Des experts et des politiciens mettent en garde
Le prix de l'essence explosera en cas d'embargo sur le pétrole russe

L'UE n'est pas encore parvenue à imposer un embargo sur le pétrole russe. Les politiciens et les économistes craignent les conséquences d'une telle mesure. L'alliance occidentale contre la Russie s'effrite-t-elle?
Publié: 28.05.2022 à 08:22 heures
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Dernière mise à jour: 28.05.2022 à 09:09 heures
Daniel Kestenholz

L’essence n’aura jamais été aussi chère en Suisse. Le TCS indique des prix moyens de 2,17 francs pour le sans-plomb 95, 2,26 francs pour le sans-plomb 98 et 2,30 francs pour le diesel. Des tarifs qui surpassent même ceux de l’année record de 2012. Et le prix des carburants pourrait encore fortement augmenter.

C’est ce que préviennent les économistes de Bank of America, la deuxième plus grande banque américaine, dans une analyse de marché publiée vendredi.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a tout juste 100 jours, le prix du pétrole s’est envolé. Le cours du Brent, un type de pétrole brut utilisé comme standard en Europe, se situe actuellement juste en dessous de 120 dollars par baril.

En cas de sanctions visant le pétrole russe, les économistes préviennent que le prix de l'essence pourrait exploser.
Photo: Shutterstock

Si l’Union européenne décidait de mettre en vigueur un embargo sur le pétrole et qu’en conséquence les exportations de pétrole russe diminuaient fortement, le prix du baril de Brent pourrait dépasser les 150 dollars, prévient la banque. En Suisse, cela signifierait que le prix de l’essence par litre pourrait se rapprocher de la barre des 3 francs.

«Nous ne sommes pas en guerre avec nous-mêmes»

Au début du mois encore, il semblait que les pays du G7 voulaient bloquer définitivement l’importation de pétrole russe. Ce train de sanctions n’a toujours pas été adopté. En avril, l’UE a pourtant interdit les importations de charbon russe. Les restrictions concernant le pétrole s’avèrent beaucoup plus compliquées. Les discussions n’ont pas encore abouti, car la Hongrie, qui dépend du pétrole russe bon marché, a mis son veto.

D’autres personnalités proches de l’UE affirment qu’un embargo sur le pétrole russe pourrait entraîner une forte instabilité économique en Europe, à l’instar du premier ministre belge Alexander De Croo. «Les sanctions doivent avoir plus d’impact du côté russe que du côté européen, a-t-il souligné. Nous ne sommes pas en guerre avec nous-mêmes, nous n’allons pas prendre des sanctions qui nous affaiblissent d’une manière non nécessaire.»

«Votre politique étrangère ne peut survivre que si votre classe moyenne est encore capable de la défendre. L’adhésion de notre population est une chose importante, car je crains que nous ne soyons confrontés à une longue période d’instabilité, et nous devons nous assurer que les gens ne souffrent pas trop», a-t-il déclaré à euronews.

(Adaptation par Jessica Chautems)

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