Phénomène «El Niño» en cause
Des températures record seront-elles atteintes cette année?

Après trois ans de phase froide au-dessus du Pacifique, tout indique qu'une nouvelle phase chaude pourrait s'installer. Cela pourrait faire augmenter la température du globe comme jamais ces dernières années.
Publié: 06.01.2023 à 12:42 heures
Sven Ziegler

Le record reste l'année 2016, mais 2022 a été l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des mesures en 1850. Cela est d'autant plus inquiétant qu'elle a coïncidé avec un phénomène météorologique nommé La Niña, qui induit une température basse des eaux équatoriales en surface, et donc des refroidissements locaux. De plus en plus de signes indiquent toutefois que ce phénomène, d'une durée inhabituelle de trois ans, touche à sa fin. Son opposé, nommé El Niño, pourrait bientôt lui succéder et faire encore grimper les températures.

L'agence américaine de recherche sur le climat NOAA prévoyait début janvier le passage de La Niña à une phase neutre entre janvier et mars. «Des eaux profondes exceptionnellement chaudes dans le Pacifique tropical occidental laissent présager le prochain phénomène El Niño en 2023», écrivait déjà en septembre l'expert climatique Kevin Trenberth de l'université d'Auckland. Cela pourrait conduire à des records de température globale, car une partie de la chaleur de la mer sera libérée dans l'atmosphère.

Nouvelle phase de réchauffement au-dessus du Pacifique

En novembre, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève a estimé à 25% la probabilité qu'une phase El Niño commence dès l'été à venir. La probabilité que le record actuel de l'année la plus chaude soit dépassé d'ici à 2026 serait de 93%.

Les années qui viennent, il pourrait faire plus chaud que jamais.
Photo: keystone-sda.ch
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Plus précisément, El Niño, quésaco? Le terme correct est «El Niño Southern Oscillation» ou, en abrégé, «Enso». Il désigne un système de circulation couplé de l'océan et de l'atmosphère dans le Pacifique tropical. Lors de cette phase chaude, le courant apporte de la chaleur marine aux latitudes plus élevées, qui est en partie transférée dans l'atmosphère par évaporation. Ce sont des pêcheurs péruviens qui ont remarqué pour la première fois ce type de réchauffement en fin d'année, raison pour laquelle ils ont appelé le phénomène El Niño («l'enfant», pour Jésus).

Les températures mondiales augmentent

Selon l'OMM, les épisodes forts et modérés du phénomène contribuent au réchauffement climatique et augmentent la température moyenne à la surface du globe. «Bien que les effets les plus marqués d'El Niño se fassent sentir dans le Pacifique équatorial, ils peuvent avoir des conséquences dans le monde entier en influençant les systèmes de haute et basse pression, les vents et les précipitations, expliquent les climatologues de l'université Columbia. Comme l'eau océanique plus chaude transmet un surplus de chaleur à l'atmosphère, les températures mondiales augmentent.»

Le chef de l'OMM, Petteri Taalas, a lancé un avertissement en août 2022: «Il est très exceptionnel d'avoir des épisodes de La Niña pendant trois années consécutives. L'effet de refroidissement a temporairement ralenti la hausse des températures mondiales, mais cela ne va pas pour autant inverser la tendance du réchauffement à long terme.»


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