Héritage de l'Eglise catholique
Place des femmes inchangée dans la Constitution irlandaise

Les citoyens irlandais ont refusé la réforme qui visait à moderniser les références aux femmes et à la famille dans la Constitution. Un texte pourtant hérité de l'influence de l'Eglise catholique.
Publié: 09.03.2024 à 17:53 heures

Les Irlandais ont rejeté la réforme visant à moderniser les références aux femmes et à la famille dans la Constitution de leur pays. Rédigé en 1937, ce texte est l'héritier de la longue et forte influence de l'Eglise catholique sur la vie publique et privée.

«Je pense qu'il est clair à ce stade que les amendements (...) ont été rejetés», a annoncé devant la presse le Premier ministre Leo Varadkar, dont le gouvernement de centre-droit avait proposé la réforme. «Il était de notre responsabilité de convaincre une majorité de personnes de voter 'oui' et nous avons échoué à le faire», a-t-il ajouté, alors que les résultats du référendum, dont la formulation avait été très critiquée, n'étaient pas été encore officiellement publiés.

Coup dure pour les femmes

Coup dur symbolique pour les femmes, et à rebours d'une classe politique dont les principaux partis avaient défendu le 'oui', les électeurs Irlandais ont ainsi désapprouvé une modification de la constitution qui entendait notamment élargir le concept de famille au-delà de la notion de mariage, et effacer le rôle prioritaire des mères à assurer les «devoirs domestiques» dans un foyer.

Leo Varadkar s'est adressé aux médias concernant les deux référendums visant à modifier la Constitution. L'amendement sur la famille propose d'étendre la signification de la famille au-delà de celle définie par le mariage et d'inclure celles fondées sur des relations «durables». L'amendement sur les soins propose de supprimer les références aux rôles et devoirs de la femme au sein du foyer et de les remplacer par un nouvel article reconnaissant les aidants familiaux.
Photo: DUKAS

Mais ce référendum avait suscité peu d'enthousiasme, avec une participation qui n'a pas dépassé les 50% dans la plupart des 39 circonscriptions, selon les estimations publiées par les médias irlandais.

«Un pas en arrière»

Avant même la prise de parole du Premier ministre, plusieurs autres membres du gouvernement avaient d'ores et déjà concédé la défaite, le ministre à l'Egalité, Roderic O'Gorman, cité par le Irish Times, se disant déçu et regrettant que les gens n'aient «pas vu l'urgence en faveur du changement» de la Constitution.

Avant le vote, le Premier ministre Leo Varadkar avait estimé qu'une victoire du «non» ferait faire «un pas en arrière» au pays. «Cela enverrait à de nombreuses personnes le message qu'ils ne sont pas une famille selon notre Constitution», avait-il affirmé, tandis que serait maintenu «le langage très démodé sur les femmes au sein du foyer, et les devoirs des mères au sein du foyer».

L'Irlande, pays de l'Union Européenne aux 5,3 millions d'habitants, a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015, et l'avortement en 2018. Le gouvernement comptait sur ce double référendum pour effacer un peu plus l'empreinte laissée par l'Eglise catholique dans les institutions et la vie sociale et privée. Jusqu'à quelques jours du scrutin, les sondages prédisaient une victoire assez facile du 'oui', mais les derniers sondages avaient révélé une incertitude croissante.

Formulations vagues

Les électeurs devaient se prononcer sur deux questions. La première concernait la définition de la famille, proposant de l'élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure également les «relations durables» comme les couples en concubinage et leurs enfants.

La seconde question proposait d'effacer une référence jugée dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer, qui suggère qu'elles ont le devoir de prendre soin des autres personnes sous leur toit. Une nouvelle formule, plus large, imputerait à tous les membres d'une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.

Les opposants à ces changements avaient critiqué des formulations vagues, en particulier sur la deuxième question, et la disparition des mots «femme» et «mère» du texte. Des militants pour les droits des personnes handicapées accusaient aussi le texte de déresponsabiliser l'Etat en matière de prise en charge et de soin de ces personnes.

(ATS)

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