Vraie-fausse votation
Le «préférendum», nouvelle invention démocratique française

C'est le mot à la mode ces jours-ci, dans les cercles du pouvoir en France. Lors de sa rencontre à Saint-Denis, mercredi, avec les chefs de partis représentés au parlement, Emmanuel Macron va leur parler de «préférendum». Un vrai-faux référendum.
Publié: 30.08.2023 à 08:03 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Décidément, le référendum a du mal à passer en France. Ou plutôt si: il passe tellement bien dans l’opinion que tout est fait pour multiplier les précautions, avant de consulter éventuellement le peuple. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ancien ministre de la santé durant la pandémie de Covid, l’a démontré le lundi 28 août au micro de BFM TV. 

Interrogé sur de possibles consultations populaires, suite à l’entretien-fleuve accordé par Emmanuel Macron au Point, l’intéressé a dégainé un néologisme tout en nuances. «Le Président est ouvert à faire un référendum, et même un «préférendum» a-t-il expliqué. Simple: on repère des thèmes susceptibles de terminer leur chemin politique en votation. Pour, avant qu’ils arrivent devant le peuple et les urnes, les avoir traités (ou enterrés) d’une autre façon.

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Ce «préférendum» a en tout cas retenu l’attention de l’influent quotidien Politico. A la veille de la réunion par le Chef de l’État, ce mercredi 30 août, des forces politiques représentées au parlement, le journal s'interroge dans sa lettre matinale du mardi 29 août. Quels référendums possibles pour Emmanuel Macron à qui la constitution française, dans son article 11, permet de convoquer le peuple sur «l’organisation des pouvoirs publics ou les réformes affectant la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation et les services publics y concourant» ?

Lors de la traditionnelle conférence des Ambassadeurs lundi 28 août, Emmanuel Macron a défendu un autre concept inédit: la France «partenariale» . Pas facile à comprendre là aussi...
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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Plusieurs propositions sur la table

Politico énumère les propositions en cours. D’abord celles du Rassemblement national de Marine Le Pen, favorable à un «référendum sur la politique d’immigration» le jour des élections européennes le 9 juin 2024, à une consultation populaire sur un «moratoire sur toute augmentation d’impôts et de taxe» ou à une votation sur la «refonte des programmes scolaires». Viennent ensuite les propositions de la droite sur le «renforcement de la sécurité», «l’uniforme obligatoire à l’école» ou un «référendum sur la modification de la constitution pour durcir la politique d’immigration». 

Référendum = droite ou extrême droite? Non, Car Jean-Luc Mélenchon, le leader de la gauche radicale, en a aussi dans sa besace: il a par exemple proposé, en janvier, d’en organiser un sur l’énergie nucléaire, après avoir suggéré de soumettre aux Français la réforme des retraites, et le passage de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Pas de majorité absolue, donc…

«Préférendum» ? Préférence pour référendum? Ou pré-référendum? Privé depuis les législatives de juin 2022 d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a fait le premier pas dans «Le Point»: «La famille, l’école, le service national universel, la transmission de notre culture, notre langue, la régulation des écrans. Mais aussi notre organisation et nos institutions dans tous les territoires. Je suis sûr que nous pouvons bâtir des accords utiles pour la France sur ces sujets. En tout cas, j’y mettrai toute ma volonté. Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et des propositions de lois mais aussi des projets de référendums». Avant d’aller plus loin: «Le référendum fait toujours partie des options qui peuvent être utilisées et je compte bien y avoir recours».

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Le terrain a aussi été déblayé, coté propositions et test auprès des Français au niveau local, par le Conseil national de la Refondation (CNR) dont le coordinateur David Djaiz vient de quitter ses fonctions.

Alors, ce référendum, chiche Monsieur le président? Et sans «préférendum»…

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