Volodymyr Zelensky est attendu ce mercredi à la Maison Blanche. Après sa rencontre avec le président américain Joe Biden, il prononcera un discours devant le Congrès. Il s'agira du premier voyage à l'étranger du président ukrainien depuis le début de la guerre le 24 février. Cette visite souligne que les Etats-Unis soutiendront l'Ukraine «aussi longtemps qu'il le faudra», a déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de l'exécutif américain, dans un communiqué officialisant l'événement après que des médias américains ont révélé l'information.
Le voyage aurait dû se dérouler dans le plus grand secret, la Russie surveillant tous les déplacements du président ukrainien. «Les risques d'une telle visite sont élevés», écrit le «New York Times». Par le passé, Volodymyr Zelensky aurait fait l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat. Sa mort pourrait avoir des conséquences imprévisibles et affaiblir considérablement la défense de l'Ukraine.
Un secret étroitement gardé
Le président russe Vladimir Poutine a lui aussi réduit ses déplacements à l'étranger depuis le début de la guerre. En juillet, il s'est tout de même rendu à Téhéran chez un fournisseur d'armes allié. En revanche, il a annulé des visites en Indonésie et en Thaïlande où se déroulaient plusieurs sommets d'importance au niveau international. Les raisons sont autant sécuritaires que pour éviter des confrontations ouvertes qui l'auraient menacé sur la scène politique mondiale.
A Washington, Volodymyr Zelensky serait parmi ses pairs. Les difficultés se trouvent surtout sur le trajet aller-retour qui représente d'énormes défis logistiques. Depuis le début de la guerre, Volodymyr Zelensky s'est appuyé sur des discours vidéo au moment de s'adresser à la communauté internationale – par exemple lors du sommet du G7 à Elmau en Bavière. Il s'est néanmoins déjà rendu plusieurs fois dans les zones des combats, contrairement au président russe qui ne s'est pas déplacé au front jusqu'à présent.
Washington livrera-t-il le système Patriot?
Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis ont soutenu l'Ukraine avec une aide militaire de plusieurs milliards. Washington voudrait désormais livrer à l'Ukraine le système de défense antiaérienne Patriot. C'est ce qu'ont rapporté plusieurs médias américains mardi soir en citant des sources anonyme. Le système de défense aérienne Patriot est capable de repousser des avions, des missiles de croisière, des drones ou des roquettes, même à une grande distance. Il rendrait plus difficiles les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles en Ukraine, tout en augmentant la liberté de mouvement des forces armées ukrainiennes au sol. Il pourrait même, en fonction de son emplacement, s'étendre jusqu'au territoire russe. Cette nouvelle acquisition apparenterait encore plus l'Ukraine à une no fly zone.
Cette nouvelle redistribuerait en partie les cartes dans la guerre, selon les experts. Moscou avait récemment mis en garde Washington contre une livraison du système Patriot. Comme d'autres armes lourdes, ces infrastructures deviendraient des «cibles prioritaires légitimes» pour les forces armées russes, a déclaré la semaine dernière la porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Moscou, Maria Zakharova. Le gouvernement américain livre déjà à l'Ukraine des lance-roquettes de type Himars ou le système de défense antiaérienne Nasams.
45 milliards de dollars supplémentaires pour Kiev
Mardi, les Républicains et les Démocrates du Congrès américain s'étaient en outre mis d'accord sur un projet de budget d'un volume de 1,7 billion de dollars américains (1,58 billion de francs). Il prévoit entre autres une aide de 44,9 milliards de dollars (41,6 milliards de francs) pour l'Ukraine. Le projet doit toutefois encore être voté par le Sénat et la Chambre des représentants.
La visite du président ukrainien coïncide avec ce débat. Volodymyr Zelensky s'est déjà prononcé à ce sujet mardi dans une allocution vidéo. Selon lui, cette semaine est extraordinairement importante pour l'Ukraine, notamment «pour lui permettre de passer cet hiver et l'année prochaine et d'obtenir le soutien nécessaire afin que le drapeau ukrainien flotte enfin sur toutes les sections de notre frontière».
Réunion autour de Poutine
Vladimir Poutine de son côté entend faire le point mercredi avec quelque 15'000 responsables militaires, par visioconférence. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou rendra notamment des comptes sur «l'état d'avancement de l'opération militaire spéciale». Après une série de revers militaires russes dans le nord-est et le sud de l'Ukraine, l'essentiel des combats se concentre actuellement dans l'est.
La Russie bombarde massivement depuis octobre les infrastructures ukrainiennes, provoquant coupures de courant et d'eau. La livraison d'un système de missiles sol-air Patriot a vocation à répliquer à ces «attaques barbares», a rappelé le responsable de la Maison Blanche. Il a toutefois précisé qu'il faudrait former l'armée ukrainienne au maniement de cet engin sophistiqué, ce qui se fera «dans un pays tiers» et «prendra un certain temps.»
(avec AFP)