«Acte criminel grave»
Un chasseur doit payer 60'000 euros pour avoir tué un rapace protégé

Un chasseur français doit payer 60'000 euros de dommages et intérêts pour avoir abattu un pygargue à queue blanche – rapace rare et protégé. Il a également été condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Publié: 17.07.2024 à 16:36 heures
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ATS Agence télégraphique suisse

Un chasseur de 35 ans a été condamné mercredi à quatre mois de prison avec sursis et plus de 60'000 euros de dommages et intérêts pour avoir tué un rapace protégé, un pygargue, par le tribunal judiciaire de Grenoble. Cette condamnation pour «destruction illicite d'une espèce protégée» lui a également valu le retrait de son permis de chasse et à une interdiction de détenir et porter une arme pendant trois ans.

Il a également été condamné à verser aux associations de protection de la biodiversité qui s'étaient portées partie civile, 61'301 euros au total. Le trentenaire, qui possédait son permis de chasse depuis une quinzaine d'années, avait tué, le 24 février dernier, une femelle pygargue dans le massif de l'Oisans, à la frontière du parc national des Écrins.

Le plus rare de France

Son demi-frère âgé de 30 ans, qui était avec lui au moment des faits, a été relaxé de «complicité de destruction d'une espèce protégée» mais a été condamné à deux amendes pour avoir déplacé le corps de l'animal et pour «conservation d'une espèce protégée». Les deux frères avaient prélevé quatre plumes sur l'oiseau, dont deux ont été retrouvées lors des perquisitions menées à leurs domiciles.

Un pygargue à queue blanche a été abattu par un chasseur. Il devra payer 60'000 euros.
Photo: lesaiglesduleman.com

L'oiseau, nommé «Morzine», était né en captivité au parc «Les Aigles du Léman», en Haute-Savoie. Il avait été élevé dans le cadre d'un programme national scientifique de réintroduction du pygargue à queue blanche. Ce rapace est le plus rare de France: on compte moins de 30 spécimens présents sur le territoire, en captivité et en liberté confondus.

Le chasseur va-t-il faire appel?

La décision du tribunal «montre une prise de conscience sur le dommage écologique et sur ce que cela coûte de porter atteinte illégalement à une espèce protégée», s'est félicité Eric Posak, avocat de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), association à qui le chasseur condamné devra verser 30'000 euros au titre du «préjudice écologique».

«C'est une décision qui va faire date», s'est réjoui Jacques-Olivier Travers, directeur des «Aigles du Léman», pour qui «le sentiment d'impunité» règne encore parmi les chasseurs. «On parle d'un oiseau, pas d'une vie humaine», a réagi Bernard Boulloud, avocat du chasseur condamné, qui dit «réfléchir» à faire appel partiellement de la décision face au montant des dommages et intérêts.

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