La Russie est sous pression. Le président Vladimir Poutine ne bénéficie plus du soutien habituel au Kremlin. La résistance s’organise en coulisses. Des politiciens locaux russes ont même lancé une pétition pour demander la destitution du président.
Le journaliste et enquêteur en chef du groupe de recherche Bellingcat, Christo Grozew, affirme lui aussi que Vladimir Poutine est soumis à une pression massive. «Actuellement, Poutine change de stratégie de guerre toutes les semaines», déclare Christo Grozew dans une interview au journal alémanique «Tages Anzeiger».
Même ceux qui étaient pro-guerre s’opposent à Poutine
Poutine a d’abord tenté de s’emparer de l’Ukraine d’un coup. Mais cela n’a pas fonctionné. C’est la raison pour laquelle il a envoyé des troupes de mercenaires privés et des prisonniers sur le front – également sans succès. «Il y a désormais aussi des problèmes massifs avec la mobilisation partielle. Et cela, les élites du pouvoir le voient. Je ne peux pas m’imaginer qu’elles participent encore beaucoup plus longtemps», poursuit l’expert.
Poutine n’a donc pas seulement des opposants à la guerre contre lui, mais aussi des partisans. Ceux-ci lui reprocheraient sa réaction hésitante après les cuisantes défaites autour de Kiev et dans l’est du pays. Christo Grozew en est donc certain: «Si cela continue, Poutine tombera en l’espace d’un an.» Et il prévient: «Cela pourrait également entraîner une grande effusion de sang.»
Combien de temps Poutine va-t-il encore rester?
Il n’y a pas encore de grandes protestations en Russie. Ce qui est surtout dû à la brutalité des autorités. «Les gens sont battus, arrêtés et condamnés à de longues peines de prison», explique le journaliste de Bellingcat au «Tages Anzeiger». On constate toutefois une forte montée du mécontentement auprès du moteur de recherche Yandex, l’équivalent russe de Google. Le jour de la mobilisation, l’une des questions les plus fréquentes était de savoir quand auraient lieu les prochaines élections présidentielles.
«Si, par miracle, Poutine est encore au pouvoir lors des prochaines élections régulières de 2024, de nombreuses personnes voteront contre lui», affirme Christo Grozew avec conviction. Mais dans ce cas, Poutine ferait probablement truquer les élections… ce qui entraînerait une révolte plus importante. Il est toutefois très douteux que le chef du Kremlin puisse encore s’accrocher au pouvoir d’ici là, estime l’expert russe.