Aux armes et caetera
Dans l'antre de Gainsbourg, roi du Paris des poètes

Visiter la maison de Serge Gainsbourg à Paris! Pour beaucoup de fans du chanteur décédé en 1991, c'est un rêve qui se réalise. La voici désormais ouverte au public par sa propre fille, Charlotte.
Publié: 20.09.2023 à 14:25 heures
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Dernière mise à jour: 20.09.2023 à 16:02 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Gainsbarre est toujours là. Vous le sentez à vos côtés. Il veille au-dessus de votre épaule, lorsque vous pénétrez dans la maison qu’il occupa pendant plus de trente ans à paris, sur la rive gauche de la Seine. 5 rue de Verneuil, ou le temple dédié au souvenir de Serge Gainsbourg, né en 1928 et décédé le 2 mars 1991. Les lecteurs qui ont connu cette époque se souviennent encore de ce chanteur «fumeur de gitanes» qui louait «Dieu, le fumeur de Havanes» aux côtés de Catherine Deneuve.

Il était l'héritier du Paris des poètes maudits. Il disait aimer la violence verbale mais pas la violence physique. Un héros pour «boomers» que les plus jeunes adorent aussi! Chaque année, les chansons cultes de Gainsbourg sont diffusées des dizaines de milliers de fois sur les radios francophones, mêlées au rap et aux déhanchements de Rihanna ou Beyoncé. Gainsbourg éternel, à jamais révéré pour le couplet ô combien érotique de «Je t’aime moi non plus», susurré par Jane Birkin après avoir été initialement écrit pour Brigitte Bardot.

Bienvenue chez Gainsbourg

Vous êtes chez Gainsbourg. Dans son antre. Dans cette maison qui fut la sienne et où grandirent Charlotte, sa demi-sœur Lou Doillon (qui y venait souvent) et leur petit frère Lulu, fils de Bambou, la dernière compagne de Gainsbourg. Pourquoi en parler comme si nous étions? Parce que c’est possible depuis ce mercredi 20 septembre. La maison de Gainsbourg est ouverte au public, en même temps qu’un musée et un bar situés juste en face.

Rue de Verneuil à Paris, prés du quartier des ministères. Un mur taggé et graffité. C'est derrière lui que vécut Serge Gainsbourg, décédé en 1991.
Photo: DUKAS
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Dans cette rue de Paris que les touristes non avertis visitent rarement, le ruban a été, dans la matinée, coupé par Charlotte Gainsbourg aux côtés de responsables politiques que son père aurait sûrement moqués: Valérie Pécresse, présidente de droite du Conseil régional d’Île-de-France, Rachida Dati, maire du très huppé VIIe arrondissement et ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, de plus en plus décriée, n’était pas présente à la cérémonie. Mais le site web de la ville raconte la visite en majesté: «Des mois, voire des années qu’on attendait son inauguration… Mercredi 20 septembre, la Maison Gainsbourg ouvre enfin ses portes. Les médias du monde entier ne parlent que de ça: et pour cause ! On murmure dans tout Paris que cet hôtel particulier du 7ᵉ où vécut Serge Gainsbourg est resté intact...»

Entre Gainsbourg et Gainsbarre

Gainsbourg et Gainsbarre. Deux vies. Deux récits. Une seule personne. Le chanteur et l’anarchiste qui osait tout ou presque. Une maison aux pièces sombres, drapées de noir, où chaque objet attire le regard. Nous sommes juste à côté de Saint-Germain-des-Prés et de ses iconiques cafés: le Flore et les Deux Magots. Le poète logeait chez l’anarchiste. Le chanteur dormait avec ses rêves. Jane Birkin nous a quittés sans même emporter ses parfums, encore visibles dans la salle de bains. Tout a été préservé dans le moindre détail. Pas de vente aux enchères de mobilier depuis la disparition du maître des lieux. Il paraît que tous les tickets ont déjà été vendus. Du moins jusqu’à la fin de l’année.

Gainsbourg, provocateur télévisuel en images

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On ne peut qu’aimer Gainsbourg. Il était la France têtue, énervée, métisse, jubilatoire, chroniquement dépressive, obsédée par ces billets de 500 francs (ceux d’avant l’euro) qu’il s’amusa un jour à brûler en direct devant les caméras. Vous me direz que cette présentation de l’auteur d’Aux Armes et cætera ou de La ballade de Melody Nelson est très réductrice. Que je devrais davantage parler ici des origines russes et de sa folie slave de Lucien Ginsburg. Que sa maison reflète, avec ses mystères, l’immense créativité de cet ex-coiffeur pour dames, devenu, par la grâce d’une chanson fredonnée, l’homme à la tête de chou et le mythique poinçonneur des Lilas. Je devrais oui, mais ce serait inutile. Ceux qui l’aiment, de toute façon, prendront le train.

Pour plus d’informations: https://www.maisongainsbourg.fr/

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