Quelles conséquences pour les Suisses?
Ce que signifie la décision de la BCE sur les taux d'intérêt

La Banque centrale européenne (BCE) amorce un tournant en abaissant ses taux d'intérêt. Le spectre de l'inflation est pour l'instant écarté. La conjoncture doit maintenant repartir à la hausse. Blick décrypte les conséquences de cette décision.
Publié: 06.06.2024 à 21:04 heures
|
Dernière mise à jour: 06.06.2024 à 21:13 heures
Patrik_Berger_Redaktor Wirtschaft Desk_Ringier Blick_1-Bearbeitet.jpg
Patrik Berger

Christine Lagarde l'a finalement fait. La patronne française de la Banque centrale européenne (BCE) a desserré l'étau de la politique monétaire et baissé les taux d'intérêt de 0,25 point. Le taux auquel les banques peuvent se procurer de l'argent frais auprès de la banque centrale est donc désormais de 4,25%. Le taux d'intérêt que les banques reçoivent pour les dépôts est réduit à 3,75% par la gardienne de l'euro.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Cette mesure a été rendue possible par le fait que l'inflation augmente désormais moins fortement. Des prix stables sont une condition essentielle pour la croissance économique dans la zone euro. La baisse des taux d'intérêt doit donner un nouvel élan à l'économie européenne. La BCE s'attend dorénavant à une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 0,9%.

Les vacances dans la zone euro deviennent moins chères

Tout cela semble terriblement académique. Et très lointain. Mais ce n'est pas le cas. Nous aussi, Suisses, allons ressentir les effets de la décision sur les taux d'intérêt européens même si, pour l'instant, le taux de change euro-franc suisse ne devrait guère changer. Ceux qui font leurs achats de l'autre côté de la frontière ou qui passeront leurs vacances dans un pays de la zone euro ne remarqueront pas la baisse des taux d'intérêt dans leur porte-monnaie pour le moment.

Christine Lagarde explique à Francfort la décision de la BCE.
Photo: imago/Hannelore Förster
1/5

Avec des taux d'intérêt plus bas, les crédits deviennent plus avantageux. Il ne faut toutefois pas s'attendre à des changements trop importants de ce côté-là. En fait, la baisse des taux est déjà prise en compte depuis un moment. Concrètement, ceux qui contractent aujourd'hui une hypothèque dans la zone euro paient déjà moins d'intérêts qu'il y a quelques mois. En effet, les acteurs s'attendaient depuis longtemps à ce que les taux d'intérêt soient abaissés en juin.

Les épargnants en pâtissent

Des taux d'intérêt plus bas sont bons pour les cours des actions. D'une part, les entreprises sont soulagées par les nouveaux coûts de crédit, ce qui augmente leur rentabilité. Les obligations ou les dépôts deviennent, à terme, moins intéressants parce qu'ils rapportent moins, les actions en profitent et deviennent plus populaires. Mais là aussi, pour les acteurs de la bourse, il était clair depuis longtemps que la BCE allait baisser les taux d'intérêt. C'est pourquoi les bourses ne devraient pas réagir de manière euphorique et sauter au plafond.

Les épargnants doivent s'attendre à recevoir moins d'intérêts de leur banque lorsqu'ils mettent de l'argent de côté. Comme la décision de la banque centrale était attendue, la règle est toutefois la même: de nombreuses banques ont déjà adapté leurs conditions et annoncé les premières baisses de taux à leurs épargnants. S'il y a moins d'argent sur le livret d'épargne, les gens se tournent vers des placements de valeur avec un meilleur rendement ou consomment tout simplement plus. La demande augmente.

L'Allemagne devrait en profiter

Les baisses de taux d'intérêt profiteront avant tout à la conjoncture chancelante de la zone euro et à la première économie européenne, l'Allemagne. Nos voisins du nord espèrent vivement que la conjoncture reprendra son cours après une année et demie difficile.

La BCE n'a pas précisé combien d'autres baisses de taux d'intérêt suivraient, ni à quel rythme. «Le conseil des gouverneurs ne se fixe pas à l'avance sur une certaine trajectoire des taux», a expliqué Christine Lagarde. Les décisions dépendront de l'évolution des données économiques. «Nous prendrons des décisions réunion par réunion.» Les prochains mois risquent d'être cahoteux, poursuit Christine Lagarde en évoquant l'inflation. De nombreux économistes s'attendent actuellement, après une pause en juillet, à la prochaine baisse des taux d'intérêt en septembre.

Selon les dernières prévisions de la banque centrale, le renchérissement dans la zone euro reculera un peu plus lentement que prévu récemment. Pour l'année en cours, la BCE table désormais sur un taux d'inflation de 2,5%, alors qu'en mars, la banque centrale prévoyait encore 2,3%. En 2025, le taux devrait être de 2,2%. Pour la zone euro, la BCE vise à moyen terme la stabilité des prix avec un taux d'inflation annuel de 2%.

La BNS a déjà baissé les taux d'intérêt

Quelle sera l'évolution des taux d'intérêt en Suisse? La BNS a déjà créé la surprise en mars en étant l'une des premières banques nationales importantes à abaisser son taux directeur de 0,25 point de pourcentage à 1,5%.

Dans deux semaines, la Banque nationale aura l'occasion d'intervenir sur les taux d'intérêt lors de son prochain examen de la situation. Compte tenu de l'inflation de 1,4% et d'un taux directeur qui, selon la BNS, est à peu près neutre pour la conjoncture, une nouvelle baisse des taux ne s'impose pas pour l'instant.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la