Un pied de nez à l'Occident
Les intentions (pas si) cachées d'Alexandre Loukachenko à Pékin

Alexandre Loukachenko s'est rendu en Chine sur ordre de Vladimir Poutine, cela ne fait que peu de doute. Mais le dictateur biélorusse a aussi apporté son propre agenda. Tour d'horizon des enjeux.
Publié: 02.03.2023 à 14:26 heures
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Dernière mise à jour: 02.03.2023 à 14:42 heures
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Marian Nadler

Par les temps qui courent, il s'agit d'une rencontre particulièrement explosive. Mardi, le dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko, et le chef d'État chinois, Xi Jinping, se sont rencontrés à Pékin.

Ce rapprochement – entre l'un des plus proches alliés de Moscou et l'homme le plus puissant de Chine – remet en question l'image d'abord présentée par Pékin, celle de se tenir à distance de la guerre en Ukraine. Dans cette situation, le président biélorusse se risque à jouer les équilibristes. «On ne peut pas résoudre les questions internationales sans la Chine, a-t-il affirmé à l'agence de presse chinoise Xinhua avant la rencontre. Ceux qui veulent endiguer et empêcher le développement de la Chine actuelle ne réussiront pas.» Un signal clair en direction des États-Unis et de l'OTAN.

Pékin veut livrer du matériel de guerre à la Russie

Wan Qingsong, professeur au Centre d'études russes de l'East China Normal University à Shanghaï, explique dans le «Washington Post» ce qui lie les deux pays: «Comme la Chine, la Biélorussie essaie de montrer au monde qu'elle ne veut pas s'allier à la Russie et qu'elle est prête à jouer un plus grand rôle de médiateur.» Dans l'intensification des relations avec Pékin, Alexandre Loukachenko voit en outre la possibilité de se libérer un peu de l'étreinte de Moscou.

Le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko s'est rendu à Pékin cette semaine, en visite officielle.
Photo: Getty Images
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Il y a quelques jours, les Chinois ont publié un plan de paix en douze points. Celui-ci comporte notamment un cessez-le-feu. Cette démarche représente pour Pékin une façon de pointer du doigt les États-Unis comme les responsables de l'instabilité mondiale.

Pourtant, la superpuissance chinoise est elle-même soupçonnée de vouloir fournir à Vladimir Poutine du matériel de combat pour sa campagne en Ukraine. Depuis des jours, des officiels américains disent disposer d'indices dans ce sens. Lundi, Pékin a nié avec véhémence ces accusations et s'est retourné contre Washington en désignant ces déclarations comme du «harcèlement flagrant et des doubles standards».

Alliance contre l'Occident

La visite d'Alexandre Loukachenko a de toute évidence comme objectif de prouver de quel côté se trouve réellement le gouvernement chinois. «Pékin, Moscou, Minsk et Téhéran présentent clairement une posture qui dit: 'Nous avons d'autres options et nous les afficherons fièrement – vous pouvez nous sanctionner autant que vous voulez et cela n'a pas d'importance'», explique au «Washington Post» Raffaello Pantucci, du Royal United Services Institute for Defense and Security Studies, à Londres.

Des représentants de haut niveau de cette alliance contre l'Occident ne cessent de faire des allers-retours entre les quatre capitales. La semaine dernière encore, le haut diplomate chinois Wang Yi s'est rendu à Moscou. En outre, le président iranien, Ebrahim Raïssi, s'est rendu dans la capitale chinoise en février.

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