La démocratie américaine s’enfonce petit à petit dans le chaos après l’annonce de la destitution du républicain Kevin McCarthy par des membres de son propre parti. La raison? Il s’était montré trop conciliant avec les démocrates lors des négociations de budget. Il s’agit d’un événement inédit dans l’histoire du pays: la Chambre des représentants, l’assemblée nationale américaine, se retrouve désormais sans porte-parole.
Une Chambre des représentants sans président, c’est comme un mariage sans maître de cérémonie, rien ne va. La démocratie américaine semble plongée dans le coma. Jusqu’à nouvel ordre, il n’y aura pas de nouvelles lois, aucune décision ne pourra être prise. Si cela ne concernait que les États-Unis, on pourrait observer le drame politique de nos voisins en toute décontraction. Mais le chaos à Washington nous concerne aussi directement, nous en Europe.
Voici les trois conséquences potentiellement dangereuses pour nous:
L’armée la plus puissante du monde est à terre
L’impasse à la Chambre des représentants coïncide avec la période où le pays doit décider de son budget. Le budget d’urgence voté la semaine dernière ne tiendra que jusqu’au 17 novembre. Ensuite, la plus grande puissance du monde sera à nouveau menacée d’insolvabilité. Cela signifie, entre autres, qu’il n’y aura plus d’argent pour payer les salaires des soldats et des gardes-frontières. La fonction de protection des voies commerciales internationales, le fonctionnement des quelque 750 bases de l’armée et le maintien de la force de préparation nucléaire seraient alors suspendus.
Coup de grâce pour l’Ukraine
Pour accorder de nouvelles aides à l’Ukraine, le président américain Joe Biden a besoin de l’accord du Congrès. Si celui-ci reste dans le coma, Kiev devra renoncer à son bailleur de fonds de loin le plus généreux. Cela pourrait équivaloir à une défaite prématurée dans la guerre contre la Russie. Washington a fourni 42 milliards de dollars d’aide militaire directe à l’Ukraine depuis le début de la guerre, plus que tous les autres pays réunis.
Vacance du pouvoir à la Maison Blanche
Le président de la Chambre des représentants est le numéro deux dans l’ordre de succession au «trône» américain, juste derrière la vice-présidente. Si le terrible scénario d’une défaillance soudaine de Joe Biden et de son adjointe Kamala Harris devait se réaliser, les États-Unis se retrouveraient alors sans leader. Le chaos qui s’ensuivrait pourrait avoir des conséquences dans le monde entier.
La décision concernant le successeur de Kevin McCarthy sera prise au plus tôt dans une semaine. Pour rappel, il a fallu quinze tours de scrutin pour que les parlementaires américains divisés parviennent à se mettre d’accord sur Kevin McCarthy il y a neuf mois. Rien n’indique que les choses iront plus vite cette fois.
Un scénario circule à Washington: plusieurs députés évoquent Donald Trump comme prochain porte-parole. Ce n’est pas impossible. Le porte-parole ne doit pas être lui-même membre du Parlement. Si le poste n’offre certes pas d’immunité juridique, il octroie cependant beaucoup de pouvoir et une présence à l’écran.