Coup de balai dans l'armée russe
La grande purge de Vladimir Poutine au sein de ses propres rangs

Vladimir Poutine a lancé une purge au sein de l'armée russe. Le général Sergueï Sourovikine n'était pas le seul à avoir connaissance des plans de Evguéni Prigojine. Qui pourrait être le prochain à «disparaître»? Quels sont les enjeux pour le président russe? Analyse.
Publié: 29.06.2023 à 18:29 heures
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Dernière mise à jour: 29.06.2023 à 18:37 heures
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Chiara Schlenz

Les plus hauts généraux de Russie sont devenus étrangement silencieux. Alors que Vladimir Poutine tente de rétablir son autorité remise en question par le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, ses principaux militaires ont disparu de la scène. Une soudaine absence qui semble tout sauf volontaire.

Des blogueurs militaires russes rapportent que le gouvernement russe a commencé à traquer les soutiens de Wagner au sein de son armée. Le canal Telegram Rybar parle d'une «vague de purges massives». Mais comme toujours avec de telles informations, la règle demeure: c'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas être vérifiées de manière indépendante. Des indices clairs permettent toutefois de supposer ceux qui pourraient être concernés.

Sergueï Sourovikine

Le général Sergueï Sourovikine est introuvable.
Photo: keystone-sda.ch

Depuis samedi, on n'a plus aucune trace du général Sergueï Sourovikine, rapportent les médias russes. Selon deux sources proches du ministère de la Défense à Moscou, il serait en détention. C'est ce qu'a indiqué le «Moscow Times» mercredi. En effet, il aurait été au courant à l'avance des projets de Evguéni Prigojine et n'aurait rien dit. Le général s'est certes publiquement rangé derrière Vladimir Poutine vendredi dernier dans un message vidéo. Sa loyauté allait, elle, probablement à Evguéni Prigojine.

Vladimir Poutine se sent trahi par ses généraux.
Photo: keystone-sda.ch
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Sergueï Sourovikine est également connu sous le nom du «boucher de Syrie» en raison de son utilisation sans scrupules de l'armée de l'air russe contre des civils pendant la guerre civile syrienne. Il est apprécié par les troupes et les généraux russes. Le «général Armageddon» a commandé les forces armées russes en Ukraine jusqu'en janvier 2023, avant d'être démis de ses fonctions.

Valeri Guerassimov

Valeri Guerassimov, le général suprême de Russie, est absent des médias depuis le putsch.
Photo: AFP

Valeri Guerassimov, le général suprême de Russie, n'est pas apparu en public ou à la télévision nationale depuis la mutinerie avortée de samedi. Il n'est pas non plus mentionné dans les communiqués de presse du ministère de la Défense depuis le 9 juin. L'homme est le commandant de la guerre russe en Ukraine et, selon certains analystes militaires occidentaux, il est en possession de l'une des trois «valises nucléaires» russes.

Il a été taxé d'incompétent lors de la guerre en Ukraine. Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, n'a, lui aussi, cessé de le critiquer lui et son mode opératoire. On ne sait pas si le Kremlin a saisi l'occasion pour secrètement le retirer de son poste, ou s'il est également soupçonné d'avoir soutenu le plan du chef de Wagner.

Viktor Zolotov

Le général Viktor Zolotov semble en mauvaise position vis-à-vis du Kremlin.
Photo: Getty Images

Le général Viktor Zolotov, chef de la Garde nationale russe et ancien garde du corps de Vladimir Poutine, a déclaré mardi que des informations avaient filtré du camp de Evguéni Prigojine la semaine dernière. Des nouvelles «selon lesquelles un soulèvement était en préparation et aurait lieu entre le 22 et le 25», ont rapporté les médias d'Etat russes. Autrement dit: il était au courant du plan du chef de Wagner et a décidé de se taire jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

On peut en outre se demander comment les hommes de Prigojine ont pu avancer si facilement et si rapidement jusqu'aux abords de Moscou. C'est une réponse embarrassante de Viktor Zolotov qui a fait bondir le Kremlin: «Nous avons concentré toutes nos forces sur la défense de Moscou. Si nous les avions divisées, elles nous auraient traversés comme un couteau dans du beurre.» En clair: la garde nationale, chargée de la sécurité intérieure de la Russie, est trop faible.

Ce que cela signifie pour Vladimir Poutine

Vladimir Poutine est dans de beaux draps: Sans une bonne coopération avec les hauts rangs de l'armée, le dirigeant russe ne pourra pas résoudre ses problèmes.
Photo: keystone-sda.ch

Le fait que les généraux de haut rang de Vladimir Poutine préfèrent se ranger du côté du «traître» Evguéni Prigojine plutôt que de soutenir leur président fait naître le soupçon que le système Poutine est moins stable qu'on ne le pensait. L'expert russe Ulrich Schmid le confirme dans un entretien accordé à Blick. «Il n'y a pas de bonne issue pour Poutine dans cette situation. Son autorité est durablement endommagée.» La réparer sera difficile – surtout sans le soutien de ses propres rangs.

Pour le chef du Kremlin, la «vague de nettoyage» qu'il a lancée démontre l'instabilité et le chaos du régime, à un moment où le dirigeant a besoin du soutien de son armée. Le fait qu'il ait affaire à des infidèles dans les secteurs les plus divers de son armée ne facilite pas les choses.

«Il règnera à l'avenir une atmosphère d'incertitude et de suspicion générale au sein du commandement de l'armée», explique Ulrich Schmid. Vladimir Poutine dresse des acteurs importants et appréciés de son armée contre lui. Et cela pourrait devenir problématique. En fin de compte, les objectifs russes en Ukraine ne sont pas au beau fixe. Sans une bonne coopération avec les hauts rangs de l'armée, le dirigeant russe ne pourra pas résoudre ces problèmes.


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