Chronique de Benjamin Décosterd
Paléo: Franchement déçu de ce premier soir

Le coup d'envoi de la 46e édition du Paléo a été donné ce mardi 18 juillet. Mais ce n'est pas au goût de tout le monde. L'auteur et chroniqueur Benjamin Décosterd pose son regard décalé sur le festival.
Publié: 19.07.2023 à 08:26 heures
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Dernière mise à jour: 20.07.2023 à 09:46 heures
Benjamin Décosterd

Et je suis très déçu que vous soyez tombés dans le panneau de ce titre putaclic (ou travailleureusedusexeaclic comme disent les jeunes).

Cela faisait six ans que je tentais d’attirer l’attention des médias à grands coups de posts de blog piquants sur le petit milieu politico-médiatico-bobo romand et ENFIN, on me file une chronique. Comme dirait votre marraine ésotérique ou votre neveu entrepreneur:

Me voilà donc propulsé chroniqueur culturel. Le titre, c’est bien, mais l’essentiel sera dans la manière de vous parler de ce festival, puisque le journalisme — comme le sexe — c’est avant tout une histoire d’angle.

Les Black Eyed Peas (sans Fergie).

Mardi 14h34 et encore 0 pour 1000: fin du briefing d’équipe. Pendant que l’équipe réseaux sociaux part filmer des glaces pour Tiktok (Blick, numéro 1 sur l’investigation) et certainement piéger les premiers festivaliers avec des #Quoicoubeh, je vais me chercher une bière au bar de l’espace presse.

Il faut payer son verre.

Journaliste depuis à peu près 20 minutes, je suis scandalisé que nous – les piliers de la démocratie, les socles du vivre-ensemble, les suffisamment importants pour s’autoproclamer importants – devions payer. En plus, depuis la retraite de Michel Zendali, Paléo ne prendrait pas tellement de risque en offrant les tournées.

Et surtout, devoir payer ses verres soulève une autre question: pourquoi les médias romands déroulent-ils chaque année un tapis éditorial aussi rouge qu’une langue léchant le cul de Daniel Rosselat? Juste pour une accréditation? LOL.

Je sais pas pour la presse, mais ma dignité vaut plus que 400 balles. Bon, pas beaucoup plus non plus, mais quand même.

Avant que les premiers concerts démarrent, j’ai encore eu le temps de faire un tour dans le Village du Monde, aux couleurs du Brésil. Globalement, on est sur une appropriation culturelle light, les faux seins et les références au foutchibaowl en moins.

Pour ce qui nous intéresse ici (la culture): parlons peu, mais journalistons bien. Et enchaînons sur les concerts. Enfin LE concert.

Pas que les Black Eyed Peas soient spécialement LA tête d’affiche (ou alors avec 15 ans de retard), mais simplement parce que pendant Louise Attaque, j’étais occupé à discuter avenir des médias avec ceux qui y travaillent, aka des futurs chargés de communication.

De l’espace presse, j’ai quand même pu entendre que Louise Attaque a joué deux fois «Je t’emmène au vent». C’est jamais bon signe.

Vous voyez ce pote qui vous répète en boucle que l’autre fois après la soirée «j’te jure, la meuf elle m’a trop dit que mon amour était éternel PARCE QUE BON J’AI TENU PIRE LONGTEMPS. RAPPORT À MON ORGASME.»? Bon ben ce pote, c’est Louise Attaque.

Au fond, entendre un groupe faire un rappel de son tube d’il y a 26 ans joué il y a 45 minutes, c’est comme voir quelqu’un essayer de s’auto-pratiquer du sexe oral: on comprend l’intention, mais de l’extérieur, c’est très gênant.

Cela étant dit, chronique culture, soyons sérieux: les Black Eyed Peas.

Première question: Est-ce que will.i.am a fait toute sa carrière sur la présence de Fergie dans ses clips? Peut-être.

Deuxième question: Est-ce que le concert était bien? Non.

Parce que :

  • Y’avait pas Fergie.
  • Un des chanteurs, Taboo, avait fêté son anniversaire il y a 4 jours. On a dû s’arrêter 5 minutes et chanter 2 fois pour lui. Niveau membre insistant, on était plus sur le sexe de Bernard Nicod que sur l’un des Black Eyed Peas.
  • Fergie, where are you?
  • Après 15 minutes de concert, premier frisson dans le public: les Black Eyed Peas reprennent Seven Nation Army des White Stripes. Déçu qu’ils n’aient pas enchaîné sur «Je t’emmène au vent» (jamais deux sans trois).
  • Manchester United-Black Eyed Peas, même combat: c’est plus pareil sans Fergie.
  • Les effets pyrotechniques ressemblaient à des petits hoquets de Rammstein (oui, je suis allé les voir en concert, (oui, c'était après les accusations d’agressions sexuelles, (oui, il faudra qu’on en reparle dans une des chroniques de cette semaine (oui, ça commence à faire beaucoup de parenthèses)))).
  • (Fergie ?)

Alors évidemment, pour que cet article soit culturellement digne de ce nom, il manque encore une petite phrase de critique qui n’a jamais osé faire de musique, du style de: «Moi aussi, si j’avais voulu et que je ne m’étais pas fait les croisés, j’aurais pu la faire cette grande scène.»

Aussi, c’est une évidence que «Les Black Eyed Peas nous ont déçus, car incapables de nous faire ressentir la musique, et pour cause: leur physicalité semblait totalement en décalage avec l’émotion projetée.»

Moi non plus, je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire, mais c’est toujours classe de placer 2-3 termes compliqués dans une critique culturelle.

À demain.

Mise en abîme.

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