Affaire de corruption
L'épouse de Pedro Sánchez citée à comparaître devant la justice

L'épouse du Premier ministre espagnol, Begoña Gómez, est citée à comparaitre pour une affaire de corruption. Cette dernière empoisonne la vie du dirigeant socialiste depuis plusieurs semaines.
Publié: 04.06.2024 à 15:56 heures

L’étau judiciaire se resserre sur Begoña Gómez, l’épouse du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, citée à comparaître début juillet comme suspecte dans l’enquête pour corruption et trafic d’influence la visant. Au centre de toutes les attaques de l’opposition depuis des semaines, cette affaire empoisonne la vie du dirigeant socialiste qui avait créé la surprise fin avril, après l’annonce de l’ouverture de l’enquête, en affirmant envisager de démissionner et en suspendant ses activités pendant cinq jours avant de finalement rester à son poste.

Elle a pris mardi encore plus d’ampleur avec l’annonce par le Tribunal supérieur de justice (TSJ) de Madrid de la citation à comparaître de Begoña Gómez par le juge d’instruction en charge du dossier. Dans un bref communiqué de trois lignes, le TSJ de Madrid a indiqué qu’elle serait interrogée «en qualité de suspecte» le 5 juillet à 10H00 (08H00 GMT) en relation avec «des délits présumés de corruption dans le secteur privé et de trafic d’influence». Interrogée à l’issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Pilar Alegria, a affirmé qu’il n’y avait «rien de rien» dans le dossier et dénoncé les «mensonges et la désinformation» ayant conduit à l’ouverture de cette enquête, dont la droite et l’extrême droite sont, selon elle, à l’origine.

Elle a également souligné l'"étrangeté» du timing de cette annonce à quelques jours des élections européennes, laissant entendre que le magistrat avait des arrière-pensées politiques. L’opposition de droite a au contraire applaudi cette décision du juge. «L’Espagne mérite un président (du gouvernement) digne et ce n’est pas le cas de Sánchez», a lancé sur le réseau social X la secrétaire générale du Parti populaire (PP, droite conservatrice), Cuca Gamarra.

Photo: AFP

«Plus que de simples soupçons»

L’annonce du TSJ de Madrid fait suite au rejet, le 29 mai, de la demande du parquet de classer sans suite l’enquête visant la femme du Premier ministre. Un tribunal madrilène avait alors jugé «inhabituelle» la volonté du parquet «d’empêcher toute investigation» et jugé que les «indices concernant la commission présumée d’un délit» étaient «suffisants» pour justifier la poursuite de l’enquête préliminaire.

Ces indices sont «plus que de simples soupçons», avait-il insisté, rendant dès lors la citation à comparaître de Begoña Gómez inévitable. L’enquête a été ouverte le 16 avril après une plainte d’un collectif proche de l’extrême droite appelé «Manos limpias» (Mains propres), qui avait lui-même reconnu que sa démarche reposait uniquement sur des articles de presse.

Dans sa décision du 29 mai, le tribunal ayant rejeté le recours du parquet a limité le champ des investigations au soutien apporté par Mme Gómez, via des lettres de recommandation, à un entrepreneur dans le cadre d’appels d’offres publics d’un montant de 10 millions d’euros qu’il a remportés. Le tribunal a en revanche retiré du périmètre de l’enquête les liens noués par Begoña Gómez avec le PDG du groupe touristique espagnol Globalia au moment où celui-ci négociait des aides publiques en pleine pandémie de Covid-19 pour sa compagnie aérienne Air Europa. Il ne s’agit que d’une «simple conjecture», a-t-il estimé.

Crise jusqu'en Argentine

Ce tribunal a refusé de classer l’affaire en dépit d’un rapport de la Garde civile qui concluait à l’absence d’indices. Fragilisé par cette affaire, Pedro Sánchez avait dénoncé fin avril une «stratégie de harcèlement et de démolition» émanant de «médias fortement marqués à droite et à l’extrême droite» et soutenue, selon lui, par l’opposition conservatrice.

«Ma femme est honnête dans sa profession, sérieuse et responsable et mon gouvernement est un gouvernement propre», a-t-il de nouveau insisté il y a deux semaines devant les députés, se disant «sûr que la justice classera bientôt» l’affaire. Les accusations contre Begoña Gómez ont également provoqué le mois dernier une crise diplomatique avec l’Argentine.

En déplacement à Madrid pour une convention du parti d’extrême droite Vox, le président ultralibéral argentin Javier Milei avait relayé les attaques de la droite espagnole contre l’épouse de M. Sánchez, la qualifiant de «corrompue». En réaction, Madrid a rappelé définitivement son ambassadrice en Argentine.

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