L'expert Thomas Stucki révèle pourquoi
«Les consommateurs suisses sont les grands bénéficiaires du franc fort»

Malédiction ou bénédiction? Pour Thomas Stucki de la Banque cantonale de Saint-Gall, la réponse est claire: il considère le franc fort comme une bénédiction pour les consommateurs et une motivation pour l'industrie.
Publié: 13.06.2024 à 17:27 heures
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Christian Kolbe

«Le franc fort: malédiction ou bénédiction?» La question taraude les Suisses. Elle a été posée par Thomas Stucki, responsable des placements de la Banque cantonale de Saint-Gall, à l'occasion d'une conférence. Pour la population, la force de notre monnaie est une bénédiction, répond sans équivoque Thomas Stucki: «Les consommateurs sont les grands bénéficiaires du franc fort.»

Bien sûr, de son côté, l'industrie d'exportation peste depuis des années sur la «malédiction du franc fort», car ses produits sont de plus en plus chers. Mais dans le même temps, la monnaie forte présente aussi son lot d'avantages: «C'est un programme de fitness permanent pour l'industrie», explique Thomas Stucki dans un entretien accordé à Blick. «Les entreprises sont contraintes d'innover et d'être efficaces.»

Des Suisses conscients de la qualité

Elles y parviennent depuis des années avec un grand succès: les chocolats Lindt&Sprüngli, les ascenseurs Schindler ou les trains Stadler-Rail sont des best-sellers dans le monde entier – malgré la cherté du franc.

Pour Thomas Stucki, il est clair que le franc fort est avant tout une bénédiction.
Photo: Daniel Ammann
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La main-d'œuvre en Suisse en profite également. Car en Suisse, efficacité ne rime pas forcément avec suppression d'emplois à grande échelle, comme le montrent le faible taux de chômage et la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Au contraire, les compétences des bons travailleurs sont très demandées. «La conscience de la qualité chez les artisans et les employés, par exemple dans la production, est beaucoup plus marquée que dans d'autres pays», explique Thomas Stucki. En contrepartie, ils sont aussi mieux payés.

Des importations moins chères

Si les employés deviennent des consommateurs une fois leur travail terminé, la plupart d'entre eux peuvent profiter du franc fort grâce auquel l'inflation en Suisse est nettement plus faible que dans les pays voisins. Les taux d'intérêt ont certes augmenté, mais pas à des hauteurs vertigineuses.

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«Le mythe du franc comme valeur refuge reste intact»
Thomas Stucki, responsable des placements de la Banque cantonale de Saint-Gall
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La force du franc réduit le prix des importations, par exemple de matières premières ou d'énergie comme le pétrole, le gaz ou l'essence. Si le franc n'était pas aussi fort, notre «chère» Suisse aurait un niveau de prix encore bien plus élevé. Lorsque les consommateurs se rendent à l'étranger pour faire leurs achats ou pour passer des vacances, leur argent y vaut beaucoup plus. Seule ombre au tableau: comme de nombreux prix ont fortement augmenté à l'étranger, cet avantage est en partie annulé.

Le franc reste fort

En revanche, on peut compter sur le franc: après une phase de faiblesse entre janvier et mai, il a déjà retrouvé sa force d'antan, que ce soit par rapport à l'euro ou au dollar. Il y a de nombreuses raisons à cela: «La baisse du renchérissement renforce le franc, la confiance dans l'euro diminue, le mythe du franc comme valeur refuge reste intact», explique Thomas Stucki. S'ajoute à cela le fait que la Banque nationale est toujours intéressée à réduire son énorme montagne de réserves de devises. Pour cela, elle devra acheter du franc suisse, ce qui fera encore augmenter sa valeur.

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