Amélie Oudéa-Castéra conserve les Sports et les JO
L'ex-ministre de la Justice Nicole Belloubet nommée ministre de l'Éducation

Comme pressenti depuis mardi, Amélie Oudéa-Castéra n'est plus ministre de l'Éducation nationale. L'ex-ministre de la Justice Nicole Belloubet reprend son poste, selon BFMTV. Les annonces officielles par le Premier ministre Gabriel Attal ont été communiquées jeudi soir.
Publié: 08.02.2024 à 19:13 heures
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Dernière mise à jour: 08.02.2024 à 22:19 heures
Leo Vonlanthen, Lara Diserens

La composition de la deuxième partie du gouvernement de Gabriel Attal commence à être connue. Prévu initialement mardi, le remaniement a été retardé deux jours, en raison notamment du feuilleton entourant le cas de François Bayrou. Le chef du MoDem avait fini par annoncer mercredi qu'il ne rejoindrait pas l'équipe de Gabriel Attal. Le MoDem conserve toutefois quatre postes au gouvernement.

Amélie Oudéa-Castéra conserve les Sports

La ministre Amélie Oudéa-Castéra a finalement été démise de ses fonctions. Son sort semblait déjà scellé mardi. C'est l'ex-ministre de la Justice Nicole Belloubet qui reprend son poste, selon BFMTV, à l'issue d'un remaniement compliqué à concrétiser. «Le mépris édifiant d'Amélie Oudéa-Castéra pour l'école publique exigeait son départ. Mais le projet destructeur d'Emmanuel Macron pour l'école publique, lui, reste intact», a réagi la députée insoumise Clémentine Autain.

A 68 ans, l'ex-ministre de la Justice du premier quinquennat Macron (2017-2020), issue du Parti socialiste, a l'avantage d'avoir été rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005. Ancienne rectrice, la nouvelle ministre chargée de la «mère des batailles», comme Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont baptisé les réformes scolaires, est issue du Parti socialiste. 

L'ancienne garde des Sceaux du premier quinquennat d'Emmanuel Macron fait son retour au gouvernement. (BFMTV)
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Un petit gage à l'aile gauche macroniste, après la droitisation constatée lors de la première salve de nominations, dont la sarkozyste Rachida Dati avait été la grande surprise à la Culture. Mais elle risque d'être heurtée par la ligne du chef du gouvernement, qui a dit «assumer» de travailler avec «tout le monde» à l'Assemblée nationale, y compris l'extrême droite.

Amélie Oudéa-Castéra conserve toutefois son poste de ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques. Le sort réservé à l'ex-ministre de l'Éducation nationale était un grand enjeu. Amélie Oudéa-Castéra était embourbée dans de nombreuses polémiques depuis ses propos sur ses enfants scolarisés dans le très conservateur établissement privé catholique Stanislas. 

Gabriel Attal parle «d'un trouble, un malaise» sur France 2

Gabriel Attal a invoqué «un trouble, un malaise» pour justifier le remplacement d'Amélie Oudéa-Castéra, avec qui «les conditions pour pouvoir avancer pour l'école n'étaient plus réunies dans l'immédiat», a indiqué l'AFP.

Sur France 2, le Premier ministre a «rendu hommage» au «travail», à la «très grande rigueur» et à «l'engagement total» de d'Amélie Oudéa-Castéra au ministère des Sports et des Jeux olympiques, où elle reste après un mois à l'Éducation nationale marqué par de nombreuses polémiques, notamment ses critiques de l'enseignement public. Il a également affirmé que «bien sûr», François Bayrou est toujours un partenaire fiable, évoquant un simple «débat» ou «désaccord sur une partie de la ligne suivie» mais pas un «incident».

Le Premier ministre Gabriel Attal «assume» de travailler «avec tout le monde» à l'Assemblée nationale, y compris avec des groupes auxquels il est "radicalement opposé", le RN et LFI, a-t-il dit jeudi sur France 2.

«L'arc républicain, c'est l'hémicycle», dit le Premier ministre

Gabriel Attal avait été critiqué à gauche après avoir déclaré au quotidien «Le Monde» que «l'arc républicain, c'est l'hémicycle» de l'Assemblée, où siègent 88 députés du Rassemblement national, quand sa prédécesseure Elisabeth Borne soulignait régulièrement exclure RN et LFI de «l'arc républicain»

«Pour moi, les parlementaires avec lesquels on doit travailler, c'est l'hémicycle», a redit Gabriel Attal sur France 2. «S'il y a un problème de respect de la République, un parti peut être interdit.»

«Derrière ces parlementaires, même si on n'est pas d'accord avec ces partis (...) il y a des millions de Français qui ont voté. Ce n'est pas les respecter de dire que parce que tu es de La France Insoumise ou du Rassemblement national, on ne va pas écouter, regarder l'amendement» proposé, a-t-il poursuivi.

«Oui, j'assume qu'on travaille avec tout le monde. Sinon, c'est trop facile pour les parlementaires de l'opposition de dire +on n'a pas d'avis sur cette question, ils ne veulent pas écouter ce qu'on a à dire», a insisté le Premier ministre. A quatre mois des Européennes, Gabriel Attal a pour autant souligné vouloir «bien sûr» combattre le RN, comme «tous les populistes et les extrémistes qui veulent déconstruire le projet européen».

Quels autres changements majeurs au gouvernement français?

En tout, 20 personnalités viennent prêter main forte aux 14 ministres nommés le 11 janvier, mais cinq seulement sont de nouveaux entrants. Au total, avec 35 membres dont le Premier ministre, le gouvernement est resserré mais au-delà de l'objectif de 30 membres maximum que s'était fixé le duo exécutif. L'équipe sera rassemblée le 14 février pour un premier Conseil des ministres en commun.

Frédéric Valletoux, député Horizons, devient ministre délégué chargé de la Santé. L'ancien maire de Fontainebleau travaillera donc aux côtés de Catherine Vautrin. En poste depuis le 20 juillet dernier, Fadila Khattabi conserve son poste de ministre déléguée chargée de l’autonomie et des personnes handicapées, selon BFMTV. 

Sabrina Agresti Roubache, au gouvernement depuis juillet 2023, est promue ministre déléguée à la Ville, à la Citoyenneté et à l’Intégration. Dominique Faure conserve son poste de ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité. 

Olivia Grégoire devient ministre déléguée en charge des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation. Elle ne sera plus chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, toujours selon BFMTV. 

François Bayrou out

Après 48 heures d'intenses tractations qui ont viré au psychodrame, François Bayrou ne fait donc pas partie du casting. Le président du MoDem a invoqué mercredi soir de vives divergences politiques et une «dérive» vers une «technocratie gestionnaire» pour expliquer son refus de devenir ministre.

Son parti centriste, principal allié du président dans une Assemblée sans majorité absolue, conserve toutefois quatre représentants au sein de l'exécutif: en plus du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, il s'agit de l'entrante Marina Ferrari qui remplace Jean-Noël Barrot au Numérique, ce dernier qui passe à l'Europe, et Sarah El Haïry, qui laisse la Biodiversité pour récupérer l'Enfance, la Jeunesse et les Familles.

«Le recyclage des ministres»

Parmi les novices, deux autres nouvelles recrues sont aussi députés: Marie Guévenoux (Outre-mer) et Guillaume Kasbarian (Logement). Pour le reste, il s'agit de repêchés de l'équipe d'Elisabeth Borne, dont seul Stanislas Guerini revient avec un ministère de plein exercice, à la Fonction publique. «La seule politique écologique de Macron, c'est le recyclage des ministres», a raillé le patron des communistes Fabien Roussel.

A Bercy, Roland Lescure gérera l'Energie en plus de l'Industrie. L'ex-ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devient ministre déléguée à l'Agriculture auprès de Marc Fesneau, après la crise qui vient de secouer le secteur. «Je ne considère pas que j'ai éteint l'incendie», a d'ailleurs reconnu Gabriel Attal, «je suis parfaitement conscient que je serai jugé sur pièces par nos agriculteurs». 

Clément Beaune, figure de l'aile gauche qui avait agacé Emmanuel Macron en critiquant la loi immigration, n'est pas reconduit aux Transports, remplacé par l'ex-ministre du Logement Patrice Vergriete.

(Avec l'AFP)

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