Les propriétaires immobiliers semblent avoir perdu tout intérêt pour les hypothèques Saron. Pedant des années pourtant, ces hypothèques à taux variables leur ont permis de beaucoup économiser. Mais à l'automne dernier, le rapport s'est inversé et depuis, les hypothèques à taux fixe sont plus avantageuses dans de nombreux cas.
Au cours des trois derniers mois, l'intérêt d'une hypothèque sur 10 ans à taux fixe a oscillé entre 1,7 et 1,8%, comme le montre une évaluation du service de comparaison en ligne Comparis. En revanche, le taux d'intérêt variable d'une hypothèque Saron était situé entre 2,1 et les 2,3% au dernier trimestre. «La demande d'hypothèques Saron s'est littéralement effondrée au premier trimestre 2024», explique Dirk Renkert, expert financier chez Comparis.
Alors qu'il y a un an, environ un quart des clients optaient encore pour une hypothèque Saron, ils ne sont plus que 3% actuellement. En revanche, la part des hypothèques à taux fixe de durée moyenne a nettement augmenté. Alors qu'au cours des trois premiers mois de l'année dernière, environ une personne sur cinq optait pour une hypothèque à taux fixe sur cinq ans, cette proportion est passée à un tiers. Les données proviennent d'une trentaine d'instituts de crédit.
Les clients recherchent «une grande sécurité de planification»
La part des hypothèques à taux fixe sur 10 et 15 reste donc élevée, puisqu'elle représente la moitié des contrats signés. «Dans un contexte de forte incertitude, les hypothèques fixes d'une durée aussi longue que possible offrent une grande sécurité de planification», explique Renkert.
Il y a un mois, la baisse du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) a entraîné une baisse du taux d'intérêt pour les hypothèques Saron. Cependant, les effets pour les hypothèques à taux fixe, ont été marginaux. Le marché avait déjà intégré la baisse des taux directeurs attendue pour 2024 à la fin de l'année 2023. La BNS n'a surpris la majorité que par la précocité de cette décision. Pour que le taux d'intérêt des hypothèques Saron redescende au niveau des hypothèques à taux fixe, il faudrait encore au moins une, voire deux baisses de taux, selon Dirk Renkert.
Selon l'expert financier, la rapidité de la BNS pourrait avoir un effet boomerang: si le franc continue de se déprécier, cela entraînera une inflation importée. «Spéculer sur de nouvelles baisses rapides des taux d'intérêt pourrait s'avérer prématuré si les autres banques centrales devaient finalement attendre plus longtemps que prévu avant de baisser leurs taux», prévient Dirk Renkert.