Des violences sexuelles connues
Une commission française avait déjà recueilli des témoignages sur l'abbé Pierre

La commission sur les violences sexuelles dans l'église catholique en France avait déjà recueilli trois témoignages d'agressions sexuelles de l'abbé Pierre, mis en cause par un récent rapport, indiquent quatre de ses anciens membres dans une tribune publiée samedi.
Publié: 20.07.2024 à 21:41 heures
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Lors de l'enquête (2019-2021) de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), «nous avons disposé d'informations établissant qu'Henri Grouès – l'abbé Pierre – avait commis des actes violant la civilité et la moralité communes, la législation pénale et les préceptes canoniques», écrivent les quatre chercheurs dans cette tribune parue dans le quotidien Le Monde.

«Parmi les quelque 1200 témoignages traités par notre équipe, trois mettaient en cause l'abbé Pierre» (1912-2007), expliquent-ils notamment. L'image de ce défenseur inlassable des sans-abri et des mal-logés, cofondateur du mouvement Emmaüs, et longtemps personnalité préférée des Français, a été ternie cette semaine par un rapport indépendant, commandé par trois organisations qui poursuivent son oeuvre.

Des faits commis dans les années 80

Cette figure iconique en France y est accusée par des femmes d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel entre la fin des années 70 et 2005. L'un des témoignages recueillis par la Ciase «correspond très vraisemblablement au témoignage B du rapport Emmaüs» publié mercredi, et concerne des faits commis au début des années 80 à Namur (Belgique), expliquent les chercheurs. Dans ce témoignage l'abbé avait «saisi un sein» et «embrassé la bouche à pleine langue» de la victime, avant de s'enfuir.

Selon un rapport indépendant publié cette semaine, l'abbé Pierre est accusée par des femmes d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel entre la fin des années 70 et 2005 (archives).
Photo: TERESA SUAREZ

Pour les quatre chercheurs, le travail de la Ciase et le rapport d'Emmaüs montrent que «la compulsion sexuelle de l'abbé Pierre qui débouche dans l'agression récidivante paraît indubitable». D'une manière générale, «le cas de l'abbé Pierre est assez banal d'un point de vue historique. Il présente cependant l'intérêt de synthétiser à lui seul nombre des caractéristiques de l'agression sexuelle par les clercs catholiques depuis les années 1950», estiment-ils.

Sept témoignages au total

Le rapport Emmaüs publié mercredi citait sept témoignages au total. Parmi les trois témoignages recueillis par la Ciase pendant ses travaux, figure également celui d'une femme aidée matériellement dans les années 1989-90 par l'abbé Pierre, puis «utilisée»: «relations sexuelles, masturbation devant elle, fellation, flagellation, proposition de triolisme avec une autre femme», selon la tribune du Monde.

Résultat de deux ans et demi de travaux, le rapport de la Ciase a été remis publiquement à Paris en octobre 2021 à l'épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses. Cette commission estimait que depuis 70 ans, environ 330'000 personnes avaient été agressées au sein de l'Eglise lorsqu'elles étaient mineures.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la