Combats sanglants en Ukraine
L'offensive de Bakhmout serait payée cher par les Russes

Les troupes russes ont gagné du terrain dans l'est de l'Ukraine. Mais cette offensive leur causerait apparemment d'énormes pertes. Selon des données britanniques, plus de 800 soldats tombent chaque jour.
Publié: 16.02.2023 à 19:44 heures
Georg Nopper

Les Russes avancent dans l'est de l'Ukraine. En janvier, les troupes de Vladimir Poutine ont pris le contrôle de la petite ville de Soledar, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Bakhmout. Il y a quelques jours, le chef du groupe de mercenaires Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé une nouvelle avancée dans la région, revendiquant la prise du village de Krasna Hora par ses combattants. À quelques kilomètres, Bakhmout fait l'objet de violents affrontements depuis des mois. L'Ukraine parvient jusqu'à présent à y maintenir ses positions, avec beaucoup de difficultés.

Les Russes aux abords de Bakhmout

«C'est très difficile, très dur. L'ennemi exerce une forte pression dans différentes directions. L'énergie dont les gars font preuve en ce moment n'a pas de prix», a déclaré mardi un soldat ukrainien dans une vidéo Telegram. Depuis Krasna Hora, la Russie continue de progresser en direction de Bakhmout, a également déclaré Evgueni Prigojine.

Les combats dans la région font apparemment de lourdes pertes dans les deux camps. Les informations en provenance de la zone de guerre ne peuvent souvent pas être vérifiées de manière indépendante. Récemment, le chef de Wagner a affirmé que la bataille de Stalingrad pendant la Seconde Guerre mondiale n'était rien en comparaison de celle de Soledar. La comparaison est sans aucun doute exagérée, car plus d'un million de soldats soviétiques et plus de 700'000 Allemands avaient perdu la vie à Stalingrad.

Une population presque inexistante: il ne reste plus que quelques civils à Bakhmout.
Photo: keystone-sda.ch
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Mauvaise formation

Selon les données britanniques, Moscou subit des pertes inédites depuis une année. «Au cours des deux dernières semaines, la Russie a probablement subi le taux de pertes le plus élevé depuis la première semaine de l'invasion de l'Ukraine», a déclaré le Ministère britannique de la Défense il y a quelques jours. Il s'est appuyé sur les statistiques de l'état-major ukrainien.

Londres n'est pas en mesure de vérifier en détail la méthodologie utilisée pour collecter les chiffres, mais part du principe que «la tendance illustrée par les données est sûrement correcte». Selon ces dernières, il y aurait eu en moyenne 824 morts ou blessés russes par jour au cours de la semaine précédente. À titre de comparaison, la Russie aurait perdu en moyenne 172 soldats quotidiennement en juin et juillet 2022.

Le Ministère britannique de la Défense, qui publie chaque jour une mise à jour sur le déroulement de la guerre en Ukraine, indique également les raisons potentielles de ces grandes pertes. L'une d'entre elles serait la mauvaise formation des soldats russes.

Des experts britanniques et ukrainiens supposent que des officiers et des instructeurs expérimentés, envoyés au début de la guerre ou lors de la mobilisation partielle en septembre, ont été en partie tués. C'est pourquoi le Kremlin dépêche depuis quelque temps du personnel non formé sur le front. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a annoncé en janvier une restructuration de l'armée et un approfondissement de la formation.

Problèmes de coordination, manque de ressources

Le Ministère britannique de la Défense évoque des problèmes de coordination sur le front comme autre raison des lourdes pertes. Selon la fondation allemande Wissenschaft und Politik, celles-ci sont dues à un manque de «numérisation des systèmes de commandement, de reconnaissance et de communication dans les forces armées russes». On peut lire dans un rapport que «le faible réseau numérique rend difficile l'interaction entre l'armée de l'air, la défense aérienne, les unités d'artillerie et d'infanterie».

Des problèmes de coordination sont également identifiés entre les mercenaires dirigés par Evgueni Prigojine et l'armée régulière. Ainsi, un soldat russe rapporte par exemple, dans une conversation téléphonique interceptée avec son père, que son unité a abattu par erreur un véhicule du groupe Wagner.

Plus de la moitié des chars détruits

Les pertes russes prétendument élevées pourraient par ailleurs s'expliquer en partie par un manque de ressources. Selon Celeste Wallander, secrétaire d'État aux questions de sécurité internationale au Ministère américain de la Défense, la Russie a «probablement perdu plus de la moitié de son stock de chars de combat» en Ukraine.

En outre, selon des informations ukrainiennes, les troupes de Vladimir Poutine auraient tiré 80% de leurs missiles de précision. Selon les dernières données des forces armées de Kiev, l'armée russe a perdu 3286 chars, 298 avions, 286 hélicoptères, 234 systèmes de défense antiaérienne, 466 lance-roquettes multiples et 2011 drones depuis le début de l'attaque.

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