Bruxelles s'y prépare
Les Européens auront froid cet hiver

Ursula Von Der Leyen l'a admis à Bruxelles à l'issue du sommet européen. Les Européens devront sans doute s'habituer à des températures plus basses cet hiver, en raison des probables coupures de gaz russe. Israël et l'Azerbaïdjan fourniront plus d'énergie.
Publié: 24.06.2022 à 19:43 heures
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Dernière mise à jour: 13.07.2022 à 10:38 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Autant prévoir des couvertures supplémentaires. Si l’hiver s’annonce chaud sur le plan géopolitique avec la Russie, il sera froid du côté des radiateurs pour l’ensemble des pays du continent – presque tous dépendants du gaz russe.

La présidente de la Commission européenne l’a reconnu vendredi à Bruxelles, à l’issue du sommet des 27: quels que soient les accords passés pour accroître les importations en provenance de fournisseurs énergétiques, tels que l’Algérie, le Qatar, Israël ou l’Azerbaïdjan, les Européens ne doivent pas se faire d’illusions. «Si la Russie décide de nous couper le gaz, la difficulté sera très forte pour nos pays, nos populations et nos économies» a renchérit le président français Emmanuel Macron, qui achève le 30 juin d’assumer la présidence tournante de l’Union européenne.

Avertissements clairs de l’Allemagne

Ursula Von Der Leyen n’est pas allemande pour rien. Depuis plusieurs jours, les avertissements énergétiques en provenance de Berlin sont en effet on ne peut plus clairs: «L’Allemagne court à la pénurie de gaz et devra faire des choix de société très difficiles pour les ménages et les entreprises si les livraisons russes diminuent encore» a répété vendredi le ministre de l’Economie Robert Habeck, alors que les dirigeants des 27 pays membres de l’Union achevaient à Bruxelles leur tour de table sur la situation économique en 2022-2023.

La présidente de la Commission européenne l’a reconnu vendredi à Bruxelles, à l’issue du sommet des 27: quels que soient les accords passés pour accroître les importations en provenance de fournisseurs énergétiques, tels que l’Algérie, le Qatar, Israël ou l’Azerbaïdjan, les Européens ne doivent pas se faire d’illusions.
Photo: AFP

La République Fédérale redoute aujourd’hui que le géant Gazprom ne baisse ses livraisons via le gazoduc Nord Stream, crucial pour la première économie européenne. Une première baisse récente a été, comme par hasard, justifiée par le fournisseur en raison de travaux de maintenance sur le gazoduc.

Azerbaïdjan et Israël

Le plan de diversification des approvisionnements énergétiques présenté par Ursula Von Der Leyen est ambitieux. En plus de miser sur le gaz liquéfié importé des Etats-Unis (et transformé dans les ports gaziers du sud de l’Europe), il prévoit d’ouvrir davantage le robinet en provenance d’Azerbaïdjan. Le 15 juin, l’UE a également signé un accord pour l’importation de gaz naturel israélien au Caire, en Egypte.

Il prévoit que les entreprises européennes participeront à l’exploration et à la production de gaz naturel dans les eaux économiques israéliennes et égyptiennes. Soit. Mais le volume reste incomparable. Environ 45% des besoins de l’UE en gaz naturel (35% pour l’Allemagne) étaient assurés par la Russie avant la guerre en Ukraine. Une dépendance impossible à combler si Moscou décide d’un coup d’interrompre ses livraisons.

Même la France, qui dispose d’un parc de 56 réacteurs nucléaires sur 18 sites, sera immanquablement touchée: «La stratégie de diversification de nos approvisionnements énergétique est notre assurance-vie» a complété Emmanuel Macron.


Retrouvez Richard Werly dans «Ca Vous regarde» sur LCP le 12 juillet:

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La Suisse sur le front

La bataille du gaz russe aura donc bien lieu cet hiver. Et la Suisse se retrouvera sur le front. 43% du gaz consommé par la Confédération provient de Russie. Les réserves stockées ne pourront pas tenir longtemps. «La Suisse est totalement dépendante des importations de pétrole et de gaz» avait, début mai, réagit le Conseiller fédéral Guy Parmelin lorsque Moscou avait interrompu ses livraisons à la Pologne.

Cette bataille énergétique hivernale présente un avantage pour Moscou: la présidence tournante de l’Union sera alors assurée par la République tchèque, qui succédera à la France le 30 juin. Or ce pays compte, avec l’Italie et l’Allemagne, parmi les plus dépendants du gaz russe. Il est aussi très lié à la Russie sur le plan agricole, puisque celle-ci lui fournissait avant la guerre 1/4 de ses engrais.

Point important: le sixième paquet de sanctions européennes, adopté début juin pour une mise en œuvre prévue en fin d’année, prévoit d’ailleurs l’interdiction de la majorité des importations de pétrole russe… sauf celles effectuées via l’oléoduc Druzhba, qui achemine le brut de Sibérie vers la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.

L’hypothèse d’une désunion européenne accrue en plein hiver ne peut dès lors pas être exclue.

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