Manœuvre de diversion après l'échec à Bakhmout?
Les opérations de sabotage menées à Belgorod sont-elles signées de Kiev ?

Lundi, des saboteurs ukrainiens et anti-Poutine ont mené plusieurs opérations à Belgorod, à 578 km au sud de Moscou. Pour le Kremlin, il s'agit de manœuvres désespérées de Kiev pour faire diversion et minimiser l'échec à Bakhmout.
Publié: 23.05.2023 à 13:06 heures
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Dernière mise à jour: 23.05.2023 à 13:16 heures
Daniel Kestenholz

Jusqu'à présent, les seules attaques en territoire russe ont été menées à l'aide drones et de missiles. Mais récemment, l'Ukraine a déployé des troupes de saboteurs pour commettre des attentats contre les infrastructures russes – lignes de chemin de fer, lignes électriques, transports. Lundi, un événement sans précédent s'est produit en Russie. Des unités ukrainiennes ont franchi le matin la frontière russe près de Belgorod, ont attaqué un poste frontière et se sont apparemment emparées de plusieurs localités. Elles ont abandonné l'un de leurs véhicules de combat d'infanterie en partant.

Fait nouveau, les services de renseignement ukrainiens ont indiqué que des rebelles russes engagés aux côtés des forces ukrainiennes auraient lancé cette offensive. L’opération aurait été menée par la légion Liberté de la Russie et le Corps des volontaires russes, des partisans anti-Poutine. Ces troupes seraient composées de soldats forces armées russes ainsi que d'autres volontaires russes et biélorusses non affiliés aux forces armées ukrainiennes.

Dans une déclaration, les légionnaires ont appelé la population de Belgorod à ne pas résister et à ne pas avoir peur. «Nous sommes les mêmes Russes que vous. Nous nous distinguons seulement par le fait que nous ne voulions plus justifier les actions des criminels au pouvoir. Nous avons pris les armes pour défendre notre liberté et la vôtre, peut-on lire dans la déclaration diffusée sur les médias sociaux. Mais aujourd'hui, il est temps que chacun assume la responsabilité de son avenir. Il est temps de mettre fin à la dictature du Kremlin.»

Des partisans russes et ukrainiens ont lancé lundi une attaque à Belgorod, en Russie, une ville proche de la frontière avec l'Ukraine.
Photo: Twitter
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Manœuvre de diversion de Kiev

Informé de ces incidents, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que la région disposait de suffisamment de troupes et de matériel de guerre pour combattre ces saboteurs. Toujours selon Dmitri Peskov, l'objectif de ces sabotages était de «détourner l'attention de Bakhmout, après la reddition des derniers soldats ukrainiens, et de limiter au maximum les conséquences politiques de la perte du territoire par l'Ukraine».

Les médias russes ont également dénoncé ces attaques comme une manœuvre de diversion de Kiev pour minimiser ce qu'ils présentent comme un échec ukrainien à Bakhmout. Un régime de lutte contre le terrorisme a rapidement été proclamé à Belgorod, avec une surveillance plus stricte des citoyens. C'est ce qu'a annoncé Viatcheslav Gladkov, gouverneur de l'oblast, sur Telegram.

Selon Viatcheslav Gladkov, la plupart des envahisseurs ont pu être chassés du territoire russe à la tombée de la nuit, sans aucun signalement de prisonniers ni de partisans toujours retranchés dans la zone. Dans la nuit de lundi à mardi, de nouvelles explosions ont été signalées dans la région, notamment une attaque de drone contre le bâtiment du Ministère de l'Intérieur à Belgorod.

Poutine sur deux fronts

En mars, une action similaire menée par une milice ukrainienne avait déjà eu lieu près de la ville russe de Briansk.

En Ukraine, le pouvoir reste discret sur ces attaques. Volodymyr Zelensky a déclaré à plusieurs reprises que les opérations de sabotage menées en Russie étaient justifiées, mais que son pays n'avait pas l'intention d'attaquer le territoire russe. La contre-offensive promise au printemps a uniquement pour but de «reconquérir les territoires illégalement conquis», a-t-il récemment déclaré à Berlin.

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