Relations tendues
Moscou «prête au pire» avec Washington malgré le dialogue de Genève

La Russie «est prête au pire mais espérons sûrement le meilleur» du dialogue avec les Etats-Unis à Genève, selon le numéro deux de sa diplomatie Sergueï Riabkov. Malgré des avancées, elle demande à Washington de montrer qu'il considère les intérêts de la Russie.
Publié: 01.10.2021 à 14:53 heures

«Il faut encore prouver dans la réalité que Washington est prêt à changer son approche déstabilisatrice», a affirmé vendredi Sergueï Riabkov lors d'une réunion au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP). Selon lui, les Etats-Unis n'ont pas encore montré qu'ils souhaitaient considérer les «intérêts et préoccupations sécuritaires légitimes» de la Russie. Et de préciser qu'il semble difficile à Washington d'abandonner une attitude «unilatérale».

Pour autant, Sergueï Riabkov est satisfait des deux premières discussions avec la délégation américaine emmenée par son homologue Wendy Sherman. Après celle de juillet, la réunion de jeudi a abouti au lancement de deux groupes de travail, l'un sur les objectifs pour un futur désarmement et l'autre sur les capacités et les actions des deux Etats.

Des discussions «intenses» et «substantielles»

«Nous avons finalement ouvert un processus, c'est important», estime le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Autre accord, il ne faut pas tenter de tout régler, selon lui. Parmi les discussions menées, les défenses antimissiles ou les nouveaux défis sécuritaires comme l'intelligence artificielle (AI) ont été abordés. Dans une déclaration commune jeudi soir, les deux pays avaient mentionné des discussions «intenses» et «substantielles».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov en attend davantage de Washington même si le dialogue sécuritaire de Genève avance selon lui.
Photo: MARTIAL TREZZINI

Le vice-ministre russe a remercié la Suisse et le Canton de Genève pour avoir offert un environnement adapté, aussi bien au sommet en juin entre les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine que pour le dialogue sécuritaire qu'ils ont établi. «La tâche est difficile», avertit toutefois Sergueï Riabkov.

Après les analyses des menaces considérées par les deux pays, il faudra tenter désormais de trouver une approche «mutuellement acceptable» vers le désarmement. Pas question en revanche de relancer l'appel fait l'année dernière à l'ex-président Donald Trump d'une réduction des anciennes armes nucléaires. «C'était une offre à une seule reprise. Les Etats-Unis ne l'ont pas acceptée», selon Sergueï Riabkov.

Malgré des compromis, les divergences persistent

Washington et la Russie avaient réussi il y a quelques mois à renouveler au dernier moment l'accord sur la réduction des armes nucléaires stratégiques (New START). Mais d'autres ont été suspendus ces dernières années et les divergences restent importantes.

Au-delà des discussions bilatérales, Moscou réitère son appel aux autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU, comme Joe Biden et Vladimir Poutine, de réaffirmer qu'une guerre nucléaire ou entre acteurs nucléaires ne doit pas être menée. Sergueï Riabkov se dit «inquiet» des déclarations britanniques récentes sur une future extension du dispositif nucléaire.

Et également de l'alliance entre Londres, les Etats-Unis et l'Australie contre la Chine. Après les rencontres des deux groupes de travail, Washington et Moscou devront à nouveau se réunir dans les prochains mois à Genève.

(ATS)

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