Depuis l’annonce de la mobilisation partielle, 300’000 Russes supplémentaires sont attendus en Ukraine. C’est ce que souhaite le président Vladimir Poutine. Mais le recrutement de citoyens russes est un réel chaos – même les plus fidèles du chef du Kremlin critiquent le déroulement de la mobilisation.
Il semblerait que l’armée russe ne soit pas dans la meilleure des positions. Elle n’hésite pas à enrôler des personnes gravement malades. Selon la «Novaya Gazeta», un Russe de 59 ans vivant à Asbest a ainsi été enrôlé dans l’armée malgré de graves problèmes de santé. «Il s’est présenté le lendemain matin au service compétent, dans l’attente d’être libéré après la visite médicale. Il souffre d’un cancer de la peau et de calculs rénaux, il est aveugle d’un œil et également malentendant», explique sa fille au journal.
Enseignants, malades ou mère célibataire
Mais les graves handicaps dont souffre cet homme ne semblent pas être une raison suffisante pour être exempté du service militaire. L’homme a dû rejoindre les rangs et a été envoyé dans un camp d’entraînement. Mais ce n’est pas tout: il a même été nommé commandant de son unité. «Il est sous le choc», a déclaré sa fille.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé, comme l’écrit le «Daily Beast». Le meilleur propagandiste du chef du Kremlin, le journaliste Vladimir Soloviev, aussi surnommé «la bouche de Poutine», et sa collègue Margarita Simonian, rédactrice en chef de la chaîne publique RT, collectent depuis l’annonce de la mobilisation des exemples de personnes qui ont été illégalement recrutées.
Selon Margarita Simonian, il y a parmi les mobilisés des personnes âgées de plus de 60 ans. Des étudiants ou des personnes gravement malades sont également mobilisés, tout comme des enseignants. Elle a même entendu parler d’une mère célibataire qui aurait reçu un ordre de marche.
Inquiétudes quant à l’approvisionnement
Selon Vladimir Soloviev, d’autres «exemples monstrueux» sont apparus. Entre autres, un musicien gravement malade a été mobilisé dans la ville de Novossibirsk. Même le sénateur compétent Aleksandr Kareline a dû intervenir par la suite. «L’officier de recrutement a dit qu’il avait enrôlé le musicien parce qu’il s’était auparavant plaint de lui d’une manière ou d’une autre», a déclaré le journaliste. Les propagandistes ont souligné que même les petites plaintes ont une influence sur les décisions de recrutement.
De plus, de nombreux soldats ne reçoivent pratiquement aucun entraînement et sont immédiatement transférés au front. «On nous a dit qu’il n’y aurait pas de formation préparatoire à l’engagement dans la zone de guerre», écrit une mobilisée sur Telegram. Dans deux jours, elle sera envoyée à Kherson.
Margarita Simonian exprime également des doutes quant à l’approvisionnement des soldats russes. «Nous avons déjà dû envoyer des marchandises pour les dizaines de milliers de personnes qui étaient déjà sur le front. Des trains remplis de gilets pare-balles, de chaussettes, d’autres équipements. Pourrons-nous également fournir à ces 300’000 personnes tout ce dont elles ont besoin?» Une question d'autant plus légitime que l'hiver approche...
Des centaines de milliers de personnes fuient
Face à la menace de mobilisation, des centaines de milliers de Russes prennent actuellement la fuite. Des files d’attente de plusieurs kilomètres se forment aux frontières, les temps d’attente sont de plusieurs heures, voire de plusieurs jours. Selon des estimations, 260’000 Russes auraient déjà quitté le pays, et des milliers d’autres devraient suivre.
Selon les rumeurs, le président Vladimir Poutine pourrait même décréter une interdiction de sortie du territoire pour tous les hommes en âge de faire leur service militaire. Mercredi, Moscou a fait un premier pas dans ce sens en annonçant que la Russie ne délivrerait plus de passeports à ceux qui sont mobilisés par l'armée.