Relations avec Pékin au centre du débat
Les candidats à la présidence de Taïwan s'écharpent sur la Chine

Les candidats à la présidence de Taïwan ont croisé le fer samedi sur les relations de l'île avec la Chine, lors d'un débat précédant un scrutin qui sera suivi de près par Pékin et Washington.
Publié: 30.12.2023 à 20:26 heures

L'île démocratique de Taïwan est à deux semaines de cette élection cruciale, dont les résultats pourraient déterminer les futurs liens entre Taipei et une Chine de plus en plus belliqueuse.

Pékin, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire, a juré de s'en emparer par la force si nécessaire et a interrompu les communications de haut niveau avec l'administration de la présidente Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016.

Candidat souverainiste fustigé

Le Parti démocratique progressiste (DPP) de cette dernière a largement fait campagne sur un programme de souveraineté séparée de la Chine, et son candidat, le vice-président Lai Ching-te, s'est décrit comme un «militant pragmatique de l'indépendance de Taïwan».

Le vice-président Lai Ching-te (à gauche) serre la main de Ko Wen-je (à droite), candidat du Parti populaire taïwanais. Au centre, Hou Yu-ih, candidat du parti Kuomintang.
Photo: Pei Chen, Pool

Lors du débat, ses adversaires ont fustigé des positions qui «minent la sécurité de Taïwan». «La souveraineté de Taïwan appartient aux 23 millions d'habitants», a rétorqué Lai Ching-te.

La Chine communiste a intensifié ces dernières années les pressions militaires sur l'île, organisant également en 2022 deux manœuvres massives simulant un blocus.

«Pas prêt à devenir un vassal du totalitarisme»

Lors du débat, le candidat souverainiste a également accusé Hou Yu-ih, le candidat du parti Kuomintang (KMT) - considéré comme ayant des liens plus étroits avec Pékin – d'être favorable à la Chine.

«Je ne reviendrai pas en arrière (vers le passé) comme le Kuomintang et je ne serai pas prêt à devenir un vassal du totalitarisme», a-t-il lancé, son rival l'accusant en retour de l'avoir «sali».

«Nous devons maintenir la communication et les échanges (avec la Chine). C'est parce que vous ne l'avez pas fait que nous voyons un grand danger de l'autre côté du détroit», a plaidé Hou Yu-ih, réitérant son opposition à l'indépendance de Taïwan.

Petit parti outsider

Le vice-président s'en est également pris à Ko Wen-je, candidat du Parti populaire taïwanais (TPP), pour avoir déclaré que l'île et la Chine «ne forment qu'une seule famille».

Ko Wen-je, dont le petit parti a réussi à s'implanter dans le paysage bipartite dominant de Taïwan, a pour sa part qualifié de «gâchis» la politique de la présidente. «Le DPP adopte toujours une attitude très conflictuelle alors que le KMT pense toujours à la coopération (avec la Chine)», a-t-il affirmé.

Pékin critique une «mentalité de confrontation»

A Pékin, un porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises, qui gère les relations avec l'île autonome, a critiqué la prestation de Lai Ching-te, estimant qu'elle était pleine d'une «mentalité de confrontation».

Le porte-parole, Chen Binhua, cité par l'agence Chine Nouvelle, a accusé le parti souverainiste de «saboter le développement pacifique des relations entre les deux rives du détroit».

(ATS)

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