Plusieurs enquêtes sur le dos
Entendu sur ses pratiques fiscales, Donald Trump garde le silence

Donald Trump a gardé le silence mercredi face à la procureure générale de New York. Cette dernière l'auditionnait sous serment pour des soupçons de fraudes financières au sein de son groupe, la Trump Organization.
Publié: 10.08.2022 à 18:24 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2022 à 08:30 heures

L’ancien président des Etats-Unis est visé depuis 2019, avec deux de ses enfants Ivanka et Donald Jr., par une enquête au civil de la plus haute magistrate de l’Etat de New York, Letitia James.

Il a été entendu dans le bureau de la procureure dans la matinée à Manhattan, mais a invoqué le fameux 5e amendement de la Constitution américaine, qui autorise à ne pas témoigner contre soi-même.

Victime d’une «chasse aux sorcières»

Dans un communiqué, Donald Trump s’est dit une nouvelle fois victime d’une «chasse aux sorcières» et a affirmé avoir «refusé de répondre aux questions, en vertu des droits et prérogatives accordés à tout citoyen par la Constitution des Etats-Unis».

Donald Trump s'est dit une nouvelle fois victime d'une «chasse aux sorcières».
Photo: Julia Nikhinson

A peine arrivé vers 15h (heure suisse) dans les services de Letitia James, une magistrate afro-américaine du parti démocrate, le milliardaire républicain s’est moqué sur son réseau social Truth Social de son «bureau somptueux, magnifique et onéreux... […] de belles conditions de travail alors que des gens se font tuer à New York et qu’elle consacre son temps et ses efforts à essayer d’attraper Trump».

Trump dénonce une «République bananière»

En débarquant mardi soir dans la capitale économique et culturelle des Etats-Unis, l’homme d’affaires avait annoncé qu’il allait «voir la procureure générale raciste de New York». Il s’estime, avec son groupe, la Trump Organization, «attaqués de toutes parts» dans un pays gouverné par son adversaire, Joe Biden.

Une «République bananière» selon lui. L’un des fils de Donald Trump, Eric, a dénoncé aussi sur Twitter le fait que son père soit contraint à «une déposition en face de la plus corrompue des procureurs généraux des Etats-Unis (Letitia James)». Le «mal» incarné, d’après Eric Trump.

Pratiques frauduleuses

Cette audition de Donald Trump – qui a quitté le pouvoir le 20 janvier 2021 sans reconnaître la victoire de Joe Biden et qui veut se représenter en 2024 – était réclamée par Letitia James depuis des mois et avait été fixée au 15 juillet. Mais le décès de la première épouse de Donald Trump, Ivana, avait encore repoussé l’évènement.

Les Trump ont finalement cédé à la pression après trois années d’enquête de la procureure. D’après CNN, Ivanka et Donald Jr. avaient discrètement été entendus par les services de la procureure générale fin juillet et début août.

Après des témoignages d’anciens avocats

L’enquête au civil contre le groupe familial Trump Organization avait été ouverte après le témoignage explosif au Congrès à Washington d’un des anciens avocats personnels de Donald Trump, Michael Cohen, faisant état d’évaluations frauduleuses, à la hausse ou à la baisse, d’actifs au sein de la Trump Organization afin de décrocher des prêts et d'obtenir des réductions d’impôts ou de meilleures indemnisations d’assurances.

Letitia James avait assuré en janvier avoir «mis au jour des preuves importantes qui font penser que Donald Trump et la Trump Organization avaient faussement et frauduleusement valorisé nombre d’actifs», notamment des golfs ou le triplex personnel du milliardaire américain, situé dans la Trump Tower à New York. Des allégations balayées par les avocats de l'homme d'affaires.

Enquêtes civile et pénale

La procureure générale n’a pas le pouvoir d’inculper Donald Trump, mais elle peut engager des poursuites civiles et notamment réclamer des réparations financières. Les faits présumés font aussi l’objet d’une enquête, pénale cette fois, menée par le procureur de Manhattan, Alvin Bragg.

Cette audition survient deux jours après une perquisition sans précédent du domicile de Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride, qui a déclenché une vague d’indignation chez les républicains. Il a même suggéré sur Truth Social que le FBI puisse avoir «placé» des preuves contre lui lors de l’opération.

Trump clame son innocence

Jamais un ancien locataire de la Maison Blanche n’avait été inquiété par la justice de cette façon. La perquisition de la police fédérale a-t-elle à voir avec les nombreux cartons que Donald Trump a emportés avec lui en quittant la Maison Blanche en janvier 2021? Est-elle liée à l’enquête sur sa responsabilité dans l’assaut du Capitole? Concerne-t-elle plutôt les soupçons de fraude financière dont la Trump Organization fait l’objet à New York?

Ni le ministère de la Justice ni le FBI ni la justice de New York n’ont fait de commentaires cette semaine. Donald Trump, qui flirte ostensiblement avec une nouvelle candidature en 2024, clame son innocence dans toutes ces affaires.

(ATS)

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