«On est dans la merde»
Un document des services secrets russes assure que Poutine va perdre

Un rapport d'un analyste des services secrets russes a fuité en ligne. Sévère à l'égard du Kremlin, son auteur assure que le plan d'invasion de l'Ukraine était si confidentiel qu'il n'a pas pu être préparé proprement. Selon lui, l'économie russe s'écroulera en juin.
Publié: 08.03.2022 à 16:30 heures
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Dernière mise à jour: 09.03.2022 à 06:05 heures
Fabrice Obrist

Partie confiante, la Russie a été surprise par la résistance ukrainienne dès les premiers jours de son invasion de l’Ukraine. Et au sein de l’armée russe, personne n’aurait voulu l’admettre. Les services de renseignement russes eux-mêmes ne savaient pas que Vladimir Poutine allait attaquer l’Ukraine.

Un document du FSB, les services secrets russes, a fait son apparition sur internet, accusant le Kremlin d’avoir bâclé la planification de l’invasion et d’avoir commis plusieurs erreurs d’appréciation. Le document a été publié par Vladimir Osechkin, fondateur de l’organisation russe des droits de l’homme Gulagu.net, qui lutte contre la corruption en Russie et s’est déjà retrouvé en prison par le passé.

Cité notamment par le «Daily mail», Vladimir Osechkin aurait obtenu le rapport de la part d’un agent du FSB. Un journaliste du portail d’investigation Bellingcat a ensuite présenté le texte à deux autres sources du FSB, qui confirment l’authenticité du document.

Un rapport des services secrets russes ayant fuité montre à quel point la situation de la Russie dans la guerre en Ukraine est mauvaise.
Photo: AFP
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«On est dans la merde jusqu’au cou»

L’auteur du document, un analyste du FSB, y critique vivement la conduite de la guerre par la Russie. Il y explique que les scénarios imaginés par les spécialistes n’avaient pas été présentés comme pouvant être utilisés pour planifier l’invasion. Pour ne pas froisser leurs supérieurs, très demandants, les analystes ont écrit des rapports favorables à l’armée russe.

Puis la théorie s’est soudainement transformée en réalité, prenant le FSB au dépourvu. «La boîte de Pandore a été ouverte», annonce d’emblée l’analyste, qui n’y va pas par quatre chemins: «On est dans la merde jusqu’au cou.» La guerre éclair de l’armée russe ayant échoué, la mission ne serait plus réalisable avec les ressources en présence, indique le texte. Depuis lors, le FSB est hautement critiqué au sein du Kremlin pour un travail jugé désastreux.

Une opération secrète

L’homme critique le plus grand secret dans lequel l’opération a été préparée. Un secret tellement bien gardé que même une grande partie des services de renseignement ne savaient pas que l’invasion de l’Ukraine allait bel et bien avoir lieu. «Tout le monde était tenu dans l’ignorance, comment aurions-nous pu préparer efficacement cette invasion?», demande l’auteur de la fuite.

«La Russie s’est préparée pour un sprint, elle se retrouve dans un marathon», explique le document, qui avance que la guerre aurait dû être gagnée en trois jours. Les Ukrainiens se sont montrés très motivés et avec un bon moral. Ils disposent d’armes de bonne qualité et comptent sur de bons officiers.

Il prédit l’effondrement de l’économie russe

En outre, plusieurs milliers de soldats russes seraient déjà morts. Cependant, l’armée n’aurait elle-même pas de compte précis… L’analyste du FSB donne une fourchette très large: selon lui, de 2000 à 10’000 soldats russes feraient déjà partie des pertes.

De l’autre côté, l’économie russe croule sous les sanctions. Selon le rapport, elle en souffrira toujours plus et devrait toucher un fond vers le mois de juin. «En juin, notre économie sera au tapis. Il n’en restera plus rien.»

Les services secrets russes craindraient qu’en cas de siège, l’armée ukrainienne puisse tenir des années grâce aux livraisons d’armes fournies par les gouvernements occidentaux, à l’instar de Sarajevo durant la guerre de Bosnie. Il rappelle aussi que la plupart des opérations aéroportées de la Russie ont jusqu’à présent échoué, et que les combats urbains à venir vont être très durs, tirant le parallèle avec la bataille de Mossoul, en Irak, en 2004.

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