De la basilique royale aux JO
A Saint-Denis, la flamme olympique pour une ville qui se réinvente

Dernière étape dans la banlieue nord de Paris pour la flamme olympique. Destination la ville de Saint-Denis où Blick avait pris ses quartiers voici deux mois. Un passage de relais en forme de médaille, pour une ville qui espère imprimer sa marque sur les Jeux.
Publié: 23.07.2024 à 14:27 heures
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Dernière mise à jour: 23.07.2024 à 16:11 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Dernière étape pour la flamme olympique avant la cérémonie d’ouverture des JO ce vendredi soir. Et quelle étape! Elle verra la flamme sillonner toute la journée de vendredi Saint-Denis, la ville du nord de Paris sur laquelle se trouvent deux des installations sportives clés des Jeux, le Stade de France et le centre aquatique, juste en face. Saint-Denis, ou la réinvention d’une ville sous l’effet olympique. Transports, urbanisme avec le village des athlètes, infrastructures sportives avec la rénovation des stades… Les JO sont assurés d’y laisser leur empreinte.

Quelle ville surtout que Saint-Denis, où Blick avait pris ses quartiers pendant une semaine entière en mai! Nous y avons vécu nuit et jour. A l’ombre de son imposant Hôtel de Ville et de la Basilique royale. Car Saint-Denis, ville olympique de 2024, est la ville des rois.

C’est ici que les monarques reposent, dans les gisants de marbre, sous la crypte gothique. Que va ressentir le rappeur américain Snoop Dogg, lorsqu’il portera la flamme devant sa façade? Le rappeur né à Los Angeles, ville hôte des prochains Jeux en 2028, a été engagé comme commentateur pour ceux de Paris par la chaîne américaine NBC. Autant dire que les TV du monde entier vont retransmettre l’événement.

Le village des athlètes, à cheval sur la commune de l'île Saint-Denis, sera ensuite transformé en quartier d'habitation.
Photo: Getty Images
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Après les Jeux

Et après les Jeux? Julien de Saint-Jores tient dans ses mains l’âme de Saint-Denis. Au sens propre comme au sens figuré. C’est sur les épaules de ce haut fonctionnaire, président de l’association «Suivez la flèche» que repose la reconstruction du monument le plus symbolique de la ville. Une reconstruction qui, après celle de Notre-Dame, se veut un exemple pour le pays entier, pour les catholiques, et pour tous les amoureux des grands monuments historiques.

Le projet. Une folle ambition, au bout d’un escalier de pierre étroit, qui nous conduit sur la terrasse de la tour occidentale de la Basilique royale. En 2027, ici même, une flèche s’élèvera à nouveau vers le ciel, réplique identique de celle qui fut inaugurée voici huit siècles, en 1219! Une flèche reconstruite pierre par pierre, rivet de bois par rivet de bois, poutres de charpente après l’autre.

Conjurer le sort

La flèche de Saint-Denis exigeait de conjurer le sort. Mal construite, abîmée par des siècles d’entretien insuffisant et touchée par la foudre, puis affaissée par deux tempêtes, elle est entièrement démontée en 1846. La basilique royale, représentée sur de nombreuses gravures et peintures avec cette flèche, perd alors de sa superbe. Les maisons qui l’entourent (depuis détruites pour faire place au parvis de la mairie) semblent asphyxier le monument. L’architecte Eugène Viollet-Le-Duc, l’homme de la flèche de Notre-Dame (mort à Lausanne le 17 septembre 1879), rêve alors de reconstruire toute la basilique que les révolutionnaires de 1789 ont miraculeusement épargnée.

Les Jeux olympiques, là encore, ont servi de déclic. Pourquoi ne pas profiter de cette formidable vitrine pour entamer le chantier que personne n’espérait redémarrer, et donner aux rois de France et à leurs gisants la somptueuse sépulture qu’ils eurent pendant des siècles?

Le destin est au rendez-vous. La reconstruction de Notre-Dame, après son incendie du 15 et 16 avril 2019 voit affluer les dons du monde entier. Les fonds alloués par le ministère de la Culture à cette opération de fierté nationale et mondiale se retrouvent disponibles. Notre Dame peut subvenir seule à ses besoins architecturaux. Des personnalités se mobilisent, comme l’écrivain Erik Orsenna. Les 150 années de procrastination, durant lesquels les projets de reconstruction de la flèche de Saint-Denis sont restés lettre morte, touchent à leur fin.

Et maintenant?

Et maintenant? Les centaines de pierres numérotées, les dizaines de dessins et de photos ressortent des cartons. Jacques Moulins, l’architecte en chef des monuments historiques, parraine toutes les collectes et toutes les opérations de sponsoring. Au total: les 37 millions d’euros indispensables sont presque réunis.

Encore quelques mécènes (suisses?) et l’affaire sera bouclée. Le chantier, dont le démarrage est prévu en octobre 2024 après les Jeux, ne sera toutefois pas comme les autres. Tout se fera ici, à l’ancienne, en respectant les techniques de l’époque. Il faudra bien sûr des grues, des échafaudages, des simulations numériques. Mais au pied de l’édifice, un village des artisans permettra aux Dionysiens et aux visiteurs de découvrir tous les métiers impliqués: tailleurs de pierre, ferronniers, sculpteurs, charpentiers, couvreurs…

L’histoire viendra à la rescousse de la modernité. Après la flamme et les anneaux olympiques, la flèche de Saint-Denis sera d’abord celle de la fierté retrouvée d’une cité.

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