Le procès s'est ouvert
Un étudiant meurt lors d'un rituel initiatique en Belgique

Un jeune homme de 20 ans souhaitant rejoindre une fraternité étudiante dans la ville universitaire de Louvain, en Belgique est décédé lors du rituel d'entrée en décembre 2018. 18 hommes se retrouvent à présent au tribunal.
Publié: 24.09.2021 à 10:29 heures

Selon les médias, Sanda D.* a dû boire d’énormes quantités d’alcool et d’huile de poisson au cours d’une forme cruelle de bizutage, on lui a uriné dessus et il a dû endurer des douches d’eau froide. Le corps du jeune homme n’a pas pu résister à tant de sévices: il meurt à l’hôpital peu de temps après.

18 hommes se retrouvent à présent au tribunal régional de Hasselt pour des chefs d’accusation multiples tels qu’homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et administration de substances nocives et létales, explique une porte-parole du parquet. Selon la déclaration, les détails concernant la suite du procès seront débattus lors du premier jour du procès, vendredi. Outre le sujet de la brutalité des bizutages, l’affaire a également suscité de nombreux débats sur la question du racisme. En effet, la victime était noire et souhaitait rejoindre une fraternité traditionnellement blanche.

Glacé et affamé

La fraternité «Reuzegom» de la ville universitaire de Louvain, à l’est de Bruxelles, avait organisé le rituel d’initiation le 5 décembre 2018. Les membres ont organisé ce «baptême» auquel ont participé le jeune homme et deux autres nouveaux venus. Ils voulaient tous devenir membres de la prestigieuse fraternité. Pour y parvenir toutefois, ils ont dû endurer des supplices terribles.

Sanda D. (†20) est décédée après un rituel d'initiation brutal dans une fraternité étudiante à Louvain (Belgique).
Photo: Facebook
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La victime, âgée de 20 ans, a été forcée à boire d’énormes quantités d’alcool. Les médias belges écrivent que les trois aspirants ont été urinés dessus à plusieurs reprises par les membres vétérans de «Reuzegom». Durant la nuit, le robinet d’eau de la chambre de la victime a été condamné pour qu’il ne puisse pas boire afin de soulager sa gueule de bois.

Le lendemain, la victime et ses deux compagnons ont été contraints de rester à moitié nus dans une fosse remplie d’eau alors que la température extérieure ne dépassait pas les six degrés, d’après le journal belge «De Standaard». Lors de cette épreuve, les jeunes hommes devaient répondre à des questions. S’ils répondaient correctement, ils recevaient de l’eau pour boire. S’ils répondaient incorrectement, ils devaient manger des aliments peu appétissants. Le jeune homme de 20 ans a ainsi dû boire d’énormes quantités d’huile de poisson et mordre la tête d’une anguille vivante. Les membres de la fraternité doivent donc également répondre devant le tribunal de violation des lois sur la protection des animaux.

Défaillance des organes après deux jours

La santé du jeune homme s’est dégradée sévèrement au cours du «baptême», rapporte «De Standaard». Le soir du deuxième jour, il a été amené à l’hôpital, inconscient et en hypothermie. Selon le journal, sa température corporelle était tombée à 27,2 degrés, ce qui mettait sa vie en danger. Le 7 décembre 2018, il est décédé des suites de cette épreuve: plusieurs de ces organes ont cessé de fonctionner.

Le cas de l’étudiant a suscité la consternation générale et des discussions sur le racisme en Belgique et bien au-delà des frontières. Le New York Times a fait état d’un glissement croissant vers la droite et vers des tendances racistes dans la région belge de la Flandre, où la fraternité est basée. Des vidéos, des photos et des historiques de discussion sont apparus par la suite, présentant les remarques racistes des membres de la fraternité.

Les experts des droits de l’homme de l’ONU ont averti dans un rapport de 2019 que les citoyens d’origine africaine continuaient d’être victimes de racisme et de discrimination en dans la société belge. Il a été également démontré que ces discriminations étaient répandues dans les institutions belges.

L’université de Louvain a exprimé son «profond choc» après la mort de l’étudiant. Début 2019, elle a engagé des procédures disciplinaires à l’encontre de plusieurs étudiants. Sept d’entre eux avaient été expulsés de l’université depuis plusieurs années, certains de manière permanente, avait annoncé l’université à l’époque. La fraternité a été dissoute après le bizutage mortel. (SDA/chj)

* Nom connu

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