Sommet de combat à Vilnius
L'OTAN doit aussi penser et préparer la paix en Ukraine

L'Alliance Atlantique va de nouveau redoubler d'efforts, à Vilnius, dans son soutien à l'Ukraine en guerre. Mais le pire serait, en pleine contre-offensive, d'oublier que la paix doit rester l'objectif ultime.
Publié: 10.07.2023 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2023 à 22:16 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

«Pour faire la paix, prépare la guerre». Depuis l’agression russe sur l’Ukraine du 24 février 2022, cette devise bien connue a été remaniée par l’OTAN. En organisant le soutien militaire des alliés à Kiev, et en consolidant la défense de ses pays membres les plus exposés aux menaces de Moscou, l’Alliance atlantique est allée beaucoup plus loin qu’une simple «préparation» à un éventuel conflit. Même si les livraisons d’armes à l’Ukraine sont l’affaire des États et de l’Union européenne, la plus puissante coalition militaire au monde ne ressemble plus du tout, en 2023, à ce qu’elle était avant ce conflit. Sans surprise, c’est donc d’armes, d’opérations, d’appui effectif et de garanties durables de sécurité à l’Ukraine que vont discuter les alliés à Vilnius, en Lituanie, où leurs dirigeants se retrouvent ce mardi et mercredi.


Le pire serait toutefois, alors que la contre-offensive ukrainienne semble rencontrer de sérieuses difficultés face à des forces russes solidement retranchées, d’oublier que cette guerre ne doit pas devenir un but en soi. Alliance défensive, conçue après la seconde guerre mondiale pour protéger le monde «libre» et l’Europe de l’Ouest de la menace de l’ex-URSS, l’OTAN ne doit pas avoir pour vocation de perpétuer les hostilités en Ukraine. Que ce pays soit aujourd’hui le bouclier du continent européen, et qu’il mérite absolument la solidarité sans faille de tous les alliés est une chose. Que cette guerre se perpétue en raison de l’arrivée, sur le terrain, d’armes de plus en plus sophistiquées, ne peut pas être l’unique scénario pour une Organisation du traité de l’Atlantique nord qui, à force de s’étendre, a de facto engendré de dangereuses incertitudes dans son immédiate périphérie.

2022 sous le choc de la guerre

À la fin juin 2022, sous le choc de la guerre voulue et provoquée par Vladimir Poutine, l’OTAN se réunissait à Madrid avec deux priorités: répondre unanimement aux demandes de l’Ukraine et accepter en son sein deux ex-pays neutres, la Finlande et la Suède. La situation, un an plus tard, est de nature différente. L’urgence est passée. Il s’agit d’inscrire le soutien à l’Ukraine dans la durée, et d’offrir à ce pays un cadre formel qui, sans intégrer l’Alliance, envoie à sa population et à Moscou un signe approprié. Tandis qu’une solution négociée, acceptée par Ankara et Stockholm, a permis lundi soir de lever le véto turc à l’entrée de la Suède, sans mélanger le sujet des négociations turques avec l’Union européenne, évoqué in extremis par ce maître de la surenchère qu’est Recep Tayyip Erdogan.

Dés son arrivée à Vilnius, le président Turc Recep Erdogan a tenu une réunion bilatérale avec le premier ministre suédois, dont le pays fait aujourd'hui encore face à un véto d'Ankara.
Photo: Anadolu Agency via Getty Images
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Refaire de la politique

L’OTAN, en somme, doit se remettre maintenant à faire de la politique. Et à penser diplomatie, négociation, architecture durable de sécurité et retour à la normale. Surtout pour les populations d’autant exposées au pire que les États-Unis s’apprêtent à livrer des armes à sous-munitions, et que des avions F16 réclamés par Kiev pourraient suivre. La guerre en Ukraine ne peut pas être une solution. L’expansion éventuelle vers le Pacifique, via l’ouverture envisagée d’un bureau au Japon, n’est en rien une priorité. Imaginer la paix possible pour demain ou après-demain avec la Russie, et oser en parler entre dirigeants des 31 pays membres de l’Alliance Atlantique, est en revanche une obligation.

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