Les querelles politiques autour du prochain budget sont presque une tradition à Washington. La menace d'un blocage budgétaire plane à nouveau. Dans trois jours, la fenêtre temporelle dédiée au Congrès pour qu'il trouve un accord se fermera. Les conséquences en cas de non-accord seraient graves. Explications.
Qu'est-ce qu'un shutdown?
Lors d'une fermeture du gouvernement – un «shutdown» – aux États-Unis, les activités gouvernementales sont temporairement suspendues. Les personnes employées par l'État ne vont plus au travail et ne sont plus payées. Un shutdown a également des répercussions sur la sphère publique: les parcs ne sont plus nettoyés, et les initiatives financées par l'État ne sont plus mises en œuvre.
Cette situation est-elle déjà arrivée?
Depuis 1976, il y a eu 20 shutdowns. Trois d'entre eux sont entrés dans l'histoire des États-Unis. Une fois en 1995 sous le président Bill Clinton, qui a duré 21 jours. Une fois en 2013 sous Barack Obama où le shutdown a duré 16 jours. Et une fois sous Donald Trump.
Ce dernier a été le plus long shutdown de l'histoire américaine et a duré de décembre 2018 à janvier 2019. Donald Trump a refusé de signer un projet de loi budgétaire qui ne comprenait pas 5,7 milliards de dollars pour un mur le long de la frontière américaine avec le Mexique. Le coût du shutdown a été massif et la cote de popularité de Donald Trump a chuté.
Pourquoi les États-Unis sont-ils toujours menacés de shutdown?
Pour faire simple, une loi connue sous le nom d'«Anti-Deficiency Act» interdit aux autorités fédérales de dépenser ou d'engager des fonds sans l'autorisation du Congrès. Ainsi, si le Congrès ne parvient pas à se mettre d'accord, un shutdown est imminent.
Quel est l'élément déclencheur du récent et imminent shutdown?
La crise est en grande partie causée par la position relativement vulnérable de Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre des représentants. Depuis son élection en janvier dernier, il est en conflit permanent avec une petite minorité de républicains d'extrême droite.
Cette même droite tient désormais Kevin McCarthy en otage en refusant de voter les projets de loi d'habilitation sur lesquels le porte-parole s'était précédemment mis d'accord avec le président Joe Biden. En théorie, Kevin McCarthy pourrait toujours faire passer les projets de loi avec le soutien des démocrates de l'autre côté du couloir. Mais la droite – notamment le membre du Congrès Matt Gaetz de Floride – a juré de le destituer de son poste de porte-parole si cela devait arriver.
Un shutdownaura-t-il vraiment lieu cette fois-ci?
Le compte à rebours a commencé. Samedi 30 septembre, l'année budgétaire américaine prendra fin. Le porte-parole Kevin McCarthy veut miser sur un financement transitoire: elle doit assurer le financement des autorités pendant quelques semaines sur la base du budget de l'année précédente. Pendant ce temps, la Chambre des représentants devrait trouver une solution – c'est du moins ce qu'il espère.
Mais la semaine dernière, Kevin McCarthy a échoué avec cette idée face aux partisans de la ligne dure de la droite de son groupe parlementaire. De leur point de vue, la menace d'un shutdown est une possibilité d'obtenir plus d'influence. Par exemple, sur la question de la gestion de l'endettement incontrôlable des États-Unis.
Le reste du monde ressentira-t-il aussi le shutdown?
Oui. À titre d'exemple, Kevin McCarthy voulait supprimer 300 millions de dollars pour l'Ukraine du projet de budget de la défense, afin d'apaiser certains conservateurs de la ligne dure.
Le portail économique «CMC Markets» estime également que le shutdown aura des répercussions sur l'économie mondiale. Toutefois, les effets des derniers shutdowns américains n'ont jamais été aussi graves que ce que l'on attendait. Cela devrait aussi être le cas cette fois-ci.
La Réserve fédérale américaine retient également son souffle et maintient son taux directeur à un niveau élevé. Le possible shutdown pourrait avoir un effet si négatif sur l'économie américaine qu'il faudrait même relever le taux directeur, a déclaré la semaine dernière le président de la Fed Jerome Powell.
A qui le shutdownnuit-il le plus?
Un shutdown est généralement considéré comme un échec politique. Mais on ne sait pas encore qui en pâtira le plus. Kevin McCarthy craint que les querelles internes des républicains ne nuisent à l'image du parti.
Toutefois, dans le passé, les présidents en exercice ont été majoritairement tenus pour responsables du shutdown. Par exemple en 2018 et 2019, le shutdown a énormément nui à la cote de Donald Trump. Dans le cas actuel, c'est le démocrate Joe Biden qui en pâtirait.