L'Abbé Pierre, célèbre prêtre français mort en 2007, est accusé d'agressions sexuelles par des femmes. Le co-fondateur d'Emmaüs est mis en cause dans un rapport de la fondation, ce mercredi 17 juillet, indique «Libération». Des salariées, volontaires, bénévoles et d'autres femmes de son entourage personnel dénoncent ses agissements, précise le média français.
Le communiqué de l'organisation précise: «Le Mouvement Emmaüs rend publics des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’Abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005.» L'enquête menée par un cabinet d'experts a permis de recueillir le témoignage de sept femmes, dont l'une d'entre elle était mineure (16-17 ans) au moment des faits. Selon les déclarations, encore cinq autres femmes sont concernées par des agressions semblables, mais elles n'ont toutefois pas pu être entendues.
Une enquête accablante
Selon le rapport d'enquête, l'Abbé Pierre est visé par de nombreuses accusations: des comportements inadaptés d'ordre personnel, une proposition sexuelle, des propos répétés à connotation sexuelle, tentatives de contacts physiques non sollicités ainsi que des contacts non sollicités sur les seins.
Plusieurs extraits de témoignages ont été publiés dans le rapport. L'une des victimes raconte: «Je me suis avancée vers lui pour lui serrer la main. Il a essayé de m’attirer vers la fenêtre. Je lui ai dit "Non, Père". Il m’a dit "J’en ai besoin". J’ai dit "non", il est parti.» Plusieurs femmes relatent les agressions subies par l'Abbé Pierre, et son insistance à toucher leur poitrine. «Il s’est mis à me tripoter le sein gauche. Je n’ai pas réagi.» Une autre victime d'ajouter: «Pendant qu’on parle du travail, il pose ses mains sur ma poitrine, mes seins.» Plusieurs femmes précisent que l'Abbé Pierre a récidivé à plusieurs reprises.
Le rapport indique que plusieurs personnes étaient au courant des comportements de l'Abbé Pierre, sans pour autant agir contre. Le Mouvement Emmaüs a indiqué mettre en place un dispositif strictement confidentiel afin de récolter les témoignages et d'accompagner les victimes ou témoins. Dans son communiqué, le Mouvement condamne et dénonce «les actes inacceptable commis par une personne qui a joué un grand rôle dans son histoire».
L'Église a «honte»
L'Église catholique en France a déclaré mercredi sur X avoir appris «avec douleur» les témoignages. Attendant de prendre connaissance du rapport publié, la Conférence des évêques de France «tient à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre», souligne ce message publié peu après les révélations.
Selon une source interne à Emmaüs, aucun signalement à la justice n'a été fait à ce stade.