Au Forum de Paris sur la paix
Les dirigeants des pays du Sud exigent le retour de la diplomatie

Lors de la 5ème édition du Forum de Paris sur la paix, plusieurs dirigeants de pays du Sud ont condamné la guerre en Ukraine. Pour eux, la diplomatie reste possible. Ignazio Cassis a assisté aux débats, avant de rencontrer Emmanuel Macron.
Publié: 11.11.2022 à 19:15 heures
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Dernière mise à jour: 11.11.2022 à 19:26 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Umaro Sissoco Embaló est le président de la Guinée-Bissau. Son pays a longtemps été accusé d’être un narco-État, point d’entrée des cartels de la drogue d’Amérique latine en Afrique, pour remonter ensuite les cargaisons de cocaïne vers l’Europe.

À Paris, ce vendredi 11 novembre, ce militaire de carrière a adressé un appel solennel aux dirigeants occidentaux, lors d’un échange sur «l’universalisme au défi de la guerre» avec plusieurs autres dirigeants des pays du Sud, animé par Emmanuel Macron. «La diplomatie a encore une chance. J’ai vu récemment Vladimir Poutine qui semblait prêt à une négociation. Il m’a dit de saluer son 'frère Macron'. Arrêtez cette guerre en Ukraine. Parce qu’elle nous tue aussi.»

«Vous devez vous attendre au pire»

Le lieu de cet échange et de cet appel est symbolique. C’est au Forum de Paris sur la paix que le président de Guinée-Bissau a redit le désastre que la guerre en Ukraine engendre pour les pays pauvres et émergents. Et il n’a pas été le seul, loin de là. «Si vous pensez que ce conflit est en train de changer la face du monde, vous devez vous attendre au pire, a poursuivi le diplomate et essayiste singapourien Kishore Mahbubani, lui aussi présent. Pouvons-nous regarder la réalité en face? Cette réalité, c’est la diplomatie et le multilatéralisme.»

Emmanuel Macron a ouvert, vendredi 11 novembre, la 5ème édition du Forum de Paris sur le paix. La table-ronde qu'il présidait a permis à plusieurs dirigeants des pays du sud de réclamer d'urgence la fin de la guerre en Ukraine.
Photo: DUKAS
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Une affirmation exprimée quelques minutes après un rappel solennel du patron du Programme Alimentaire mondial des Nations unies, David Beasley: «Les graves problèmes alimentaires sont certains en 2023. Si les engrais et les céréales en provenance de Russie et d’Ukraine ne sont pas exportés, huit milliards d’hommes et femmes seront vulnérables. Je le dis tout net: si l’accord russo-ukrainien-turc sur l’exportation de céréales s’arrête, nous allons dans le mur.»

Ignazio Cassis était présent

Un témoin suisse était dans la salle lorsque ces propos ont été tenus: le président de la Confédération Ignazio Cassis, en visite officielle à Paris où il devait rencontrer Emmanuel Macron dans la foulée. Le chef du département des Affaires étrangères participera samedi au Forum sur la paix.

Ce dernier entendra à coup sûr le même message que celui formulé par le président argentin Alberto Angel Fernandez: «Le monde est en train de s’écrouler comme une cascade. Cette guerre n’est pas seulement un conflit entre Ukrainiens et russes. C’est aussi une guerre que l’Occident fait par ricochet aux pays du Sud. C’est dans nos pays que les victimes sont les plus nombreuses. L’éthique nous impose de réclamer et d’obtenir la paix.»

D’aimables mots pour Macron

Très critiqué en France pour maintenir coûte que coûte depuis le 24 février le dialogue avec Vladimir Poutine – dont il n’a pour l’heure rien obtenu – Emmanuel Macron a trouvé dans ce Forum sur la paix une validation de son approche diplomatique. Aucun des intervenants ne lui a demandé d’interrompre ses conversations avec le président russe. Au contraire.

«J’ai l’impression que s’il y avait un dialogue sérieux, cette guerre pourrait finir très vite», a asséné le président de Guinée-Bissau. Sans toutefois apporter d’éléments valables autres que les mots aimables envers Macron, soi-disant prononcés devant lui par Poutine à Moscou.

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