Pris pour cible dans son golf
Plus il est visé, plus Donald Trump devient un martyr politique

L'ancien président américain aurait été victime d'une seconde tentative d'assassinat dans son golf de West Palm Beach, en Floride. Il se trouvait loin du tireur présumé, rapidement arrêté. Mais c'est désormais un candidat menacé de mort qui fait campagne.
Publié: 16.09.2024 à 08:44 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick
Donald Trump reste plus que jamais candidat à la présidence des États-Unis. Avec un statut au fil de menaces: celui de martyr.
Photo: keystone-sda.ch

Qui veut éliminer Donald Trump? Cette question, ses partisans commençaient à en faire un refrain de campagne depuis la tentative d’assassinat contre l’ancien président le 13 juillet lors d’un meeting à Butler, en Pennsylvanie. Autant dire qu’avec la découverte d’une seconde tentative de meurtre ce dimanche, perpétrée dans son golf de West Palm Beach en Floride, le thème va resurgir encore plus. Âgé de 78 ans, Trump l’accusateur est-il en passe de devenir un candidat martyr? Pour ses fans en tout cas, c’est certain. Et cela pourrait bien avoir un effet sur les prochaines semaines, à la veille de l’élection présidentielle du 5 novembre.

Oui, Donald Trump est visé

L’arrestation presque immédiate d’un suspect par les forces de police ce dimanche à West Palm Beach, en Floride, permettra sans doute d’en savoir plus sur les faits et les motivations du tireur présumé. Déjà, des photos circulent. L’intéressé, Ryan Wesley South, était connu pour avoir tenté de s’engager en Ukraine, et pour avoir souvent réclamé davantage d’aide à ce pays en guerre contre la Russie. Son domicile a été perquisitionné. Il aurait tenté de cibler Donald Trump avec un fusil-mitrailleur kalachnikov, mais le candidat républicain n’a jamais été en danger. Il se trouvait à environ 500 mètres du tireur lorsque celui-ci a été repéré par un agent chargé de sa sécurité, qui a tiré plusieurs coups de feu dans sa direction. La tentative d’assassinat a tout de suite été évoquée. Après les tirs survenus à Butler le 13 juillet, à l’issue desquels le tireur, Thomas Matthew Crooks a été tué, il est clair que l’ex-locataire de la Maison-Blanche est visé.

Oui, Donald Trump peut en tirer profit

Le candidat républicain est une bête politique. C’est un combattant qui s’est présenté avec un pansement sur l’oreille à la convention de son parti à Milwaukee (Wisconsin) le 18 juillet, quelques jours après avoir été victime de tirs à Butler, lors d’un de ses meetings. On peut lui faire confiance pour capitaliser politique sur ces tentatives d’élimination physique. Cela place aussi son adversaire Kamala Harris dans une position compliquée, car les harangues anti-Trump du Parti démocrate vont sans doute être questionnées. Surtout si un lien est établi entre le tireur de West Palm Beach et les anti-Trump. Pour le moment, la vice-présidente s’est contenté d’un communiqué dans lequel elle rejette toute violence en politique, et se félicite que son rival en soit sorti indemne.

Donald Trump reste plus que jamais candidat à la présidence des États-Unis. Avec un statut au fil de menaces: celui de martyr.
Photo: keystone-sda.ch
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Non, Donald Trump n’est pas un martyr

La violence politique aux États-Unis, et la violence avec armes à feu, sont malheureusement endémiques. Et l’ancien président reste un chaud partisan du port d’armes, qu’il a toujours défendu. Sur le sujet, ses réponses ne varient pas: «L’existence du mal dans notre monde n’est pas une raison pour désarmer les citoyens respectueux de la loi qui savent comment utiliser leurs armes et peuvent protéger beaucoup de gens. L’existence du mal est l’une des meilleures raisons d’armer les citoyens respectueux de la loi.» Cet argument sera donc sans doute utilisé par son adversaire démocrate si elle est interrogée sur cette nouvelle tentative d’assassinat. Restent les faits: un candidat est physiquement menacé dans la plus puissante démocratie mondiale.

Non, Donald Trump n’est pas le seul incendiaire

Les anti-Trump reprochent à juste titre à Donald Trump de surfer sur les colères des Américains et, donc, de susciter autant de colère en retour. On vient encore de le voir lors du débat télévisé du 10 septembre, lorsque l’ancien chef de l’État a accusé les migrants de «manger des chats et des chiens» à Springfield, une ville de l’Ohio. Ce qui a aussitôt été démenti par les autorités locales. Mais attention: en Europe, les excès de la rhétorique démocrate sont souvent passés sous silence. Or les démocrates diabolisent Trump. Ils le présentent, après l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021, comme un ennemi de la démocratie. Ils répètent que son élection mettrait le pays à feu et à sang. Ils mobilisent en particulier les minorités. Comment faire retomber cette tension électorale? A ce stade, cela semble impossible.

Oui, Donald Trump va subir un contrecoup

Les informations sur le tireur présumé de West Palm Beach vont permettre de comprendre ses motivations, et par exemple de savoir si son acte est seulement lié à l’Ukraine, et au fait que Trump a toujours défendu une paix urgente avec Vladimir Poutine. Pour le candidat, un contrecoup est obligatoire. D’abord parce qu’une fois encore, sa sécurité va être renforcée, ce qui va compliquer son interaction avec ses électeurs. Ensuite parce que cette attaque le met sur la défensive. Bien sûr, Trump est une victime. Mais l’extrême polarisation des débats et sa manière de faire campagne vont évidemment être accusés. Peut-on garder intacte sa motivation dans un pareil contexte? Surtout face à une candidate démocrate qui, elle, promet de «rassembler l’Amérique»…

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