Chronique de Lara Diserens
On ne choisit pas sa famille, encore moins à sa table de Noël

Le meilleur et le pire des fêtes de fin d’année, c’est de se retrouver en famille. Notre journaliste Lara Diserens vous fait un récap' des profils les plus communs (malheureusement) à retrouver autour de votre table à Noël.
Publié: 24.12.2023 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 24.12.2023 à 06:24 heures
Lara Diserens

Ahhhh Noël... les décorations kitchos, les bonnes bouffes, les cadeaux à foison... et aussi (et surtout) de merveilleux moments en famille! Vous n'êtes pas d'accord?

Bon, je vous l'accorde. Ces retrouvailles ne sont pas toujours synonymes de bonheur et de bienveillance. Les chants de Noël peuvent subitement prendre la tonalité de règlements de compte, et l'hypocrisie finit parfois par l'emporter sur la tolérance. Mais que voulez-vous? On ne choisit pas sa famille. Et parfois, il faut savoir faire la part des choses. Comme tante Francine. 

Pour vous sentir moins seuls, voici un récap' des profils les plus communs à retrouver autour de votre table de Noël. Lourds, mais iconiques. Et le premier en est l'exemple parfait.

On ne choisit pas sa famille. Et parfois, il faut savoir faire la part des choses. Comme tante Francine.
Photo: Getty Images

Boris, le beauf sensible

Vous ne savez pas vraiment quel lien de parenté vous lie, mais son arrière-train est enfoncé dans votre canapé chaque année. Il arrête de fumer tous les six mois, mais cette fois, il a lu le livre magique. Sa cigarette électronique goût mangue coco atomise votre salon feng shui. 

Son bide débordant vous arrange bien quand il faut liquider la tarte double crème hyper lourde de tante Francine que personne n’assume. Il est gentil Boris, mais pourquoi personne ne lui dit que sa chemise rose pâle lui donne une allure de porcinet? 

On le critique, mais c’est bien le seul qui ne vous emmerde pas avec ses histoires de boulot puisqu’il est à l’AI depuis à peu près toujours. Et sous sa carapace de beauf se cache une sensibilité touchante qui se révèle en fin de soirée après un bon génépi, quand les enfants sont enfin fatigués. En parlant de calvaire…

Eléa, la très jeune HP tyrannique

Son prénom, c’est elle qu’il l’a choisi. Parce qu’Eléa a le droit de se définir comme elle veut. D’ailleurs à la maison, Eléa a le droit d’à peu près tout. Quand cruela junior débarque chez vous, vous tournez vite comme la cocotte qui bout dans votre cuisine en chantier. 

Ses parents ne veulent plus qu’elle subisse la pression du système scolaire. C’est l’école à la maison pour la petite HP. Sa maîtresse a osé lui mettre une punition quand elle lui a exprimé sa frustration par un «ta gueule grosse truie». Tu imagines? C’est votre main dans son petit visage que vous vous dessinez mentalement, mais vous évacuez par le rire quand Eléa vous lance sa mini Stan Smith en pleine figure. 

Francine, la fashion victime à moustache

Vous l’aimez bien Francine, parce qu’elle fait la part des choses avec tout le monde. Vêtue de sa robe Desigual délavée aux arômes de grenier humide, tante Francine a la patate. Elle s’intéresse aux théories complotistes de Boris et aux recommandations écolos des parents de la petite terreur. 

Chaque année, vous vous jurez de lui dire que son smokey eye ressemble à un œil au beurre noir, mais vous préférez lui laisser vivre son moment dans la peau de Beyoncé. Francine n’est peut-être pas un avion de chasse, mais au moins, elle n’arrive pas les mains vides comme les bobos de service et leur demi de vin bio. 

En plus de son gâteau fatal, elle amène diverses mignardises semi-avariées emballées dans du papier alimentaire. Tout fait maison! Vous avez toujours un pincement au cœur au moment de lui faire la bise, même si sa moustache pique un peu.

Thibault, le jeune entrepreneur TikTok

De la moustache, Thibault n’en a pas encore. Du haut de ses 17 ans, le jeune entrepreneur sait ce qu’il veut. Et il a des interrogations existentielles: «Mais comment ça tu bosses en entreprise? T’as pas de projets?» Eh non Thibault, les factures ne se paient pas en TikTok et en heures effectuées à la salle. En même temps, à part soulever de la fonte et quelques adolescentes de son collège, votre neveu n’a pas grand-chose à secouer. 

Peut-être qu’il ira à HEC Saint-Gall, mais il préférerait lancer directement sa start-up. Vous aimeriez lui parler du troisième pilier et du prix du papier toilette, mais son engouement arrive à vous faire un peu rêver. Peut-être qu’un jour, vous fêterez Noël dans sa baraque épurée à Belmont. 

Justine, la cousine (très) radine

Elle y croit, Justine, à ce discours de nouveau riche. Les dollars brillent dans ses yeux quand elle écoute le prépubère. Comment lui en vouloir? Elle a épousé un intermittent du spectacle qui va décrocher le rôle de sa vie — cette fois, il le sent. 

C’est votre cousine directe, mais vous cherchez encore d’où vient son sang de râpe. Quand on dit pas de cadeaux entre adultes, elle le prend à la lettre. C’est limite si elle racle le fond des plats pour s’en faire un tupperware à prendre à la crèche. Elle bosse avec des enfants, mais n’en veut pas. Tu connais le prix de couches? D’ailleurs, vous lui devez 1.40 francs pour le tampon qu’elle vous avait dépanné. 

On est méchants: elle gâte quand même les plus jeunes. Ça varie entre les Neocolor qu’elle reçoit au boulot, ou des chocolats — de sous marque. On ne voit pas la différence avec les vrais. C’est trop demander de glisser 50 balles dans une enveloppe à paillettes? Thibault en a besoin pour sa start-up. Car oui, malgré tout, vous pensez au bonheur de vos proches avant tout…

Joyeuses fêtes!

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