Un proche de Philipp F. se confie
«J'ai tout de suite eu peur de savoir qui était le tireur de Hambourg»

Une fusillade a fait sept morts et huit blessés lors d'une réunion des Témoins de Jéhovah jeudi dernier à Hambourg. Un membre de la famille du tireur, Philipp F., révèle ce samedi des détails explosifs.
Publié: 11.03.2023 à 19:07 heures
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Dernière mise à jour: 22.07.2024 à 14:35 heures
Chiara Schlenz

Tragédie à Hambourg: jeudi soir, 135 coups de feu ont été tirés lors d’une réunion des Témoins de Jéhovah dans la ville allemande, laissant place à un véritable bain de sang. Philipp F.*, l’auteur présumé, a tiré sur sept personnes, en a blessé au moins huit, parfois grièvement, et se serait ensuite suicidé.

Le tireur est un ancien membre de la communauté hambourgeoise des Témoins de Jéhovah, qu’il a quitté volontairement, il y a un an et demi. Même après son départ, l’homme s’est montré très religieux sur la Toile, publiant des textes sur ses opinions concernant Dieu et Satan.

Au journal «Augsburger Allgemeine», un proche parent de Philipp F. donne de plus amples détails sur celui-ci. «Il est complètement tombé dans un délire religieux, avait des visions, se sentait persécuté», dit-il à propos de la période qui a suivi sa sortie de la communauté.

Philipp F. a tué sept personnes et s'est suicidé dans la nuit de jeudi à vendredi à Hambourg.
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«J’ai tout de suite eu peur que ce soit lui», explique l’homme que le journal n’a cité que sous un pseudonyme. Il aurait su que Philipp F. était «très atteint» sur le plan psychique. Le parent cité, mais aussi d’autres membres de la famille, ont toujours suggéré au tireur d’aller chercher de l’aide. «Mais il n’en voulait pas.»

«Si j’avais su ce qui se passait en coulisses…»

Le parent, qui dit avoir lui-même quitté les Témoins de Jéhovah, aurait vu le présumé tireur pour la dernière fois l’été dernier. Il s’était alors montré «très agressif». «Ça n’avait plus rien à voir avec la personne que je connaissais.» Une nouvelle prise de contact en janvier est restée sans réponse de la part de Philipp F.: «Il ne voulait pas reconnaître son propre délire et sa maladie.»

Ce dernier a grandi à Kempten, dans l’Allgäu (en Allemagne) et a suivi une formation d’employé de banque dans un établissement financier privé allemand. Il a ensuite étudié la gestion d’entreprise. Très tôt, il a été confronté aux Témoins de Jéhovah, de nombreux membres de sa famille faisant partie de l’organisation religieuse.

Lorsqu’au début de la vingtaine, Philipp F. a déménagé à Hambourg pour des raisons professionnelles, il y est entré à nouveau en contact avec des Témoins de Jéhovah.

«Mais il a vite compris comment fonctionnait le système de la communauté… et qu’on lui avait menti. Un jour, il a dit: "Si j’avais su ce qui se passait en coulisses, je n’aurais jamais adhéré."» Au bout d’un an et demi, il aurait à nouveau quitté le mouvement – et serait alors tombé dans «un délire complet».

Les Témoins de Jéhovah donnent de nouveaux détails

Le porte-parole des Témoins de Jéhovah de Hambourg, Michael Tsifidaris, s’est exprimé samedi devant la presse. Il n’a pas dit grand-chose sur le fait que Philipp F. ait quitté le groupe religieux, si ce n’est qu’il s’agissait d’une décision personnelle. Or, un tel départ a des répercussions sur les relations personnelles avec les membres de la communauté et les amis.

Fin 2022, le présumé tireur a publié un livre titré «La vérité sur Dieu, Jésus-Christ et Satan». Les Témoins de Jéhovah écrivent, du moins sur le Net, que cela a conduit à son expulsion des Témoins de Jéhovah. Michael Tsifidaris confirme qu’il y a eu des divergences au sein de la communauté sur l’idée et la réalisation du livre. La police hambourgeoise poursuit toutefois ses investigations à ce sujet.

La police a déjà reçu des informations en janvier

L’Allemand était un tireur sportif. Il n’était néanmoins pas connu comme extrémiste. Depuis le 12 décembre, l'homme était en possession légale d’un pistolet semi-automatique, a déclaré le chef de la police Ralf Martin Meyer. Il s’agit de l’arme du crime.

En janvier, l’autorité de contrôle des armes a reçu une information anonyme sur une éventuelle maladie psychique de Philipp F.. Selon l’individu anonyme, il est possible que la maladie psychique de l’auteur présumé de la fusillade n’ait pas été diagnostiquée par un médecin, car Philipp F. ne se soumettait pas à un traitement médical. Selon la lettre, l’homme nourrissait une colère particulière contre les adeptes religieux, en particulier les Témoins de Jéhovah et son ancien employeur.

Les enquêteurs n’excluent pas d’éventuels conflits au sein de la communauté. Le chef de la police Martin Meyer a d’ailleurs déclaré qu’il y avait des indices d’une dispute «peut-être issue des Témoins de Jéhovah». Cela doit maintenant être vérifié.

*Nom connu de la rédaction

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