À l'encontre de la neutralité?
L'Allemagne veut livrer des chars avec des canons suisses à l'Ukraine

L'Allemagne souhaite livrer des anciens chars de type Gepard à l'Ukraine. Problème: la Suisse est responsable du développement des munitions et de certaines parties de ce char. Les autorités helvétiques peuvent-elles empêcher la livraison du matériel?
Publié: 27.04.2022 à 21:31 heures
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Dernière mise à jour: 27.04.2022 à 21:37 heures
Chiara Schlenz

L’Allemagne a longtemps hésité. Mardi, le gouvernement a finalement pris une décision. Des chars antiaériens de type «Gepard» retirés du service seront envoyés en Ukraine. Une bonne nouvelle pour les combattants de Zelensky. Ces chars sont non seulement efficaces contre des menaces terrestres mais aussi contre des attaques aériennes. Cette dernière spécificité est tout particulièrement intéressante pour l’armée ukrainienne puisque dans les airs, elle est inférieure aux Russes.

Mais il y a un hic: les munitions des chars Gepard sont produites par l’entreprise Rheinmetall en Suisse. En vertu de la neutralité de notre pays, les livraisons de matériel militaire dans des pays impliqués dans un «conflit armé interne ou international» sont interdites, comme l’a rappelé le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

Le canon antichar a été co-développé par la Suisse

Les recherches de CH Media révèlent désormais que ce ne sont pas seulement les munitions qui proviennent de la Suisse, mais aussi certaines des pièces centrales du char Gepard. Les entreprises Siemens-Albis et Oerlikon-Contraves, aujourd’hui Rheinmetall Air Defence AG, ont développé conjointement des parties centrales au canon antiaérien, des systèmes de conduite de tir et des radars pour ce type de char dans les années 60.

L'Allemagne souhaite livrer à l'Ukraine des chars Gepard retirés du service.
Photo: IMAGO/Sven Eckelkamp

Plus de 570 unités, alors à la pointe de la modernité, ont été utilisées par les armées allemandes, belges et néerlandaises. Il y a dix ans, le Gepard a été mis hors service par l’armée allemande. Il semble désormais être destiné à devenir un élément de défense central dans la guerre contre la Russie.

Mais la Suisse peut-elle retarder, ou empêcher, la livraison des chars? Interrogé par CH Media, le SECO n’a pas répondu à cette délicate question. Il renvoie au cadre légal qui interdit en principe la livraison d’armes dans des régions en guerre. Les initiés partent toutefois du principe que la Suisse ne s’y opposera pas, car les chars ont déjà plus de 50 ans d’existence. La question de la livraison des munitions, par contre, reste en suspens.

(Adaptation par Jessica Chautems)

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