée», indique-t-il.

L'affaire aura aussi un volet politique. L'UDC du Valais romand a déposé un postulat auprès du Grand Conseil. «On s'attaque à Visarte parce que c'est elle qui touche les fonds publics qui servent entre autres à subventionner le travail de cet artiste et nous estimons que ces fonds pourraient être utilisés à d'autres fins», argumente Alexandre Cipolla. Le texte demande notamment «le remboursement de la subvention ayant contribué à financer "l'oeuvre diffamante"».

Également interviewé, l'un des curateurs aux 50 ans de Visarte Valais se défend: «Ce n'est absolument pas diffamant, on a l'habitude, en tout cas dans mon milieu, d'appeler un chat un chat. Et l'UDC a été condamnée pour racisme», relève-t-il. En réponse à cette plainte, les sources utilisées pour créer ce mots-croisés ont été données à la police, ajoute-t-il.

(ATS)

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