Chronique de Sonia I. Seneviratne
La crise climatique tue – aussi en Suisse

La climatologue Sonia I. Seneviratne est professeure à l'École polytechnique fédérale de Zurich. Ce samedi pour Blick, elle revient sur les conséquences humaines de la crise climatique – qui tuerait également en Suisse.
Publié: 23.07.2023 à 11:44 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2023 à 14:14 heures

La déstabilisation du système climatique n’est plus une menace vague dans le futur, mais une source de danger ici et maintenant. Il suffit de constater les récentes températures caniculaires dans la plupart de régions de l’hémisphère nord pour s’en rendre compte.

Cela inclut aussi des températures extrêmes en Suisse ainsi que les conséquences qui en découlent, tel que le risque accru de feux de forêt, par exemple ces derniers jours dans le Haut-Valais.

Une récente étude vient de démontrer que la canicule de l’année dernière en Europe a causé 61'000 décès supplémentaires sur le continent. La Suisse n’a pas été épargnée. Dans une étude dirigée par Ana Vicedo-Cabrera de l’Université de Berne à laquelle notre groupe a également contribué, nous avons identifié que plus de 600 personnes sont décédées dû à la canicule et que 60% de ces décès peuvent être attribués au réchauffement climatique d’origine humaine.

Les personnes les plus touchées par les canicules seraient les femmes âgées habitant en ville.
Photo: KEYSTONE

Les personnes les plus touchées sont les femmes âgées habitant en ville. Mais les hommes âgés montrent aussi un risque accru de décès lors de températures élevées.

Risque relatif de mortalité en fonction du percentile de température pour les hommes (gauche) et les femmes (droite) de plus de 65 ans. Une valeur de 1.2 indique 20% de risque en plus de décéder aux températures indiquées.
Photo: Ana M. Vicedo-Cabrera et al., 2023

Ces résultats montrent que nos émissions de gaz à effet de serre ont des conséquences chez nous. Elles induisent des décès en Suisse, et non pas seulement dans des pays éloignés et aux moyens financiers limités. Bien que la Suisse soit un pays riche, elle n’est pas épargnée. La loi climat approuvée par le peuple en juin a permis au gouvernement d’avancer vers plus d’action pour diminuer son empreinte climatique. Mais cela ne suffira pas.

La Suisse peut aussi influencer globalement les émissions de gaz à effet de serre. De nombreuses entreprises dont le siège est en Suisse ont une empreinte climatique importante, certaines sont aussi actives dans le négoce d’énergies fossiles.

Les retombées financières peuvent sembler utiles à certains cantons. Mais maintenant et demain, c’est l’ensemble de la population qui fait les frais de la pollution et la crise climatique résultant de la combustion d’énergies fossiles.

La Suisse n’est pas une île isolée en Europe, mais partage le destin de ce continent alors que les températures continuent d’augmenter année après année.

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