Tensions sino-américaines
Antony Blinken reporte son voyage en Chine à cause du ballon suspect

Antony Blinken reprogrammera sa visite en Chine quand les «conditions seront réunies», a-t-il indiqué. Les Etats-Unis se sont dits «confiants» dans leur capacité à maintenir le dialogue avec Pékin malgré le report de ce voyage.
Publié: 03.02.2023 à 17:34 heures

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté vendredi une visite prévue à Pékin après la détection d'un ballon espion chinois présumé dans l'espace aérien des Etats-Unis, malgré les «regrets» exprimés par les autorités chinoises pour cette intrusion.

«Il y a un ballon de surveillance chinois qui survole actuellement les Etats-Unis à haute altitude, c'est une violation claire et inacceptable de la souveraineté américaine», a déclaré un haut responsable du secrétariat d'Etat sous couvert d'anonymat.

La visite d'Antony Blinken à Pékin, prévue dimanche et lundi, est donc «reportée» et sera reprogrammée quand «les conditions seront réunies», a-t-il ajouté, tout en se disant «confiant» dans la capacité des Etats-Unis à maintenir le dialogue avec Pékin.

Un ballon d'espionnage chinois provoque des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Antony Blinken a annulé sa visite à Pékin.
Photo: keystone-sda.ch

Le Pentagone avait annoncé la veille avoir détecté un aérostat de grande taille au-dessus des Etats-Unis, et avait assuré n'avoir aucun doute sur sa provenance chinoise et son usage à des fins d'espionnage.

«Intrusion involontaire»

Pékin, qui avait d'abord appelé à ne pas «monter en épingle» cette affaire, a reconnu vendredi qu'il s'agissait bien d'un appareil venu de Chine.

Mais «c'est un aéronef civil, utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques», a assuré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

Affecté par les vents, ce ballon «a dévié de sa trajectoire», a-t-il ajouté, en exprimant les «regrets» de son pays pour cette violation «involontaire» de l'espace aérien américain.

Missiles nucléaires

«Le ballon vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial. Il ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol», a fait savoir le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder.

Selon les médias américains, le ballon a survolé les îles Aléoutiennes dans le nord de l'océan Pacifique, puis a traversé l'espace aérien canadien, avant d'entrer aux États-Unis il y a environ deux jours.

Il a notamment volé au-dessus de l'Etat du Montana, qui abrite des silos de missiles nucléaires, où des avions de chasse se sont approchés de lui, a indiqué un haut responsable du Pentagone sous couvert d'anonymat.

Il a été décidé de ne pas l'abattre, en raison des risques posés par d'éventuels débris pour les personnes au sol, a-t-il ajouté, tout en jugeant «limitée» sa capacité à collecter des informations.

«Abattez ce ballon»

Le gouvernement canadien a ajouté vendredi enquêter sur un «deuxième incident potentiel».

«Le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d'un deuxième incident potentiel», a déclaré le ministère de la Défense du Canada dans un communiqué, sans plus de précisions.

Ce n'est pas la première fois que l'armée américaine constate une telle intrusion, mais cet aéronef est resté plus longtemps que d'autres dans l'espace aérien américain.

L'incident a suscité de vives réactions dans la classe politique américaine. «Cette violation de la souveraineté américaine, à quelques jours de la visite du secrétaire d'Etat Blinken en Chine, montre que les signes récents d'ouverture» de la part des autorités chinoises «ne reflètent pas un changement réel de politique», ont notamment commenté les chefs républicain et démocrate d'une commission parlementaire sur la Chine, Mike Gallagher et Raja Krishnamoorthi.

«Abattez ce ballon!», a exhorté l'ancien président républicain Donald Trump sur Truth Social.

La visite en Chine d'Antony Blinken aurait été la première d'un secrétaire d'Etat américain depuis octobre 2018, au moment où les deux superpuissances cherchent à éviter que les vives tensions qui les opposent ne dégénèrent en conflit ouvert.

Parmi les nombreux sujets de contentieux figurent Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie intégrante de son territoire et les activités de Pékin en mer de Chine méridionale.

(ATS)

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