Personne ne veut acheter leur cargaison
Ces 20 pétroliers russes errent sans but sur les mers du globe

Poutine finance sa guerre principalement par l'exportation de matières premières. Mais il est de plus en plus difficile de vendre le pétrole russe. Au moins 20 tankers remplis de pétrole russe sillonnent les mers du monde sans trouver d'acheteurs pour leur cargaison.
Publié: 04.04.2022 à 09:41 heures
Sarah Frattaroli

La cargaison du Beijing Spirit est précieuse: un million de barils de pétrole brut se trouvent dans le ventre du cargo. Au prix actuel du marché, la cargaison a une valeur de 80 millions de dollars. Et pourtant, personne ne veut de ce pétrole. Pourquoi? Parce qu'il est russe.

Le navire avait quitté début mars la ville russe de Mourmansk, à destination de Philadelphie, comme le rapporte le «New York Times». Deux semaines plus tard, le navire a interrompu son voyage et changé de cap, en plein milieu de l’océan Atlantique, pour faire demi-tour. Et est reparti en direction de l’Europe.

L’acheteur américain initial de la cargaison s’est retiré après que le président américain, Joe Biden, a annoncé un embargo sur le pétrole russe. Entre-temps, le Beijing Spirit a accosté dans un port sicilien. On ne sait toutefois pas s’il a trouvé un autre acheteur pour son chargement.

Le pétrole russe est tombé en disgrâce. Un militant de Greenpeace devant un pétrolier russe au large du Danemark.
Photo: AFP
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Poutine a besoin d’exporter du pétrole

Selon le «New York Times», il ne s’agit pas d’un cas isolé. Plus de 20 tankers remplis de pétrole russe dérivent en ce moment sur les mers du monde. Outre les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et l’Australie ont sanctionné le pétrole russe ou annoncé des sanctions empêchant les navires de livrer leur cargaison.

Les pétroliers ont à leur bord 8,5 millions de barils de pétrole, pour une valeur de plus de 800 millions de dollars. Une épine dans le pied de l’État russe, puisque près de la moitié de ses recettes provient de l’exportation de matières premières.

Les négociants suisses en cause

Plusieurs solutions s’offrent aux Russes pour essayer de vendre leur pétrole, notamment en le mélangeant avec d’autres sources pour en dissimuler l’origine. Par ailleurs, le pétrole russe n’est globalement pas bloqué. De nombreux pays continuent d'en acheter, notamment au sein de l’UE… et en Suisse.

Selon l’ambassade suisse à Moscou, 80% des matières premières russes sont négociées via la Suisse. Le pétrole ne franchit toutefois jamais la frontière du pays. Les contrats passent par les écrans et les bureaux des négociants suisses. Ces opérations sont tout à fait légales, mais ne manquent pas d’alimenter la controverse sur le financement de la guerre par Poutine.

L’Inde achète 700% de pétrole en plus

D’autres pays comme l'Inde ont même décidé d’augmenter leurs importations. Sur le marché mondial, le brut russe est nettement moins cher que ses concurrents, notamment américain. Les importations de pétrole russe en Inde ont augmenté de 700% depuis le début de la guerre.

Selon l’agence de presse Bloomberg, la ministre indienne des Finances Nirmala Sitharaman a déclaré: «Si le carburant est disponible à prix réduit, je ne vois pas ce nous qui nous empêcherait d’aller l’acheter.»

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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