Le financier de la troupe Wagner, Evgueni Prigojine, a déploré dans un entretien télévisé le manque d'engagement des oligarques et des riches dans la guerre. «Ils ont peur. Ils aiment le confort. Ils veulent tous plonger dans une piscine chaude le soir et s'amuser», a déclaré l'homme.
Il ne s'affiche généralement pas dans les médias. Mais samedi, il a accordé une interview à la chaîne de télévision publique russe RT. Il n'a pas mâché ses mots. Il voudrait confisquer tous les biens et richesses de ces compatriotes russes. De son point de vue, ils seraient alors, eux aussi, prêts à s'engager pour le front.
Se séparer du confort
«Il faut comprendre à un moment donné qu'il faut se séparer de tout ce que l'on a, c'est-à-dire du monde séduisant, des restaurants, des stations thermales, des datchas, des piscines», a-t-il déclaré. «Plus vite tout leur sera retiré, mieux ce sera.» Comme de nombreux Russes fortunés, Evgueni Prigojine fait, lui aussi, l'objet de sanctions de l'Occident.
L'homme d'affaires est considéré comme un proche du chef du Kremlin Vladimir Poutine. Il est également surnommé «le cuisinier de Poutine» du fait de leur ancien séjour à Saint-Pétersbourg, où il accueillait l'homme politique dans son restaurant.
Evgueni Prigojine, recherché par le FBI aux Etats-Unis pour ingérence dans les élections, s'était récemment ouvertement identifié comme l'homme derrière le groupe Wagner, formé entre autres de volontaires et de détenus. Par ailleurs, il ne cesse de critiquer les erreurs du commandement militaire russe dans l'offensive en Ukraine.
Lutte de pouvoir
Evgueni Prigojine s'était montré publiquement samedi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg lors des funérailles d'un combattant de Wagner tué sur le front. Les médias d'Etat russes ont traité cet événement comme une sensation, car si Evgueni Prigojine s'est souvent exprimé ces derniers temps, il ne s'était jamais montré devant les caméras.
Pour l'homme d'affaires, l'enterrement a été un succès dans sa lutte de pouvoir avec les autorités de Saint-Pétersbourg, qui n'avaient tout d'abord pas voulu rendre hommage au défunt. La raison? l'homme était un criminel condamné. Il a finalement pu être enseveli dans la partie militaire du cimetière.
Evgueni Prigojine a cependant fait l'éloge de l'homme en tant que «vrai patriote». Il a souligné que sur le front, tout le monde était égal. L'Institut américain d'études sur la guerre (ISW) a considéré cette apparition et cette interview comme une nouvelle tentative de l'homme de gagner en estime et en influence dans la société russe.
(Avec ATS)