200 millions de dollars par livraison
La crise du gaz en Europe rapporte gros aux négociants américains

En Europe, le gaz russe manque partout. Ce qui entraîne des prix jusqu'à dix fois plus élevés. Mais aux Etats-Unis, le gaz naturel reste bon marché. Les négociants en matières premières réalisent donc des bénéfices colossaux en vendant du gaz américain en Europe.
Publié: 21.08.2022 à 09:52 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2022 à 12:50 heures
Dominique Schlund

Alors que Poutine a fermé le robinet de gaz à l'Occident en raison de sanctions économiques, la Russie n'exporte plus que 20% de son volume de gaz vers l'Europe. Et lui fait ainsi connaître une pénurie sans précédent: le prix du gaz du vieux continent vient d'atteindre un niveau historiquement élevé.

Pourtant, c'est exactement l'inverse qui se passe outre-Atlantique: le pétrole et le gaz coulent presque à flots en Amérique du Nord. En cause: des méthodes de fracturation qui permettent d'extraire en masse des matières premières du sol aux Etats-Unis et au Canada.

200 millions de dollars par livraison de gaz américain en Europe

Les Américains se sont donc présentés en sauveurs. Alors qu'il y a un an les exportations de gaz liquide vers l'Europe ne représentaient que 20%, elles atteignent désormais 60%. Un élan motivé par l'altruisme? Absolument pas. En contraste avec l'Europe, comme le gaz est abondant en Amérique, les différences de prix entre les deux continents sont énormes. Selon la plateforme d'informations financières Business Insider, les négociants et les entreprises énergétiques réalisent jusqu'à 200 millions de dollars de bénéfices par livraison de gaz naturel américain en Europe. Les géants de l'énergie comme Total Energies en France et les grossistes comme Trafigura et Gunvor en Suisse comptent parmi les principaux acteurs de l'achat et de la vente de gaz naturel américain.

Les prix du gaz en Europe atteignent un niveau historiquement élevé, alors qu'aux Etats-Unis, comme ici dans le nord du Dakota, l'offre est abondante et les prix bas.
Photo: imago images/imagebroker
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Des écarts de prix qui inquiètent les experts européens. «Il ne s'agit pas d'une marge, assène Laurent Segalen, banquier d'investissement dans l'énergie, dans un entretien avec Business Insider. C'est un multiplicateur!» Les négociants américains abusent-ils de la situation? Ou s'agit-il simplement du résultat de la loi de l'offre et de la demande? Les suites de cette crise nous le diront.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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