Il n'existe qu'un seul exemplaire légal dans le commerce
Cette pièce d'or rarissime des États-Unis vaut 19 millions de dollars

Aux États-Unis, les pièces précieuses atteignent des prix record. Une experte dévoile les pièces les plus chères du moment et analyse les marchés qui offrent des opportunités – notamment celui de la Suisse.
Publié: 11.06.2024 à 18:37 heures
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Manuel Boeck

De nombreuses personnes diversifient leur portefeuille en investissant dans l'immobilier, les actions, les liquidités et les actifs réels. Et parmi les actifs réels, les métaux précieux comme l'or ou l'argent restent les grands favoris.

Mais on oublie souvent que les pièces de monnaie sont également une forme d'investissement très appréciée dans le domaine des actifs tangibles. L'achat de pièces de monnaie est une méthode simple et rapide pour mettre en œuvre une diversification de portefeuille. On vous explique tout.

Le marché des pièces de monnaie se porte «parfaitement bien»

Ursula Kampmann, numismate (ndlr: spécialiste des médailles et monnaies), historienne et journaliste allemande, explique à cash.ch que le marché des pièces de monnaie se porte «parfaitement bien». Cela s'explique notamment par le besoin de sécurité des gens qui voient dans les pièces de monnaie un placement sûr. Toutefois, l'experte souligne qu'une distinction doit être clairement faite quant à l'origine de la demande de pièces de monnaie.

La pièce d'or de 20 dollars Double Eagle (St. Gaudens) de 1933 est considérée comme la pièce la plus chère du monde.
Photo: ZVG
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Il existe en effet différents groupes de personnes qui achètent des pièces. Il y a d'abord les collectionneurs de pièces traditionnels, qui existent depuis la Renaissance. Leurs achats sont motivés par l'intérêt pour l'histoire – ils considèrent les pièces comme des témoignages du passé.

Les investisseurs sont de plus en plus nombreux

Le fait que les pièces de monnaie soient utilisées comme investissement ne date que d'après 1971, lorsque l'indexation du dollar sur l'or a été supprimée. L'augmentation des prix de l'argent et de l'or a accru l'intérêt, surtout pour la frappe de monnaie contemporaine. Mais entre-temps, les investisseurs ont découvert les frappes historiques.

Il existe en fait deux groupes d'acheteurs qui se disputent les pièces de monnaie: les collectionneurs et les investisseurs. Alors que le groupe des collectionneurs reste généralement le même pendant des décennies, le groupe des investisseurs s'agrandit dès que les prix s'envolent. La concurrence est donc plus forte et les prix augmentent.

9 des 10 pièces les plus chères viennent des États-Unis

Le marché des pièces de monnaie suisses est encore en grande partie animé par les collectionneurs. Mais il existe d'autres marchés sur lesquels les investisseurs dominent clairement. Les pièces de monnaie américaines en sont le meilleur exemple. Et pour cause: 9 des 10 pièces les plus chères au monde proviennent des États-Unis.

Selon le «MünzenWoche», dirigé par Ursula Kampmann, la pièce la plus chère vendue aux enchères est le Double Eagle (St. Gaudens) datant de 1933: la pièce d'or de 20 dollars des États-Unis, conçue par le sculpteur Augustus Saint-Gaudens, est très cotée en raison de sa rareté. Il n'existe qu'un seul exemplaire légalisé sur le marché, vendu en 2021 pour 18,9 millions de dollars. La pièce d'or provenait à l'origine de la collection du roi Farouk d'Égypte.

La pièce d'or de 20 dollars Double Eagle (St. Gaudens) de 1933 est considérée comme la pièce la plus chère du monde.
Photo: ZVG

Elle est suivie par un Flowing Hair Silver Dollar de 1794, le premier dollar américain émis. Une vente directe en janvier 2022 a atteint un prix de 12 millions de dollars. Les places trois à six reviennent également aux États-Unis: Brasher Dublone (1787) pour 9,4 millions de dollars, Capped Bust Half Eagle 5 Dollar (1822) pour 8,4 millions de dollars, Draped Bust Silberdollar (1804) pour 7,7 millions de dollars et le Double Eagle 20 Dollar avec le Paquet-Revers (1861) pour 7,2 millions de dollars.

En septième position, on trouve un dinar en or du calife Yazid II (empire des Omeyyades), frappé en 722 à Damas. La pièce a été vendue aux enchères en 2011 pour un peu plus de 6 millions de dollars. Elle est considérée comme l'une des pièces d'or musulmanes les plus rares. Les places huit à dix sont une fois de plus des pièces américaines: La Turban Head Eagle 10 dollars de 1804 pour 5,3 millions de dollars, la Liberty Head Nickel de 1913 pour 5 millions de dollars et la Saint- Gaudens Double Eagle 20 dollars avec haut relief de 1907 pour 4,8 millions de dollars.

Le dinar en or du calife Yazid II a changé de mains en 2011 pour un peu plus de 6 millions de dollars.
Photo: ZVG

La Liberty Head Nickel est une pièce de cinq cents des États-Unis. Produite en nombre très limité, elle est l'une des pièces numismatiques américaines les plus précieuses et les plus connues. L'avers de la pièce représente Libertas, la déesse romaine de la liberté. Elle porte une couronne de laurier. Au revers, le chiffre romain V indique la valeur de la pièce. On peut également y voir la lettre latine V, qui symbolise le signe de la victoire.

Le Liberty Head Nickel a été fabriqué en nombre très limité.
Photo: imago stock&people

Les pièces de monnaie comme prévoyance vieillesse

Les prix élevés des pièces de monnaie américaines sont évidents pour la numismate Ursula Kampmann. Pour assurer leur prévoyance vieillesse, de nombreux Américains investissent non seulement dans des actions et des biens immobiliers, mais aussi dans des pièces de monnaie. Un marché transparent et liquide s'est donc développé aux États-Unis. 

Des entreprises évaluent exclusivement le degré de conservation des pièces de monnaie américaines et garantissent leur authenticité. Il existe également des revues qui communiquent aux collectionneurs le prix moyen actuel de chaque pièce toutes les deux semaines. La plus connue est la Greysheet.

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«Le plus grand engouement du moment se situe à mon avis aux États-Unis, où le marché des pièces de monnaie enregistre un record absolu»
Ursula Kampann
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Actuellement, le marché américain est en forte surchauffe. De nombreux investisseurs se tournent donc vers d'autres modèles de pièces. Mais les prix des pièces classiques, comme les pièces romaines antiques ou les pièces britanniques, ont aussi nettement augmenté. «Lors de la première année de la pandémie de Covid, lorsque la demande de pièces a énormément augmenté, 'Una and the Lion' a atteint quatre fois un nouveau prix record en une seule année», explique notre spécialiste. 

«Una and the Lion» est une pièce d'or britannique représentant le portrait de la jeune Victoria, très appréciée au Japon notamment pour sa représentation particulièrement belle du revers. Il n'en existe que 400 exemplaires. En 2020, les prix oscillaient entre 855'000 euros et 984'000 euros. En 2023, une autre pièce a été adjugée pour 1,3 million d'euros.

La «Una and the Lion» est une pièce d'or britannique avec le portrait de Victoria adolescente.
Photo: IMAGO/piemags

«Le plus grand engouement du moment se situe à mon avis aux États-Unis, où le marché des pièces de monnaie enregistre un record absolu», explique Ursula Kampann. Les marchés des pièces chinoises et russes ont un peu reculé, tandis que l'intérêt pour les pièces britanniques a fortement augmenté. Les pièces anciennes dont l'origine est prouvée et qui proviennent de collections anciennes sont particulièrement demandées. Ces pièces atteignent des prix plusieurs fois supérieurs à ceux qu'obtiendrait exactement la même pièce dans le même état sans une bonne provenance.

Le marché suisse des pièces de monnaie a du potentiel

En Europe, certains marchés sont encore sous-évalués. Lorsque le marché est fort pour les collectionneurs, les investisseurs y entrent volontiers. Prenons l'exemple des pièces de l'ancienne Tchécoslovaquie: là-bas, de nombreux collectionneurs achètent tout ce qui a été frappé à Prague.

En revanche, les pièces de Graz, qui sont tout aussi rares et représentent parfois exactement les mêmes motifs, se négocient à un prix nettement plus bas. De son côté, le marché suisse n'est pas encore reconnu par le marché international. «La Suisse n'a pas encore épuisé son potentiel», précise Ursula Kampmann. Mais il s'agit encore d'un marché essentiellement réservé aux collectionneurs – du moins, pour le moment.

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