Après le retrait des USA
La technologie de pointe américaine aux mains des talibans?

A la suite du retrait américain, beaucoup de matériel militaire est tombé dans les mains des talibans. C'est un triomphe pour les islamistes - et probablement aussi une opportunité pour l'Iran de s'emparer d'un grand savoir-faire.
Publié: 03.09.2021 à 12:30 heures
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Dernière mise à jour: 03.09.2021 à 13:32 heures
Andrea Cattani, Jessica Chautems (adaptation)

Lundi dernier, peu avant minuit, le major général Christopher Donahue, tout dernier membre de l’armée américaine sur place, est monté à bord dans l’un des trois Boeing C-17, avant de décoller dans le ciel de Kaboul.

Les forces armées ont laissé derrière elles non seulement des milliers de personnes désespérées, dont les perspectives sont sombres sous le régime des islamistes. Mais l’armée et l’US Air Force ont dû également renoncer à un véritable arsenal d’armes et d’équipements. Ce matériel intéresse les talibans, mais pas seulement: tous les ennemis jurés des États-Unis aimeraient posséder les secrets de leurs technologies.

Tout n’a pas été «démilitarisé»

Au lendemain du retrait américain déjà, les premières photos de combattants talibans posant avec du matériel de guerre étranger circulaient: dans des cockpits d’hélicoptères, examinant des avions militaires et organisant même des défilés entiers avec du matériel saisi. Les nouveaux dirigeants afghans ont célébré leur triomphe tout en se moquant de l’Occident.

Des milliers de Humvees blindés ont été mis à la disposition des forces afghanes.
Photo: AFP
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Le Pentagone n’a pas tardé à assurer que ces pièces d’équipement étaient totalement inutilisables entre les mains de leur ennemi. Avant le départ des troupes, le matériel avait été complètement «démilitarisé».

Au cours des 20 années de mission en Afghanistan toutefois, les États-Unis ont apporté bien plus dans le pays que quelques jeeps, hélicoptères et avions. C’est près de 83 milliards de dollars que Washington aurait investis – dans le but de pouvoir, à terme, laisser les forces locales se défendre seules contre les talibans. Pour cette raison, des quantités importantes de matériel ont été mises à la disposition de l’armée afghane.

Le nouvel arsenal des talibans

Parmi le matériel dont disposait autrefois l’armée afghane grâce aux États-Unis, figurent les Humvees, ces véhicules blindés tout-terrain qui coûtent 200’000 dollars la pièce. Selon un rapport du General Accounting Office américain, plus de 22’000 Humvees ont été remis aux forces armées afghanes. Par-dessus le marché, des véhicules anti-mine, des véhicules de transport de troupes et d’innombrables camions militaires ont également été transportés en Afghanistan.

La plus grande partie de cet équipement, y compris de nombreuses armes telles que des mitrailleuses et des fusils de sniper, n’a pas été détruite, mais est tombée entre les mains des talibans presque sans résistance au cours de leur conquête. Toutefois les islamistes d’Afghanistan ne sont pas les seuls à profiter des équipements saisis. Certains éléments indiquent que l’Iran aurait également eu accès au matériel de guerre américain.

Une technologie militaire de pointe, partagée avec l’Iran?

Comme le rapporte le portail «Amwaj Media», lors de l’avancée des talibans en août, il y avait déjà eu un exode des forces armées afghanes vers l’Iran. Au volant de véhicules remis par l’armée américaine, les soldats s’étaient dirigés vers la frontière en masse afin d’échapper aux troupes ennemies qui approchaient. Les images qui circulent actuellement montrent des camions de l’armée iranienne en train de charger divers véhicules des forces afghanes.

L’armée iranienne affirme que la majorité du matériel en question a été immédiatement renvoyée en Afghanistan. Toutefois, il y a lieu de penser qu’au moins certains véhicules et pièces d’équipements ont été étudiés de près par l’ennemi des Américains.

Il y a dix ans, l’Iran montrait déjà son intérêt pour la technologie militaire des USA. Le 5 décembre 2011, l’Iran était parvenu à abattre un drone furtif de l’armée américaine qui avait pénétré dans l’espace aérien iranien, puis à l’examiner. Selon les propos des Gardiens de la révolution iranienne, ils auraient même réussi à reconstruire eux-mêmes le drone high-tech «RQ-170 Sentinel» grâce à cette prise.

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