Chronique de Jessica Jaccoud
Parce que la vie est plus chère, indexons les salaires

La députée socialiste vaudoise Jessica Jaccoud critique le virage adopté par le gouvernement vaudois sur les salaires de la fonction publique et parapublique. Pour la politicienne, les revenus des employés devraient être indexés sur l'inflation.
Publié: 15.12.2022 à 18:11 heures
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Dernière mise à jour: 15.12.2022 à 18:12 heures
Jessica Jaccoud

Ce n’est un secret pour personne, la vie est plus chère cette année que la précédente.

Le renchérissement s'est chiffré à +3% en Suisse en octobre 2022.

Alors oui, c’est toujours moins que ce que vivent les Français (+6,2%) ou les Allemands (+10,4%). Mais c’est quand même beaucoup et cela impacte de manière très concrète nos ménages, nos familles, nos salariés, nos retraités.

Des employés ont manifesté mardi à Lausanne pour exiger du Conseil d'État vaudois qu'il indexe pleinement les salaires au renchérissement.
Photo: keystone-sda.ch

L'inflation s'installait, et le gouvernement est passé à droite

En gros, bien que vous gagniez ou receviez le même salaire ou la même rente, vous perdez du pouvoir d’achat. Pour celles et ceux qui finissaient déjà le mois avec zéro, ce sont des factures qui ne peuvent plus être payées, des achats qui ne peuvent plus se faire.

Dans le canton de Vaud, en même temps que l’inflation s’installait, la majorité du gouvernement est passée à droite. Et cela aura un impact majeur sur la manière dont les employés de la fonction publique et parapublique vaudoise seront traités.

Le service public a été remercié pendant les deux grosses années impactées par la pandémie. L’État était vu comme la seule institution capable de tenir le cap dans la tempête, préservant les familles et les entreprises de la banqueroute.

Les employés du service public, celles et ceux qui assurent la délivrance des prestations à la population, celles et ceux qui nous soignent, qui s’occupent de nos enfants et de nos aînés, qui assurent notre sécurité, qui œuvrent dans l’ombre au maintien du tissu social, ont été reconnus comme indispensables.

Les plans d'indexation des salaires tombent à l'eau

C’est la raison pour laquelle, notamment, l’ancien gouvernement de gauche avait envisagé, au printemps de cette année, une pleine indexation des salaires de la fonction publique et parapublique. Cette technique permet d’ajuster sensiblement les salaires afin de conserver un revenu réel similaire. On ne parle pas ici d’augmentation à proprement parler, puisque cet ajustement permet uniquement de compenser l’augmentation des prix.

Mais voilà que, patatras, la majorité passe à droite au 1er juillet de cette année. Résultat des courses, le Conseil d’État accorde à fonction publique et parapublique une indexation partielle de 1,4%, soit moins de la moitié du renchérissement réel.

Si c’est dramatique, c’est aussi parce que l’État a un rôle modèle à jouer. Il peut, par effet d’entraînement, encourager les secteurs privés à agir de manière similaire. Il joue également un rôle de modèle, d’étalon, sur lequel les salariés privés peuvent s’appuyer dans le cadre des négociations ou du partenariat social. La majorité de droite rate la marche sur ce point.

Le choix de l'arrogance et du mépris

Il faut relever aussi qu’un taux d’indexation de 1,4% est très au-dessous de ce que font les autres collectivités publiques, alors que le Canton de Vaud jouit d’une situation financière exceptionnellement bonne. À titre d’exemple, le canton de Zürich propose une indexation des salaires de 3,5%, celui de Fribourg 2,55%, Jura 2,08%, Valais 2%.

Au niveau des villes, Lausanne a déjà indexé les salaires de ses employés de 2,87% depuis le 1er septembre. Yverdon-les-Bains le fera dès le 1er janvier 2023 de 3,23%.

On voit donc bien que ce nouveau gouvernement, et sa nouvelle ministre des Finances Valérie Dittli, ont choisi l’arrogance et le mépris face à celles et ceux qu’il emploie et qui réalisent les tâches publiques dans le domaine du social et de la santé. C’est tout simplement de la radinerie, vu la situation financière du canton de Vaud, de ne pas garantir les salaires réels des employés de la fonction publique et parapublique.

Bonnes vieilles rengaines libérales

Pire, celles et ceux qui auraient pu voir en Valérie Dittli un souffle nouveau, une représentante de la jeunesse indépendante et ouverte à faire de la politique autrement, doivent être douchés. La nouvelle ministre des Finances répond aux bonnes vieilles rengaines libérales avec encore plus d’entrain que son prédécesseur.

Ainsi, ce sont environ 70'000 personnes, employées de la fonction publique et parapublique vaudoise qui commenceront l’année 2023 avec des baisses de revenus.

Face à son premier grand oral, la majorité de droite laisse tomber le masque. Vous êtes prévenus, ça sera des baisses d’impôts pour les plus aisés et des coupes dans la fonction publique. La lutte contre la vie chère n’est pas au programme, le respect de celles et ceux qui servent l’État non plus.

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